Par Story Ember leGaïe, le 13 mars 2025
Le recours systématique à la violence sexuelle et reproductive à Gaza.
Quinze mois après le début de l'assaut génocidaire d'Israël contre Gaza, l'ampleur de sa brutalité est indéniable. Le dernier rapport de la Commission internationale d'enquête indépendante (A/HRC/58/CRP.6) révèle une réalité dévastatrice : les violences sexuelles, reproductives et sexistes ne sont pas accidentelles, elles sont au cœur de la stratégie d'extermination d'Israël. À travers des attaques ciblées contre les femmes, la destruction des soins de santé reproductive et la dégradation calculée des corps palestiniens, Israël commet un génocide dans tous les sens du terme.
La violence sexuelle comme arme coloniale : la terreur sexiste du génocide
La violence sexuelle est depuis longtemps un outil de répression coloniale, une arme utilisée non seulement pour détruire des individus, mais aussi pour fracturer des sociétés entières. Dans la campagne génocidaire menée par Israël contre Gaza, cette forme de brutalité a atteint des niveaux extrêmes. L'opération du 7 octobre menée par la Résistance palestinienne a fourni au régime israélien un prétexte pour déchaîner sa violence la plus débridée à ce jour, et la terreur sexiste est devenue l'une de ses armes les plus insidieuses. Les conclusions de la Commission d'enquête internationale indépendante confirment ce que les survivants palestiniens et les organisations de défense des droits humains documentent depuis des années : la violence sexuelle fait partie intégrante de la déshumanisation et de la destruction systématiques du peuple palestinien par Israël.
Les hommes palestiniens pris pour cible : l'humiliation sexiste comme stratégie coloniale
Tout au long des enlèvements et des détentions arbitraires massifs d'hommes et de garçons palestiniens par Israël, les détenus ont été soumis à des actes d'humiliation sexuelle visant à briser leur esprit et à profaner leur dignité. Selon des témoignages, les hommes enlevés ont été déshabillés, contraints à prendre des poses déshumanisantes et ont subi des humiliations sexuelles devant d'autres prisonniers et devant des caméras. Le déshabillage forcé, les agressions sexuelles filmées et la torture psychologique ne sont pas fortuits : ce sont des méthodes de contrôle ancrées dans la logique coloniale de l'asservissement.
Cette violence sexiste est étroitement liée aux schémas plus généraux de l'oppression israélienne. Historiquement, les régimes coloniaux ont utilisé la violence sexuelle contre les hommes comme moyen de les émasculer, de les priver de leur libre arbitre et de leur pouvoir. À Gaza, ces tactiques sont utilisées de manière systématique, les forces d'occupation israéliennes diffusant des vidéos d'hommes détenus, déshabillés et maltraités, leur souffrance devenant un spectacle des horreurs destiné à instiller la peur dans les communautés palestiniennes. Cela reflète la manière dont d'autres régimes génocidaires, des forces serbes en Bosnie aux forces françaises en Algérie, ont utilisé la violence sexuelle contre les hommes comme une arme pour briser la résistance et imposer la soumission.
L'intention est claire : détruire la résilience psychologique des détenus palestiniens et, par extension, affaiblir le processus de résistance palestinien. Mais comme l'histoire l'a montré, aucune violence sexiste ne peut effacer la volonté d'un peuple de lutter pour sa survie.
Les femmes et les filles palestiniennes : terreur sexuelle systématique et effacement
Alors que les hommes palestiniens sont victimes d'humiliations, les femmes et les filles palestiniennes sont confrontées à des violences physiques et sexuelles directes dans le cadre de la stratégie génocidaire d'Israël. Des rapports détaillent comment des femmes qui tentaient de fuir les attaques, souvent en brandissant des drapeaux blancs pour signaler leur statut de non-combattantes, ont été délibérément abattues par les forces israéliennes. Des femmes enceintes ont été fusillées à l'extérieur d'hôpitaux, leurs corps laissés à l'abandon alors que leurs enfant mort-nés agonisaient en elles. Le message est effroyablement clair : les femmes palestiniennes ne sont pas seulement des dommages collatéraux dans ce génocide, elles sont des cibles spécifiques.
Le harcèlement sexuel public et l'humiliation des femmes palestiniennes par les forces israéliennes et les colons se sont intensifiés, en particulier dans les zones occupées où des femmes ont été déshabillées, palpées et agressées aux checkpoints. Les colons israéliens, enhardis par un régime qui leur accorde l'impunité, ont été vus en train de railler des femmes palestiniennes, de les menacer de viol et de commettre des actes de violence sexuelle au vu et au su de tous. Il ne s'agit pas de cas isolés, mais d'un phénomène largement répandu où la violence coloniale s'exerce à travers le contrôle et la violation des corps palestiniens.
La destruction d'hôpitaux et de maternités, les assassinats ciblés de femmes enceintes et la recrudescence avérée des menaces de viol et des agressions physiques ont tous un seul et même objectif : briser la lignée palestinienne, rendre l'accouchement dangereux et renforcer la conviction des colons que les corps palestiniens sont jetables.
La violence sexuelle, caractéristique du génocide
La violence sexuelle n'est jamais un simple acte de brutalité individuelle, c'est un mécanisme stratégique de génocide. Elle vise à éradiquer des cultures, à anéantir l'avenir et à instiller une terreur si viscérale qu'elle fracture les communautés de l'intérieur. Le recours à la violence sexuelle contre les Palestiniens par Israël suit le modèle des régimes génocidaires du passé, de la stérilisation forcée des femmes autochtones en Amérique aux viols collectifs commis par les milices Janjaweed au Darfour. L'intention est toujours la même : anéantir un peuple en violant les aspects les plus intimes de son humanité.
Ce n'est pas une guerre. C'est un génocide délibéré et sexiste. Le silence persistant du monde entier en est complice. Chaque institution, chaque gouvernement, chaque organisation qui refuse de nommer et de poursuivre ces crimes est complice de l'extermination systématique des Palestiniens.
Mais l'histoire se souviendra. Et la justice, même tardive, finira par être rendue.
Violence reproductive : l'effacement des générations futures
Au-delà de la violence physique directe, Israël recourt à la violence reproductive pour effacer le peuple palestinien. La Commission documente la manière dont Israël a méthodiquement détruit les infrastructures de santé reproductive de Gaza :
- Attaques systématiques contre les maternités et les cliniques de santé reproductive - L'hôpital Al-Awda, principal prestataire de soins de santé reproductive à Gaza, a été régulièrement attaqué et assiégé, son personnel enlevé et ses patients laissés pour morts.
- La destruction de la clinique de fécondation in vitro Al-Basma, le plus grand centre de fertilité de Gaza, qui abritait 4 000 embryons, échantillons de sperme et ovules. Il ne s'agissait pas d'une frappe aérienne aléatoire, mais d'une attaque contre la survie des générations palestiniennes.
- Souffrances maternelles imposées : des femmes accouchent dans des tentes, sur des tas de gravats ou dans des hôpitaux surpeuplés et insalubres, souvent sans analgésiques, sans matériel de stérilisation ni assistance médicale.
Un médecin interrogé dans le rapport a décrit une femme enceinte qui s'est vidée de son sang devant l'hôpital Al-Awda après avoir été blessée par un sniper israélien. Son corps a été abandonné pendant 20 jours. Il ne s'agit pas seulement de violence, mais d'un génocide reproductif intentionnel.
La famine comme arme de génocide sexiste
La famine délibérée imposée par Israël à Gaza est un autre aspect de son génocide. Les femmes enceintes et allaitantes sont confrontées à des niveaux catastrophiques de malnutrition, contraintes de survivre avec un repas par jour, voire moins. Les conséquences sont dévastatrices :
- Augmentation de 300 % des fausses couches depuis le 7 octobre.
- Augmentation du taux de mortalité maternelle due à des complications de grossesse non traitées.
- Décès de nourrissons dus au manque de ressources médicales, de lait maternisé et de nutrition maternelle.
Ces conditions ne sont pas seulement la conséquence d'un génocide, elles constituent le génocide. Les politiques d'Israël provoquent délibérément la famine, sachant que la faim affaiblit le corps, freine le développement fœtal et rend l'accouchement encore plus dangereux.
Le rôle du régime d'occupation et la complicité internationale
Israël est pleinement conscient qu'il commet un génocide. Le rapport documente des déclarations explicites de responsables israéliens, notamment ceux qui prônent l'anéantissement total de la population civile de Gaza. Un analyste israélien a déclaré publiquement : "La femme est un ennemi, le bébé est un ennemi, et la femme enceinte est un ennemi". Il s'agit là d'un discours génocidaire, sans filtre, sans remords et appliqué par la violence d'État.
Pourtant, malgré des preuves accablantes, la réponse internationale reste, comme on pouvait s'y attendre, anémique. Israël a refusé de coopérer avec les enquêtes sur les droits humains, tout comme il a systématiquement ignoré les résolutions de l'ONU et les appels au cessez-le-feu lancés par la Cour internationale de justice. Pendant ce temps, les États-Unis et les puissances européennes continuent de financer et d'armer le régime israélien, garantissant ainsi que le génocide se poursuive sans entrave.
Le génocide sexiste : nommer le crime, exiger justice
Le recours à la violence sexuelle et reproductive par Israël n'est pas seulement un crime de guerre, c'est une stratégie délibérée de génocide destinée à éliminer le peuple palestinien. La destruction des maternités, la famine infligée aux femmes enceintes, les assassinats ciblés de mères et d'enfants : ces actes reflètent les schémas historiques d'extermination coloniale, de la stérilisation des femmes autochtones en Amérique aux campagnes de viols massifs du génocide bosniaque.
Il s'agit d'un génocide perpétré par la destruction des corps, des familles et de l'avenir. Et il ne prendra fin que lorsque tous les responsables auront été traduits en justice.
Le monde est face au choix suivant : continuer à permettre ce génocide, ou lutter pour démanteler le système qui le rend possible. Toute autre attitude relève de la complicité.
Principales conclusions de la Commission d'enquête internationale indépendante (A/HRC/58/CRP.6)
- Recours systématique à la violence sexuelle - Les détenus palestiniens, en particulier les hommes et les garçons, sont soumis à des humiliations sexuelles filmées, à des déshabillages forcés et à des agressions sexuelles en tant que tactique coloniale délibérée visant à instiller la terreur et à détruire la cohésion sociale.
- Ciblage des femmes et des filles palestiniennes - Augmentation du nombre de rapports faisant état de harcèlement sexuel public, de menaces de viol et d'humiliations sexistes commis par les soldats israéliens et les colons, en particulier aux checkpoints et durant les raids militaires.
- Les femmes enceintes comme cibles délibérées - Tirs visant des femmes enceintes à l'extérieur des hôpitaux, avortements forcés dus à la famine et à l'absence de soins médicaux, et destruction des maternités rendant les accouchements dangereux.
- Destruction des soins de santé reproductive - Plus de 540 000 femmes et filles à Gaza sont privées de soins de santé reproductive essentiels ; des maternités et des cliniques de fécondation in vitro ont été bombardées, entraînant la destruction de 4 000 embryons à la clinique de fertilité Al-Basma.
- Politiques de famine fondées sur le genre - Les tactiques de malnutrition et de famine touchent de manière disproportionnée les femmes enceintes et allaitantes, entraînant une augmentation de 300 % des fausses couches et une hausse des taux de mortalité maternelle et infantile.
- Violence sexuelle et reproductive comme stratégie génocidaire - Les schémas de violence sexiste correspondent à ceux observés lors de génocides passés et ont pour but d'effacer l'existence palestinienne par la destruction physique, la souffrance infligée et les traumatismes intergénérationnels.
- Impunité totale pour les forces israéliennes et les colons - Aucune responsabilité juridique pour l'escalade de la violence sexuelle et sexiste ; incitation explicite des responsables israéliens renforçant l'intention génocidaire derrière ces crimes.
Ces conclusions confirment ce que les Palestiniens dénoncent depuis longtemps : il ne s'agit pas seulement d'un massacre. Il s'agit d'une campagne systématique d'extermination touchant tous les aspects de l'existence palestinienne, jusqu'à leur capacité même à se reproduire et à survivre.
Traduit par Spirit of Free Speech
The Genospectra Lens