15/07/2025 reseauinternational.net  3min #284220

Rafah, frontière verrouillée : et si la caravane était le sésame ?

par Kaamil

Elle n'a pas franchi la frontière. Elle n'a pas pu déverser ses vivres, ses médicaments, ses couvertures ni ses voix. La grande caravane internationale pour Gaza, rassemblant des centaines de volontaires venus de tous les continents, s'est heurtée à un mur : le mur de Rafah, verrouillé non pas par Israël cette fois-ci, mais par l'État égyptien lui-même.

Au cœur du Sinaï, des convois humanitaires ont été stoppés, bloqués, humiliés. Des dizaines d'activistes ont été dispersés ou arrêtés. L'armée égyptienne, fidèle à sa doctrine de collaboration avec le siège de Gaza, a préféré réprimer les vivants plutôt que de secourir les mourants.

Et pourtant, dans cet échec apparent se joue peut-être une bascule historique.

Rafah, verrou moral du blocus

Depuis 2007, la bande de Gaza subit un blocus implacable. Israël en contrôle l'essentiel, mais le point de passage de Rafah reste la seule brèche possible, et elle est entre les mains du pouvoir égyptien. Jusqu'ici, le régime d'Abdel Fattah al-Sissi a servi de partenaire silencieux du siège : fermeture du passage, filtrage extrême, coopération militaire avec Israël dans le Sinaï.

Mais en stoppant une caravane humanitaire pacifique, ce régime n'a pas seulement étouffé un mouvement solidaire. Il s'est placé de l'autre côté de la frontière morale.

Et si le monde le sanctionnait ?

La question n'est plus de négocier. Elle est de faire pression. Si le boycott d'Israël s'intensifie partout dans le monde, comment expliquer le silence autour du rôle de l'Égypte dans le siège ? Comment accepter qu'un gouvernement arabophone, frontalier, directement capable de soulager Gaza, soit encore protégé par les chancelleries occidentales ou arabes ?

Et si l'Égypte devenait à son tour la cible d'un boycott ? Un boycott sélectif, intelligent, ciblé : sur son tourisme, ses produits agricoles d'exportation, ses représentations diplomatiques. Non pour punir son peuple, mais pour forcer ses dirigeants à ouvrir Rafah une bonne fois pour toutes.

La caravane comme déclencheur

La caravane n'a pas passé la frontière ? Qu'elle passe dans les têtes. Qu'elle devienne le sésame moral qui ouvre Rafah - par la force du droit, de l'image, et de la pression populaire mondiale. Qu'elle transforme l'obstacle en levier, l'échec logistique en déclencheur politique.

Chaque douane bloquée, chaque sac de farine retourné, chaque volontaire arrêté, creuse un peu plus la fracture entre les peuples et ceux qui ferment les portes. Et la question devient inévitable : Combien de temps encore l'Égypte pourra-t-elle justifier son silence face à la famine organisée de Gaza ?

Conclusion : Gaza attend, Rafah regarde, le monde choisit

Le blocus tombera. Reste à savoir qui l'aura fait tomber : les armes... ou la conscience d'un monde résolument lassé et écœuré.

Boycott Israël, Boycott Égypte !!!

 reseauinternational.net