Qui pouvait imaginer cela, il y a, disons, deux-trois mois ? Que les foules MAGA, emplies de partisans du MAGA de Trump, accueilleraient le président dans cet immense stade du New Jersey plein à craquer en le huant dans un effrayant vacarme de divorce furieux ? Que la présentatrice de FoxNews Laura Ingraham, intervieweuse favorite de Trump parlant à la conférence ‘Turning Point, USA' réunissant des foules de jeunes républicains, ardents partisans de MAGA, donc de Trump par conséquent, – non ?... Ingraham tenta un sondage à l'applaudissement :
« "Qui d'entre vous est satisfait de les résultats des investigations de l'affaire Epstein : applaudissez !"» Un tonnerre de huées...
» "OK, puisque je vous demande d'applaudir, eh bien essayons ceci : combien d'entre vous ne sont pas satisfaits de la façon dont l'enquête sur la mort d'Epstein a été menée ? Applaudissez..."
» Un hyper-tonnerre d'applaudissements répondit à Ingraham. »
Le spécialiste des sondages Rasmussen, dirigeant l'entreprise fameuse de sondage du même nom, confia à un journaliste qu'à son avis, l'effondrement de la popularité de Trump la semaine dernière est comparable à l'effet de choc que produirait une baisse de 15% à la bourse de Wall Street... Encore pire, bien pire. que le ‘Black Tuesday' de 1929 ou le ‘Black Thusday' de 1987.
Alors, que se passe-t-il donc ? L'effroyable affaire Epstein constitue le champ le plus gigantesque pour entasser les mensonges les plus niais et les plus criards, comme Trump lui-même, suivis de mensonges niais-criards des mensonges niais-criards d'un jour à sur l'autre, dans une atmosphère enfiévrée de dénonciation et de délire narcissique activée sans le moindre frein par le du Grand Sachem. Elle réduit le souvenir du Watergate, même avec ses trahisons préliminaires (‘ The Silent Coup') à un enfantillage de président un peu embarrassé, et elle est en train de massacrer la popularité de Trump, de tronçonner affreusement le lien si fort qui l'unissait à sa base-MAGA... Tiens, ceci comme évidente illustration de ce "chaos métaphysique" : le slogan trouvé par Trump et les trumpistes depuis l'origine, ‘Make-America-Great-Again', devenant l'étendard de la révolte anti-Trump.
Métaphysique du chaos et triomphe de Tulsi
Ce chaos de haut en bas se retrouve dans l'équipe Trump elle-même où l'on se déchire à belles dents (plus belle bataille : le directeur du FBI et son adjoint contre la ministre de la Justice) et dans divers autres départements tout autour de l'affaire Epstein, mais aussi vers d'autres pistes. La direction Trump ressemble à un détricotage accéléré d'un tricot colossal tricoté par un fou aux ambitions démesurées. Rien ni personne ne peut dire quelque mot que ce soit pour apaiser Trump et le remettre sur ce simulacre de chemin de la sagesse qu'il a semblé suivre jusqu'ici ; – rien ni personne ne peut dire vers quoi l'on se dirige, qui émergera et comment. Et si vous voulez encore dire quelques mots de Trump, sachez qu'on commence à lui trouver d'étranges comportements, on dirait même d'évidents signes de fatigues malsaines, notamment et éventuellement cérébrales ou cognitives... Bref, une habitude à la Maison-Blanche.
On note tout de même, pour revenir à une mesure politique un peu mieux équilibrée, deux éléments qui nous paraissent intéressants.
• Un bruit courant au Sénat depuis quelques jours, et plus ou moins, – disons par consentement tacite, – confirmé par Rand Paul, le seul républicain à avoir publiquement condamné la loi BBB, ou BBBA (‘Build Back Better Act‘ ou ‘Big Beautiful Better Act‘ pour les amis) accompagnée d'un formidable trou déficitaire. Lorsque le Sénat s'est trouvé à 50-50 ; c'était la voix du vice-président qui déciderait du vote. L'on dit et il se dit avec insistance que Vance a hésité, s'est repris deux fois sur son vote, ce qui implique des changements d'avis n'est-ce pas, pour finalement voter favorablement et éviter une énorme crise au sein de l'administration. La question que l'on se pose est de savoir ceci : si cette loi était votée aujourd'hui, qu'est-ce que Vance choisirait ?
• Alors que les jeunes de ‘Turning Point, USA' huaient Trump, ils faisaient une ovation à Tulsi Gabbard, directrice de la sécurité nationale :
« Tusi Gabbard a reçu une standing ovation pour son discours épique »
‘ Axios' a expliqué le contenu du discours fait par une DNI en super-forme, très en verve et particulièrement talentueuse, effectivement jusqu'à soulever l'enthousiasme de la salle à un point où nous finirions par croire que les ennuis de Trump sont pour elle une sorte de super-sérotonine montée sur stéroïdes. On pourrait penser, regardant sa conférence et la standing ovation, qu'il semblait aux spectateurs et auditeurs qu'on avait trouvé enfin une personne de la direction qui n'avait pas perdu la tête et qui montrait du bon sens.
En quelques phrases :
« Zoom : Une nouvelle unité, dirigée par Tulsi Gabbard, directrice du renseignement national, recherche les enregistrements de courriels et de conversations des agences d'espionnage américaines afin d'identifier les employés susceptibles de compromettre le programme du président Trump, rapporte le Washington Post.• L'objectif, selon le Post, est d'analyser ces données massives grâce à des programmes d'IA afin de déceler les malversations. Le porte-parole de Gabbard a déclaré que la mission de la nouvelle unité était de révéler la vérité et de mettre fin à la politisation et à l'instrumentalisation du renseignement contre les Américains".
Gabbard a accusé à plusieurs reprises les agences d'espionnage qu'elle supervise désormais d'avoir "instrumentalisé" ou "politisé" le renseignement sous sa précédente direction.
• Elle a également annoncé en avril avoir transmis plusieurs fuites au ministère de la Justice pour enquête criminelle. "Ces criminels de l'État profond ont divulgué des informations classifiées à des fins politiques partisanes afin de saper le programme du président des Etats-Unis", a-t-elle déclaré.
En résumé : Trump et son équipe dirigent désormais le gouvernement. Mais cela ne signifie pas qu'ils lui font confiance. »
On observera aussitôt que cette popularité solitaire de Tulsi Gabbard, évidemment accentuée par la disgrâce qui l'a frappée, venue directement de Trump, la place en excellente position dans le chaos général. Il est certain que l'ovation qu'elle a reçue était inversement proportionnelle aux huées qui ont salué les annonces des exploits de Trump. Tout cela fait qu'on retrouve dans nombre de commentaires de lecteurs du texte de son discours les formules "Gabbard présidente" et "Vance + Gabbard pour la présidence" ; cela, suggestion en cas de malheur pour Trump, à une époque métaphysique où les malheurs arrivent bien vite.
• Une dernière note sur les positions des dirigeants MAGA, concernant Steve Bannon, un des piliers stratège-philosophe du mouvement. Désespérément, Bannon continue à croire en Trump qu'il tente d'exonérer de tous les vices qui volent de-ci de-là et finissent par recouvrir le président. C'est un rude labeur et l'on se demande combien de temps Bannon arrivera à tenir. En attendant, il fait ses comptes avec plus de calme et de raison et nous dit que, dans cette mésaventure, les républicains perdront au moins quarante sièges à la Chambre aux élections mid-term de novembre prochain. Perspectives quelque part entre La Moskova/Borodino et Waterloo
Un commentaire de Kunstler
Cela signifierait, de tels résultats électoraux, que le parti démocrate va reprendre le pouvoir, ou disons une bonne moitié du pouvoir (le Congrès) avec un président républicain à la dérive. Mais il faut aussitôt dire : "Pas si vite" ! En effet, le parti démocrate continue sa fiesta commencée avant l'élection de Biden et poursuit la dévastation de l'Amérique à sa manière. On emprunte à James Howard Kunstler son texte du 27 juin 2025 (traduction du ‘ Sakerfrancophone'), – bien avant la déferlante Epstein, – parce qu'il nous donne un avant-goût de la situation démocrate (celle qui serait favorisée par un Congrès démocrate), avec un arrière-goût d'une autre sorte de chaos, – en mettant en cause le parallèle fait entre Alexandra Ocasio-Cortez (AOC) et Eva Peron, celui-ci qui revient à confondre un torchon déjà bien usé et gravement corrompu avec une serviette d'une telle qualité qu'elle servit pour la Reine trop vite disparue des "descaminados" des bidonvilles de Buenos-Aires.
« Le chaos s'installe à pas de loupLe Parti démocrate s'est tiré une nouvelle balle dans le pied cette semaine en élisant [à l'investiture Démocrate, NdT] le charmant et affable communiste djihadiste Zohran Mamdani. Le terme « communiste » est-il trop sévère ? (Il se qualifie lui-même, avec douceur, de « socialiste »). Pourtant, son programme électoral ressemble à un modèle du vénérable Conseil des ministres soviétique de 1957 : tout est gratuit : le logement, les bus et le métro, l'université, la garde d'enfants, les magasins alimentaires publics… avec en prime le remplacement de la police par des travailleurs sociaux dans les quartiers à forte criminalité, car les violeurs et les voleurs de voitures cesseraient leurs agissements s'ils pouvaient simplement parler de leurs sentiments.
Si l'on en croit les informations provenant de Woke Central, Zohran a reçu un soutien important de la part des habitants de l'Upper West Side, où il a été élevé par son père, professeur à Columbia, et sa mère, cinéaste. Autrement dit, il a été élu par la même population à hauts revenus qui se presse le dimanche matin chez Zabar's Deli pour acheter de l'esturgeon fumé et de la babka – une alliance pour le moins curieuse. Je suppose que cela résout l'ancienne énigme qui explique pourquoi les Juifs d'Europe sont entrés si paisiblement à Auschwitz.
« La vie imite l'art », aimait à dire le vieux Oscar Wilde, et avec toutes les balles qu'il s'est tirées dans la tête, le Parti démocrate ressemble de plus en plus à The Walking Dead, un hommage nécromantique à son ancienne mascotte, « Joe Biden », le fantôme de la Maison Blanche. Heureusement, la bombe latino-américaine AOC, la réponse américaine à Eva Peron, a pris les rênes du pouvoir, flanquée de la rusée Jasmine Crockett, avec leur mentor Bernie Sanders à portée de main (en laisse, en réalité) pour aboyer sa validation du voyage vers la mort du parti.
C'est une merveille de notre époque (et de son zeitgeist ludique) que les New-Yorkais puissent choisir un maire encore pire que le colosse sans cervelle qu'est Bill de Blasio, mais c'est bien là, à la vue de tous. La Grosse Pomme et ses divers services vont maintenant passer de leur état actuel de simple faillite à l'effondrement complet des infrastructures, des transports, du logement, des revenus, des affaires et de la sécurité publique, en d'autres termes, à une authenticité digne du tiers-monde ! Les gens sérieux, qui dirigent des entreprises viables, subviennent à leur famille et paient des impôts exorbitants, sont pris de panique et parlent tous de déménager ailleurs.
Ces discussions ne sont pas vaines, en particulier parmi la classe qui possède les principaux biens immobiliers, dont New York dispose d'un parc effrayant et de plus en plus obsolète : des centaines de gratte-ciel de bureaux occupés à 50 % (voire moins), qui ne peuvent couvrir leurs hypothèques, leur entretien ou leurs impôts. Que vont-ils devenir ? Je vais vous le dire : certains seront saisis, vendus pour une bouchée de pain (et échoueront à nouveau sous la houlette de nouveaux propriétaires), et quelques-uns resteront vides, attendant que des graines d'acanthe germent sur leurs rebords de fenêtre.
Ou bien ils seront squattés, comme les tours du centre-ville abandonné de Johannesburg que j'ai vues lors d'un voyage il y a dix ans. Ces immenses immeubles de bureaux n'ont pas été transformés en « logements », vous comprenez ; les gens s'y sont simplement installés, même sans électricité ni eau. C'est exactement ce qui se passe quand on chasse de la ville les gens prospères que l'on déteste, comme cela s'est produit dans ce pays misérable. Combien de projets de démonstration de ce type faut-il pour prouver que le communisme avec une couche de racisme est un jeu de dupes ?
Bien sûr, nous n'en sommes pas encore là. Zohran n'a pas encore prêté serment, même si la célébration de la victoire semble désormais acquise. On imagine sans peine les conversations frénétiques entre les vieux pontes du parti, laissés pour compte : Chuck Schumer, Hakim, Nadler, Obama, même le perdant, Cuomo, sans oublier les apparatchiks non élus : Axelrod, Podesta, Carville, Plouffe, Emmanuel… Ils ne le disent pas, mais je parie que beaucoup se demandent en silence : « Y a-t-il un moyen de faire disparaître ce type ? Le faire partir ? Le rayer de la carte ? Le faire disparaître ? » (Que quelqu'un, pour l'amour de Dieu, trouve deux filles qui diront qu'il les a pelotées dans un ascenseur !)
Ou peut-être trouver un stratagème électoral ? Peut-être remettre ce qui reste du pouvoir financier déclinant du parti derrière Eric Adams – oui, il est toujours maire – qui aurait quitté le parti (après qu'ils aient tenté sans succès de le mettre en prison) et qui se présente maintenant à la mairie en tant qu'indépendant… mais qui accueillera sûrement avec joie tout le soutien et l'argent qu'ils pourront apporter à sa cause. Les deux grandes qualités d'Adams en tant que personnalité politique : il n'est pas Bill de Blasio et il n'est pas Zohran Mamdani.
New York pourrait bien sombrer de toute façon. Du moins pendant un certain temps. Le modèle économique défaillant des gratte-ciel n'est pas près de disparaître, pas plus que la population du tiers-monde, qui a considérablement augmenté et qui est acheminée vers New York par les conseillers obscurs de « Joe Biden » grâce à l'ouverture des frontières. New York va-t-elle se transformer en cette ville de conte de fées dont l'économie repose sur le fait que les gens se lavent mutuellement leur linge ?
Eh bien, la ville aura toujours ses atouts géographiques, comme le meilleur port maritime de toute la côte est. Il restera quelque chose… une agglomération humaine. Mais quoi ? Et au-dessus de tout cela, comme les yeux inquiétants du Dr TJ Eckleburg dans le Gatsby le Magnifique de Scott Fitzgerald, qui planent au-dessus des tas de cendres du comté de Queens sur la route de West Egg, se dresse depuis peu le visage sévère de Donald J. Trump, magnat de l'immobilier new-yorkais et désormais président de cette nation en proie à de graves difficultés, qui observe le déroulement des événements. »
Rescapés du chaos ?
Il ne fait pour nous aucun doute que l'actuelle crise de l'administration Trump, qui enchaîne en un tourbillon crisique sur tout ce qui déchire l'Amérique depuis 2015-2016 répond parfaitement au processus de l'effondrement. Il est inutile de comptabiliser tout ce chaos en démocrates et républicains, en droite et gauche et toutes ces sortes de chose ; au contraire, on comprend mieux et l'on règle les choses si l'on considère la situation entre populistes-tradi contre globalistes. Et l'on doit savoir que s'il faut souhaiter que les premiers l'emportent, rien ne sera réglé, mais au contraire les portes grandes ouvertes à un règlement qui nous viendra d'ailleurs et dont nous ne savons rien. Donc, que Trump soit parti populiste-tradi et qu'on le retrouve aujourd'hui dans la région des menteurs-neocon n'a rien pour justifier quelque panique que ce soit. Trump n'est pas un sauveur, il est un détonateur ; et MAGA, qui s'est constitué sous sa poussée, est bien assez solide pour vivre sans lui.
En attendant, certes, le chaos règne. La direction des USA, qu'elle soit dans l'administration ou au Congrès, chez les républicains ou chez les démocrates, flotte dans une sorte d'éther d'abrutissement survolté et d'abêtissement paroxystique. Les politiques respectives en Ukraine, à Gaza et en Iran, et à Taïwan pourquoi pas, sont totalement déstructurées, aussi solides et rationnelles qu'un château de sable en Espagne. Il ne faut plus compter sur les USA comme des régulateurs puissants et vicieux des affaires du monde, non plus que les Européens d'ailleurs, non plus que l'OTAN, non plus que l'ONU. Nous sommes "à la cape" comme on dit en langage de marins, une coquille de noix dans une tempête cosmologique et les meilleurs navigateurs sont ceux qui ont mis leur voilure d'ouragan, avec trinquette bordée à contre et la grand'voile réduite à un tiers de sa surface portante, – pour tenir face au déchaînement du monde comme si l'on passait le Cap Horn. Russes et Chinois sont les premiers dans cet ordre de la chevalerie navale consciente de la puissance gigantesque de la nature, tandis qu'Israël poursuit sa course pathétique au massacre et à l'autodestruction. La vigie, chez eux, en Israël, n'a pas encore crié : "Le Messie en vue ! Le Messie en vue !".
L'on ne peut plus se pencher sur l'état du monde, en Ukraine, à Gaza ou en Iran, sans oublier Taïwan et le reste, sans tenir impérativement compte, d'abord et avant toute chose, des divers chaos intérieurs qui nous agitent comme autant de cellules psychiatriques avec trois fous attachés dans un même lit. La folie et la bêtise congénitale nous frappent, – nous voulons dire "nos dirigeants", – avec une parfaite coordination, de Trump à Macron et à Netanyahou.
... Bref, il faut faire avec, c'est-à-dire, et c'est bien plus impératif, qu'il est impossible de "faire sans". La liquidation des élites du chaos actuel est une tâche métaphysique de première importance ; quelque chose comme les Écuries d'Augias, pour rester dans le domaine de nos chers ancêtres.
Mis en ligne le 14 juillet 2025 à 18H30