Par Caitlin Johnstone, le 4 août 2025
Dimanche, au moins 100 000 Australiens, dont le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, ont défilé pour Gaza sous une pluie battante, sur le pont du port de Sydney.
Il y a encore peu, je me demandais sincèrement si nous reverrions un jour le visage d'Assange, sans parler de le voir en public à Sydney, et encore moins à la tête de ce qui a été l'un des plus grands rassemblements pro-palestiniens jamais organisés en Australie. C'est encourageant. L'espoir renaît.
❖
La classe politique et médiatique occidentale s'indigne devant les images d'otages israéliens gravement émaciés, preuve de la déshumanisation des Palestiniens dans la société occidentale. Alors que personne ne se soucie des centaines de milliers de Palestiniens mourant de faim, deux otages israéliens subissent le même sort pour la même raison.
❖
Le ministère israélien des Affaires étrangères a annoncé que, pour améliorer l'efficacité de sa "diplomatie publique", il ne ferait plus usage du terme "hasbara", car celui-ci renvoie désormais aux mensonges et à la propagande.
Le Times of Israel rapporte :
Longtemps désigné par le terme "hasbara", signifiant à la fois relations publiques et propagande, et ayant pris une connotation négative ces dernières années, le ministère qualifie désormais son approche de "toda'a", qui signifie "sensibilisation" ou "prise de conscience". Ce changement suggère une approche plus élargie et proactive.
Cet "héritage négatif" n'est autre que le dégoût du public face au déluge incessant de mensonges qu'Israël et ses apologistes déversent depuis deux ans pour justifier le génocide. Les Occidentaux prennent progressivement conscience qu'Israël et ses défenseurs emploient un terme spécifique pour désigner cette pratique de manipulation du discours public sur leur cher État d'apartheid, d'où leur décision de recourir à un autre terme.
Mais mettre fin au génocide n'est même pas envisagé. Cesser de mentir non plus. Ils escamotent simplement le mot utilisé pour désigner la propagande sur leur génocide.
❖
❖
Les soutiens d'Israël accusent souvent leurs détracteurs d'antisémitisme, car c'est une accusation qu'on peut porter sans fournir la moindre preuve. Ce n'est pas une accusation fondée sur des faits, mais sur des spéculations concernant l'état d'esprit et le ressenti des autres, invisibles par nature. Le soutien à Israël ne se base pas sur des arguments factuels, logiques ou moraux, et les partisans d'Israël recourent donc fortement à des affirmations agressives quant à d'éventuelles pensées ou sentiments privés, impossibles à prouver ou à réfuter.
C'est totalement invérifiable. Je ne peux pas prouver que mon opposition au génocide en cours n'est pas en réalité motivée par une haine obsessionnelle d'une petite religion abrahamique. Je ne peux pas ouvrir ma boîte crânienne pour prouver à tous que je pense simplement que faire pleuvoir des explosifs militaires sur un immense camp de concentration bondé d'enfants est immoral, et que je ne suis pas motivée par une irrationnelle pulsion médiévale de persécuter le peuple juif. Ce qui permet aux partisans d'Israël de lancer des accusations sur mes pensées, que je ne peux pas réfuter.
Cette arme s'est avérée assez efficace au fil des ans. Les manifestations sur les campus ont été réprimées, la liberté d'expression a été muselée, des campagnes politiques entières ont été réduites à néant, tout cela parce qu'il est désormais légitime de porter des accusations infondées sur les opinions et ressentis privés à l'égard des Juifs, quand on suggère que les Palestiniens peuvent prétendre aux droits de l'homme.
❖
Shaul Magid, professeur d'études juives à Harvard, a récemment partagé l'anecdote suivante :
"J'ai un jour demandé à un ami, sioniste convaincu, ce qu'il faudrait qu'Israël fasse pour qu'il cesse de le soutenir. Il est resté silencieux un moment, puis il m'a regardé et a répondu : 'Rien'".
C'est terrible, mais les faits prouvent que c'est un point de vue très répandu parmi les sionistes. S'ils soutiennent toujours Israël à ce stade, c'est vraisemblablement que rien ne pourra les faire changer d'avis.
Traduit par Spirit of Free Speech