23/04/2025 mrmondialisation.org  8min #275776

5 sources « d'argent magique » pour renflouer les caisses de l'État

En 2018, en pleine crise des gilets jaunes, lorsqu'une soignante réclamait à Emmanuel Macron plus de moyens pour l'hôpital, celui-ci rétorquait qu'il n'y avait « pas d'argent magique ». Pourtant, le chef de l'État n'a pas eu de peine à trouver des sources de financement lorsqu'il le voulait vraiment. Mr Mondialisation lui propose 5 idées pour renflouer les caisses.

Pour un néolibéral comme Emmanuel Macron, les sources de financements publics sont très compliquées à trouver lorsqu'il s'agit d'entretenir nos services publics ou de corriger les inégalités. Toutefois, lorsqu'à l'inverse il a fallu maintenir à flot les banques pendant la crise de 2008, sauver les grandes entreprises pendant la pandémie du covid-19, ou aujourd'hui renforcer son budget militaire, les néolibéraux n'ont jamais hésité à faire exploser la dette de la France.

Il existe pourtant de nombreux autres moyens pour le pays de renflouer ses caisses ; Mr Mondialisation vous expose cinq solutions.

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1. Une grande réorganisation fiscale

Obsédés par la privatisation d'un maximum de services publics, les néolibéraux n'ont de cesse de profiter de la précarité des classes populaires pour expliquer « baisser les impôts ». Traitant malhonnêtement ce processus  comme un bloc, ils ont surtout soulagé les grandes fortunes.

Or parler de réduire ou d'augmenter les impôts n'a pas vraiment de sens, l'essentiel est surtout de savoir sur qui. Et à ce petit jeu, la Macronie a déjà transformé le pays en « paradis fiscal pour milliardaires »,  comme le rappelle l'économiste Gabriel Zucman.

Pourtant, taxer les plus aisés et les multinationales, tout en instaurant un véritable prélèvement progressif (plus on est riche, plus on paie), pourrait rapporter plusieurs dizaines de milliards à l'État.

On peut d'ailleurs noter que l'optimisation fiscale (détourner légalement de l'argent de l'impôt) et l'évasion fiscale (illégale) avec les règles actuelles font perdre énormément d'argent à la France. Près de  80 milliards de fraude sont ainsi estimées chaque année. Et malgré cela, depuis dix ans, notre pays s'est délesté de  pas moins de 16 % de ses agents de contrôle dans le domaine.

2. Suppression des aides aux entreprises inutiles

Tandis que la Macronie continue de pester sur  les « assistés », et le  manque de travail des Français, alimentant ainsi les pires clichés contre les plus pauvres, elle dissimule l'éléphant qui se trouve au milieu du couloir : les aides aux entreprises.

Ces dernières, qui profitent largement aux grandes multinationales qui n'en ont pas besoin, représentent pas moins de  200 milliards d'euros par an, soit près d'un tiers du budget entier de tout le pays. Si soutenir les petites compagnies peut avoir un sens, injecter de l'argent dans des sociétés géantes qui  ne se gênent pas pour licencier en a en revanche beaucoup moins. Des sommes qui seraient sans doute beaucoup plus utiles à la santé, l'éducation ou l'environnement.

3. Fin des gros héritages

L'un des plus gros vecteurs d'inégalités dans nos sociétés capitalistes réside dans l'héritage. Et cette question fait grincer des dents puisqu'elle a une dimension philosophique et intime, comme Mr Mondialisation l'expliquait  dans un précédent article.

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Pour autant, rien qu'en France en 2023, l'héritage a généré pas moins de 16,6 milliards d'euros, un montant colossal. Grâce à certains mécanismes, et notamment des niches fiscales injustes, il est même possible de léguer de grosses sommes d'argent à ses enfants de son vivant et  sans payer d'impôt.

Il ne s'agit toutefois pas d'affirmer que des parents ne doivent rien pouvoir laisser à leur progéniture. Les petites successions ne sont d'ailleurs actuellement pas taxées, et  87 % des héritiers ne doivent rien du tout à l'État. Le problème réside plutôt parmi les ultra-fortunés qui se transmettent des patrimoines inimaginables de génération en génération ;  80 % des milliardaires français le sont ainsi devenus grâce à un héritage.

Mettre en place un héritage maximum apparaît donc comme une mesure nécessaire pour mettre fin à ces inégalités injustes perpétuées dès la naissance. Si l'on ne fait rien, elles ne pourront d'ailleurs que croître puisque ces empires privés ne feront que grandir et ponctionneront toujours plus la richesse produite par les travailleurs.

4. Nationalisation des secteurs stratégiques

La nationalisation d'entreprises représente avant tout une vision stratégique pour l'hexagone ; une société publique ne délocalisera pas et elle continuera à produire tant que l'État le décidera. Or, dans de  nombreux secteurs, comme la santé, l'éducation, l'alimentation, l'industrie, le transport, la communication ou encore la défense, un pays peut se retrouver gravement exposé s'il remet son destin entre les mains d'un acteur privé. Ce dernier fera en effet toujours passer son intérêt financier personnel avant celui de la France et de ses citoyens.

En plus de cette donnée essentielle, on pourra également noter qu'un service public coûte  beaucoup moins cher qu'une entreprise privée, puisqu'il ne recherche pas le profit ni à rémunérer des actionnaires. Mais ce n'est pas tout : nationaliser certains secteurs français pourrait aussi tout simplement rapporter de l'argent à réinjecter dans les services publics et dans le fonctionnement du pays.

On peut par exemple penser  aux autoroutes privatisées qui font perdre chaque année des revenus à la France. En 2022, elles ont ainsi généré près de quatre milliards d'euros de bénéfices. Et les exemples de ce type sont légion.  Un Français sur trois n'est plus chez EDF, et c'est autant d'argent qui file dans des sociétés privées. Après avoir dissous France Télécom à la faveur d'Orange et d'opérateurs privés, l'État a également laissé échapper  des milliards d'euros dans le secteur de la communication, dont une bonne partie est désormais dilapidée en marketing, publicité, et dividendes.

Mais les anciennes entreprises nationales privatisées par la France ne sont pas les seules qui pourraient intégrer le giron du pays pour générer des recettes et un fonctionnement plus efficace. Il serait de même possible de créer divers pôles publics : médicaments, alimentation, ou transports. Avec plusieurs autres milliards à la clef.

5. En finir avec le capitalisme ?

Si enfin, l'on pousse notre réflexion au-delà du cadre capitaliste, on peut très vite se rendre compte que c'est bien ce système lui-même qui entretient des inégalités aussi énormes. Si le capitalisme tombe, alors il en est fini de la propriété privée lucrative et les moyens de production appartiendront directement aux travailleurs.

En d'autres termes, chaque entreprise sera possédée par ceux qui y exercent une activité et non plus par une direction omnipotente qui s'approprie la majorité des bénéfices. Dans cette optique, on peut également imaginer une gestion citoyenne et démocratique des banques, ce qui permettrait d'abolir  les dettes illégitimes.

De fait, on pourrait donc répartir les ressources équitablement en fixant des revenus maxima pour tous et en interdisant tout simplement les milliardaires. Avec un tel mode de fonctionnement, les excédents des richesses ne seraient alors plus captés par un petit nombre d'individus, mais réinjectés à la faveur du bien commun et notamment des services publics.

Pour autant, avant d'en arriver là, les peuples du monde entier devront sans aucun doute se saisir de leur destin pour renverser la minorité possédante qui maintient le capitalisme à flot depuis des siècles. Sans quoi les inégalités continueront à se creuser et ce sont sans doute, en définitive, les limites planétaires qui finiront par abolir ce fonctionnement insoutenable.

- Simon Verdière

Photo de couverture de Andrea Piacquadio.  Pexels.

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