04/08/2025 reseauinternational.net  5min #286286

Netanyahou menace de détruire la Cpi et son chef. Des responsables européens et américains l'assistent

par Al-Manar

Une enquête approfondie menée par le site Middle East Eye a révélé des pressions et des menaces sans précédent contre le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, dans le cadre d'une tentative organisée visant à contrecarrer les poursuites engagées contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant et d'autres responsables de l'État d'occupation pour crimes de guerre commis dans la bande de Gaza et en Cisjordanie occupée.

L'enquête, fondée sur des documents officiels et des témoignages au sein de la Cour, a révélé que Karim Khan, ressortissant britannique, était la cible d'une campagne d'intimidation comprenant des menaces directes de la part de responsables occidentaux, notamment du ministre britannique des Affaires étrangères David Cameron et du sénateur américain Lindsey Graham.

À cela s'ajoutaient des pressions internes exercées par des parties prenantes au sein de la Cour elle-même, ainsi que des fuites dans les médias d'allégations sexuelles, initialement de harcèlement, puis d'agression sexuelle, visant à nuire à sa réputation et à sa fonction.

L'escalade a commencé en avril 2024, lorsque Cameron a déclaré au procureur général, lors d'un appel téléphonique, que l'émission de mandats d'arrêt contre des dirigeants israéliens équivaudrait à «lâcher une bombe à hydrogène», menaçant de retirer la Grande-Bretagne de la Cour et de couper son financement.

Quelques semaines plus tard, le sénateur Graham a proféré une menace similaire lors d'une conférence téléphonique avec Khan : «Si vous émettez ces mandats, c'est comme si vous ouvrez le feu sur les otages et nous vous imposerons des sanctions».

L'enquête a également révélé que le Mossad opérait à La Haye, où Khan a reçu un briefing de sécurité des autorités néerlandaises concernant la possibilité d'être directement menacé.

Le Service de sécurité nationale néerlandais a officiellement classé Israël comme «menace étrangère» pour la première fois, mettant en garde contre des tentatives d'espionnage et de sabotage visant la Cour et son personnel.

Selon le rapport, la campagne contre Khan s'est intensifiée de manière spectaculaire après une rencontre avec l'avocat britannico-israélien Nicholas Kaufman, qui l'a informé qu'il avait été «autorisé» par le conseiller juridique de Netanyahou à l'informer que la poursuite de la publication des notes «le détruirait ainsi que le tribunal», et qu'il pourrait sauver la face en les rendant secrètes et en ouvrant la porte à des négociations.

Quelques jours plus tard, des fuites médiatiques ont commencé à faire surface concernant des allégations d'ordre sexuel contre Khan, malgré le fait que les enquêtes internes du tribunal aient été closes à deux reprises en raison du manque de coopération du plaignant, une employée du tribunal. Les enquêtes ont été rouvertes par un comité externe de l'ONU suite aux pressions exercées par des parties prenantes au sein du tribunal, notamment l'assistant personnel de Khan, Thomas Lynch, qui a joué un rôle crucial dans l'escalade de l'affaire, malgré ses doutes quant aux accusations et à leur calendrier.

L'enquête indique que certains responsables du tribunal, dont d'anciens juges, ont exprimé de «graves inquiétudes» quant à la violation de la vie privée de Khan et à la divulgation de son nom en tant qu'accusé avant la fin de l'enquête. Ils ont considéré qu'il s'agissait d'un «assassinat politique» visant non seulement le Procureur, mais aussi l'indépendance de la CPI dans son ensemble.

L'enquête a également révélé que Khan avait été trahi au sein de son cabinet : son assistant, Thomas Lynch, avait édité et publié un communiqué de presse en son nom à son insu, utilisant un langage biaisé en faveur de l'occupation. Cela a provoqué la colère de Khan, qui s'apprêtait alors à demander des mandats d'arrêt contre les dirigeants de l'occupation.

Le rapport révèle également qu'en mai 2024, Khan s'apprêtait à demander de nouveaux mandats d'arrêt contre le ministre extrémiste des Finances, Bezalel Smotrich, et le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, pour leur rôle dans les crimes commis dans les colonies et les crimes contre les Palestiniens en Cisjordanie occupée. Cependant, cette procédure a été interrompue suite à des pressions internes et externes croissantes contre lui, et il a été placé en congé «forcé» suite à l'ouverture d'une enquête de l'ONU sur des allégations d'agression à son encontre.

Son rôle étant gelé, les pouvoirs de l'enquête ont été transférés à ses adjoints. Entre-temps, les États-Unis ont imposé des sanctions à quatre juges de la Cour et menacé de recourir à «toutes les options» si les mandats d'arrêt n'étaient pas retirés, dans une nouvelle tentative d'exercer une pression politique et juridique sur la Cour.

Une source à La Haye a déclaré à Middle East Eye que ce qui se passe ne vise pas seulement à faire tomber Karim Khan, mais à détruire complètement la Cour. «L'objectif est clair : réduire Khan au silence avant qu'il ne cible les autres dirigeants israéliens. Si cette campagne réussit, ce sera la fin du système juridique international».

Le rapport a confirmé que les efforts visant à réduire Khan au silence interviennent après que la Cour a rejeté une demande israélienne de retrait ou de suspension des mandats d'arrêt, malgré les appels de l'occupation concernant la compétence de la Cour.

Alors que les enquêtes sur les allégations contre Khan se poursuivent, le sort des enquêtes sur les crimes de guerre en Palestine occupée reste incertain, dans un contexte de campagne organisée de menaces visant la justice internationale et révélant l'ampleur de l'influence et des pressions politiques exercées par les pays occidentaux pour protéger l'occupation de toute responsabilité.

source :  Al-Manar

 reseauinternational.net