19/11/2025 reseauinternational.net  4min #296690

Plainte du Cambodge suite à une nouvelle attaque thaïlandaise

par Hun Manet

J'ai l'honneur de porter à votre attention une affaire de la plus haute gravité concernant un acte de violence manifeste et délibéré commis par les forces armées thaïlandaises à l'encontre de civils cambodgiens non armés. Le 12 novembre 2025, à 15 h 50 puis à 17 h 54, des militaires thaïlandais ont ouvert le feu sans provocation sur des civils cambodgiens dans le village de Prey Chan, commune de Ou Beychoan, district de Ou Chrov, province de Banteay Meanchey, faisant un mort et trois blessés.

Ce recours à la force meurtrière contre des civils constitue une violation flagrante du droit international, des principes fondamentaux de la Charte des Nations unies et de la Déclaration conjointe de Kuala Lumpur, l'accord de paix signé par le Cambodge et la Thaïlande le 26 octobre 2025, devant Donald J. Trump, président des États-Unis d'Amérique, et Anwar Ibrahim, Premier ministre de Malaisie.

Le fait de tuer et de blesser délibérément des civils non armés constitue une grave violation des obligations internationales et une remise en cause directe du cadre de paix établi par la Déclaration conjointe. Le Cambodge demande que cet acte fasse l'objet d'une enquête indépendante et transparente et que les responsables soient pleinement tenus de rendre des comptes. La Thaïlande doit immédiatement cesser tout acte illégal, s'abstenir de recourir à la force et respecter pleinement les obligations qui lui incombent en vertu du droit international et de la Déclaration conjointe.

Je souhaiterais également rappeler les événements connexes ayant précédé cette attaque. Le 10 novembre 2025, plusieurs soldats thaïlandais sont entrés illégalement sur le territoire cambodgien pour y poser des barbelés. La zone où cela s'est produit est depuis longtemps un champ de mines, vestige des conflits passés, ce dont la Thaïlande est parfaitement consciente. Cette incursion illégale a directement causé l'explosion d'une mine terrestre sur le territoire cambodgien, comme le montre la carte produite par la Commission mixte franco-siamoise et sur laquelle s'est appuyée la Cour internationale de Justice dans son arrêt de 1962.

Cet incident grave, qui aurait dû faire l'objet d'une enquête approfondie, a été invoqué par la Thaïlande pour justifier de nouveaux actes d'agression et un renforcement militaire le long de la frontière, culminant deux jours plus tard avec des tirs ayant entraîné la mort de civils cambodgiens. Ce comportement constitue une violation flagrante de la Déclaration conjointe, de l'accord de cessez-le-feu et des engagements pris devant la communauté internationale de résoudre pacifiquement tous les différends et de s'abstenir de recourir à la menace ou à l'utilisation de la force.

La suspension unilatérale de la Déclaration conjointe par la Thaïlande, associée au recours à la force militaire, compromet les acquis du processus de paix et aggrave les menaces pesant sur la stabilité et la sécurité régionales. Le Cambodge réaffirme son engagement total envers la Déclaration conjointe ainsi que le règlement pacifique des différends, conformément à la Charte des Nations unies et aux principes du droit international.

À la lumière de ce qui précède, et conformément au mandat du Conseil de sécurité de maintenir la paix et la sécurité internationales, je demande respectueusement au Conseil de sécurité de prendre les mesures suivantes :

Condamner le fait que les forces armées thaïlandaises aient tué et blessé des civils cambodgiens non armés, ce qui constitue une grave violation du droit international et une menace pour la paix et la sécurité ;

Exiger que la Thaïlande cesse immédiatement tout acte illégal et tout recours à la force contre les civils cambodgiens, qu'elle ramène ses forces à leurs positions initiales et qu'elle respecte pleinement la souveraineté et l'intégrité territoriale du Cambodge ;

Convoquer d'urgence une séance publique du Conseil de sécurité pour examiner les violations commises par la Thaïlande et leurs conséquences pour la paix et la stabilité régionales ;

Demander la conduite d'une enquête approfondie, indépendante et impartiale concernant l'incident et veiller à ce que les responsables soient pleinement tenus de rendre des comptes, conformément au droit international ;

Envoyer une mission d'enquête des Nations unies dans le village de Prey Chan, commune de Ou Beychoan, district de Ou Chrov, province de Banteay Meanchey, afin de vérifier les faits de manière indépendante, d'évaluer la situation et de faire part de ses conclusions au Conseil.

Le Cambodge reste attaché au règlement pacifique des différends et à la mise en œuvre intégrale et effective de la Déclaration conjointe. Nous comptons que le Conseil de sécurité prendra les mesures appropriées pour garantir l'obligation de rendre des comptes et faire respecter les principes de la Charte des Nations unies.

source :  Réseau Voltaire

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