Je n'ai jamais parlé à un Démocrate qui ait jamais voulu écouter. Ils commencent à s'énerver dès que vous essayez.− Sasha Stone
Par James Howard Kunstler - Le 22 septembre 2025 - Source Clusterfuck Nation
L'été dernier, j'ai essayé d'établir une communication avec un parent vivant sur la côte ouest. Nous avons échangé quelques lettres. J'ai habilement détourné la conversation des sujets politiques. Voici la dernière salve de mon parent :
Jimmy, d'un point de vue purement personnel, et à une autre époque, je pense que nous aurions pu être de très bons amis. À ce stade de notre histoire, je trouve que ce que tu dis dans tes blogs et dans Kunstlercast est scandaleux, trompeur et laid. Je suis en désaccord avec presque tout ce qui t'est cher sur le plan politique, et même si, par exemple, nous sommes d'accord sur les horreurs de l'industrie pharmaceutique, ton culte de Kennedy me rend malade. Ton langage correspond exactement à tous les clichés des idéologies d'extrême droite que je déteste. Peut-être qu'un jour les choses changeront. Pour l'instant, c'est la dernière fois que tu entends parler de moi.
Franchement, ce qui m'a le plus blessé, c'est l'accusation selon laquelle mon langage tombait « dans tous les clichés des idéologies d'extrême droite... ». J'aime à penser que je suis allergique aux clichés, même s'il est possible que je me fasse des illusions à ce sujet. Si tant est, les troubles collectifs dynamiques de la pensée de notre époque se manifestent de manière étonnamment nouvelle - par exemple, un candidat à la Cour suprême qui ne sait pas définir ce qu'est une femme. (On se demande comment un tel esprit pourrait analyser l'article deux de la Constitution.)
J'aurais surtout aimé savoir ce que sont exactement ces « idéologies d'extrême droite », mais il semble que je ne le saurai jamais. Peut-être s'agit-il de s'opposer à la censure... ou à l'entrée de l'Ukraine dans l'OTAN... ou de vouloir une procédure cohérente pour les étrangers qui souhaitent entrer aux États-Unis... ou d'empêcher les hommes biologiques d'accéder aux couloirs de natation réservés aux femmes... ou de dire que l'ivermectine est un médicament antiviral sûr et efficace... ou de supposer que les personnes accusées de crimes ne devraient pas être libérées sans une caution importante. Des choses comme ça.
En l'occurrence, nous n'avons pas abordé ces questions dans notre brève correspondance, mais j'étais quelque peu désavantagé, car je suis un écrivain professionnel qui publie ses opinions pour qu'elles soient examinées par le public, ce qui n'est pas le cas de mon parent. Bien sûr, je décris ce qui est une pandémie de relations familiales brisées dans notre pays. Et de relations sociales. La plupart de mes anciens amis m'ont également rayé de leur vie, et je suis persuadé que je ne suis pas un cas particulier. Je suis perplexe quant à ce que ces parents et anciens amis croient réellement de nos jours. À l'époque où nous étions hippies, ils étaient très opposés à la guerre, rebutés par les tentatives de censure et profondément hostiles aux opérations secrètes de la CIA et du FBI. Aujourd'hui, ils semblent avides d'opérations de renseignement et de canulars, impatients de faire la guerre et prêts à tout pour censurer les idées qui les font se sentir « en insécurité ».
Il existe plusieurs théories utiles pour expliquer cette situation, toutes assez compatibles entre elles. Le modèle des cycles générationnels de Strauss et Howe, intitulé « Fourth Turning », explique beaucoup de choses. Elizabeth Nickson a des idées intéressantes sur le mécontentement extrême des femmes aujourd'hui, qui les pousse à invoquer des démons politiques. Mattias Desmet, professeur de psychologie belge, a développé sa théorie de la formation de masse , qui affirme que les angoisses sociétales provoquent une « intolérance radicale » contagieuse parmi la population. Je recommande la récente discussion de Wendy Williamson sur son blog au sujet de la loi du renversement. L'ouvrage classique de Joseph Tainter, The Collapse of Complex Societies, expose les pièges de notre « surinvestissement dans la complexité ». J'ai écrit en 2005 un livre intitulé The Long Emergency (La longue urgence) qui décrit l'effondrement prolongé de notre économie techno-industrielle - l'appréhension généralisée à ce sujet contribue à définir les angoisses sociétales décrites par le Dr Desmet qui conduisent à sa « psychose de formation de masse ».
Toutes ces théories tendent à impliquer un point d'inflexion où nos hypothèses sur le progrès humain sont remises en cause, provoquant une perte de confiance intense dans les institutions et les autorités, ce qui entraîne un désordre sociopolitique sans précédent. Ne pensez-vous pas que c'est exactement ce à quoi nous assistons actuellement ? Que le résultat net de tout cela est une société devenue folle. Cette folie est certainement amplifiée par les nouvelles connectivités de l'Internet et exacerbée par de nombreuses autres innovations high-tech, de la surveillance omniprésente par caméra à la cryptomonnaie en passant par la guerre des drones.
Dans notre pays, tout cela a apparemment donné naissance à deux camps en guerre psychologique, qui frôlent désormais une sorte de guerre civile brûlante. L'un des camps, qui se qualifie de « progressiste », insiste sur une série d'idées, de politiques et de pratiques qui semblent manifestement absurdes, abusives pour l'intérêt public et hostiles aux valeurs de la civilisation occidentale. L'autre camp se qualifie de « conservateur » et cherche à préserver la civilisation occidentale et à faire progresser notre mode de vie, à savoir une économie de haute technologie en quête de croissance constante.
Personnellement, je doute que ce dernier objectif soit réalisable. Je pense que nous devons nous attendre à une pause assez sérieuse par rapport au type de « croissance » économique dont nous avons bénéficié au cours des deux derniers siècles. Cette méga-fiesta high-tech a généré beaucoup d'entropie, qui s'efforce désormais de ralentir les choses et de nous faire cesser une grande partie de nos activités. Cela se manifeste de nombreuses façons, mais surtout en nous plongeant dans le désordre social, en transformant ce qui était autrefois la communication et la correspondance en un babélisme croissant qui nous rend fous. C'est exactement pour cela qu'il est si difficile de parler à nos proches et à nos vieux amis. Mais retenez bien ceci : le moment viendra où nous serons fatigués d'être fous, et alors les choses changeront pour nous. Nous recommencerons à discuter.
James Howard Kunstler
Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d'abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu'au ciel.
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone