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Laurent Nuñez
L'exécutif qualifie l'assassinat de Mehdi Kessaci de «crime d'intimidation», révélant une nouvelle escalade des réseaux marseillais. Face à cette menace, la lutte contre la criminalité organisée doit être intensifiée autour de nouveaux outils législatifs et judiciaires. Un parquet national dédié verra le jour en 2026.
Qualifié de « réunion d'urgence » par l'Élysée, le sommet tenu mardi 18 novembre a rassemblé ministres, magistrats et hauts responsables de police autour d'un constat alarmant : la criminalité organisée a franchi un nouveau seuil.
Au cœur des échanges, l'assassinat de Mehdi Kessaci, tué à Marseille le 13 novembre, n'est pas présenté comme un simple règlement de comptes mais comme un « crime d'intimidation ». Pour Laurent Nuñez, qui s'exprimait à l'issue de la réunion, cet acte marque un « point de bascule » et traduit la fébrilité croissante des réseaux marseillais, mis sous pression par les opérations répressives de l'État.
L'État en guerre contre les mafias marseillaises
L'exécutif assume désormais le terme de « mafias marseillaises », signe d'une prise de conscience de l'ampleur du phénomène. Cette nouvelle qualification devrait être précisée lors du déplacement conjoint des ministres de l'Intérieur et de la Justice prévu le 20 novembre à Marseille, avant une visite présidentielle en décembre.
L'enjeu est d'articuler les récents outils législatifs avec la montée de la violence : état-major dédié à la criminalité organisée, techniques d'enquête renforcées, réforme du statut de repenti, durcissement carcéral. Autant de mesures censées combler le retard accumulé dans ce que les législateurs qualifient de « guerre asymétrique ».
À l'Assemblée nationale, le Premier ministre Sébastien Lecornu a appelé à s'inspirer des méthodes employées contre le terrorisme, plaidant pour une « unité nationale » face à ce qu'il décrit comme un « énorme défi de société ». Sur le terrain, l'État est exhorté à combiner présence policière accrue et action préventive auprès de la jeunesse marseillaise.
Dès janvier 2026, un nouvel outil s'ajoutera à cet arsenal : le Parquet national anti-criminalité organisée, chargé de traiter en priorité les crimes d'intimidation et les dossiers de corruption liés aux réseaux de stupéfiants. Reste à savoir si cette montée en puissance institutionnelle parviendra à enrayer une violence qui ne cesse, elle, de se réinventer.