14/07/2025 francesoir.fr  4min #284128

Chatgpt prévoit de lancer son propre navigateur pour concurrencer Google Chrome

M.A.

AFP

Google a de quoi trembler pour Chrome. Déjà menacé par un procès antitrust qui pourrait l'obliger à céder son navigateur, la firme de Menlo Park voit émerger un concurrent de taille. Après le lancement de Comet par Perplexity, OpenAI, la société qui édite ChatGPT, est sur le point de lancer son propre navigateur, performant à l'intelligence artificielle (IA).

Google Chrome reste le navigateur web le plus utilisé au monde en 2025. Il compte environ 3,45 milliards d'utilisateurs à l'échelle mondiale, ce qui représente entre 65% et 68% de parts de marché selon les sources. La croissance du nombre d'utilisateurs ralentit, mais reste positive, avec une augmentation de 4,5% par rapport à 2024.

ChatGPT menace Chrome

De son côté, ChatGPT connaît une croissance spectaculaire. En juillet 2025, il compte environ 485 millions d'utilisateurs mensuels actifs, et 542 millions si l'on compte toutes les plateformes utilisant la technologie d'OpenAI. ChatGPT enregistre également plus de 400 millions d'utilisateurs hebdomadaires et vise le cap du milliard d'utilisateurs d'ici la fin de l'année. On estime à plus d'un milliard le nombre de requêtes quotidiennes adressées à ChatGPT, avec une répartition presque égale entre usage mobile et ordinateur.

Mais depuis l'apparition de ChatGPT, une tendance à délaisser Google, particulièrement son produit Search, a émergé et s'est accentuée en 2025. 27 % des Américains affirment utiliser désormais des chatbots IA comme ChatGPT à la place des moteurs de recherche traditionnels, principalement pour obtenir des réponses plus personnalisées, rapides et contextuelles.

Au Royaume-Uni, cette proportion est de 13 %. Une étude de Gartner prévoit qu'en 2026, 30 % des requêtes en ligne seront traitées par des assistants IA, contre moins de 10 % en 2022.

Ce phénomène s'explique par la capacité de ChatGPT à fournir des réponses synthétiques, conversationnelles et adaptées au contexte, là où Google Search se contente d'une liste de liens. Et nous pourrions retrouver cette approche dans le navigateur d'OpenAI.

Au début du mois en cours, Perplexity a lancé Comet, son premier navigateur web entièrement propulsé par l'intelligence artificielle, développé sur Chromium, noyau de Google Chrome. Ce navigateur intègre alors le moteur de recherche IA de Perplexity et d'un assistant baptisé Comet Assistant. Un assistant qui peut peut résumer des contenus, gérer des emails, organiser des événements de calendrier, et même naviguer ou remplir des formulaires à la place de l'utilisateur. Ce dernier peut aussi poser des questions contextuelles, comparer des produits ou automatiser des tâches complexes sans changer d'onglet, le tout, évidemment, en accédant aux données personnelles des utilisateurs.

OpenAI s'apprête à son tour à lancer son propre navigateur web. Et celui-ci est conçu pour concurrencer directement Google Chrome. Ce navigateur, également basé sur Chromium, proposera une interface conversationnelle inspirée de ChatGPT, avec l'intégration de l'agent IA Operator. L'ambition d'OpenAI est de garder l'utilisateur dans une interface chat, où il pourra dialoguer avec l'IA pour obtenir des réponses, remplir des formulaires, réserver des services ou automatiser des tâches sur les sites web, sans avoir à naviguer manuellement entre différentes pages.

Google toujours sous la menace de son procès antitrust

Si Google semble avoir une large marge de manœuvre avec ses 3 milliards d'utilisateurs sur Chrome ainsi qu'un budget conséquent, la firme doit sans doute accélérer l'intégration de fonctionnalités IA avancées pour préserver sa domination. OpenAI, qui dispose des financements de Microsoft, mise sur sa base d'utilisateurs, à savoir 500 millions d'utilisateurs, pour réussir le lancement de son navigateur.

Doit-on s'attendre à un changement radical de comportement avec les plus jeunes utilisateurs qui optent de plus en plus quotidiennement pour ChatGPT, menaçant de ce fait le leadership de Chrome ?

Pour rappel, le navigateur fait actuellement l'objet d'un procès antitrust. Après avoir été reconnu coupable d'abus de position dominante, notamment via des accords d'exclusivité avec des fabricants d'appareils pour imposer Google comme moteur de recherche par défaut, Google risque des sanctions historiques, dont la plus radicale serait l'obligation de vendre Chrome.

Le ministère américain de la Justice et plusieurs procureurs généraux estiment que la séparation de Chrome permettrait de briser l'intégration qui a permis à Google de verrouiller le marché, et réclament également la fin des accords exclusifs et le partage de certaines données avec les concurrents. Google conteste vigoureusement ces mesures, arguant que ses pratiques sont légales et bénéfiques pour les consommateurs, mais la décision finale du tribunal, attendue à l'été 2025, pourrait profondément bouleverser le marché, avec ChatGPT qui attend au tournant.

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