26/07/2024 francesoir.fr  5min #253504

 Vaste opération d'évacuation forcée à Khan Younes

Gaza : Opération de Tsahal à Khan Younes, les corps de cinq otages israéliens retrouvés, l'Oms « très inquiète » par le risque d'épidémies

France-Soir

Après une semaine dramatique à Khan Younes, au sud de Gaza, l'armée israélienne a annoncé avoir récupéré les corps de cinq otages, morts lors de l'attaque menée par le Hamas le 7 octobre. Tsahal poursuit son opération dans cette ville du sud où près de 100 Palestiniens ont été tués et 150 000 se sont déplacés ces derniers jours, parallèlement à des bombardements dans le nord de l'enclave palestinienne. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) se dit "très inquiète" par le risque de propagation de plusieurs épidémies, dont la polio, tandis que des organisations déplorent une "situation humanitaire catastrophique". Aucun accord pour le cessez-le-feu ne se profile à l'horizon malgré des "négociations en voie de conclusion" selon les États-Unis, où s'est rendu le Premier ministre Benjamin Netanyahou pour s'assurer du soutien américain.

Des bombardements ont visé samedi dernier le camp de Nousseirat et Gaza-ville, dans le centre et le nord du territoire palestinien, faisant au moins 24 morts, dont un journaliste, le 161e depuis le début de la guerre, ainsi que sa famille. Le même jour, l'armée israélienne a affirmé avoir "éliminé des terroristes" dans des frappes aériennes ou des combats au sol.

Opération sanglante à Khan Younes, où les corps de cinq otages israéliens ont été retrouvés

Tsahal a lancé une nouvelle opération à Khan Younes, épicentre des combats au début d'année avant que ses troupes ne se dirigent vers Rafah. Les soldats israéliens s'étaient retirés de la plus grande ville du sud de Gaza début avril, après des mois de bombardements et d'affrontements. Lundi matin, la population locale a été sommée de quitter l'est de cette localité. Le bilan a dépassé les 70 morts et les 200 blessés dès le premier jour, selon le ministère gazaoui de la Santé.

Le lendemain, mardi, les autorités locales ont déploré au moins 89 Palestiniens morts et 263 blessés. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA) a de son côté alerté contre la fuite de 150.000 personnes et le bombardement de 190 maisons.

Hier, l'armée israélienne a mené de nouvelles frappes dans le centre et le nord, ciblant Al-Bureij, Gaza-City et Beit Lahia. Neuf personnes ont été tuées, toujours selon les autorités médicales. Pas de répit au sud, particulièrement à Khan Younes et Rafah, où "des avions de combat israéliens ont pris pour cible des civils assis près de leurs maisons", faisant cinq morts d‘après la Défense civile.

L'armée s'est contentée d'annoncer "l'élimination de dizaines de terroristes" et le "démantèlement environ 50 infrastructures" à Khan Younès. Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas a publié hier un nouveau bilan de 39.175 morts dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre, dont trente nouveaux décès enregistrés depuis la veille, et 90.403 blessés.

Déjà confrontée à un manque de nourriture et de soins, la population locale pourrait être touchées par plusieurs épidémies. L'OMS se dit "très inquiète" car "il ne s'agit pas seulement de la polio. Il pourrait y avoir d'autres épidémies de maladies transmissibles qui pourraient survenir". Selon ses chiffres, "jusqu'à 14 000 personnes pourraient avoir besoin d'une évacuation médicale hors de la bande de Gaza".

Les dépouilles de cinq otages tués par le Hamas lors de l'attaque du 7 octobre dernier ont été récupérées à Khan Younes. Yoav Gallant, ministre israélien de la Défense, a salué "une importante mission de sauvetage". "Nous continuerons de combattre le Hamas jusqu'à sa défaite, et nous sommes engagés à ramener les otages chez eux", a-t-il ajouté.

Accord entre 14 organisations palestiniennes pour la gouvernance de Gaza

Mais l'organisation palestinienne, au pouvoir à Gaza depuis 2007, se projette dans l'après-guerre. Un membre du bureau politique du Hamas, Musa Abu Marzouk, a annoncé mardi la signature d'un accord avec d'autres factions palestiniennes, dont son rival, le Fatah, à l'issue d'une réunion en Chine. "Aujourd'hui, nous signons un accord sur l'unité nationale et nous déclarons que la voie à suivre pour achever ce processus est l'unité nationale. Nous nous engageons en faveur de l'unité nationale et nous l'appelons de nos vœux", a-t-il déclaré.

Pékin s'est félicité de cet accord, conclu par 14 factions palestiniennes, qui prévoit la mise en place d'un "gouvernement intérimaire de réconciliation nationale" après la guerre. Un tel projet vient s'opposer aux plans israéliens pour la gouvernance de l'enclave et Tel Aviv a exprimé son mécontentement. "Le Hamas et le Fatah ont signé un accord en Chine pour le contrôle conjoint de Gaza après la guerre. Au lieu de rejeter le terrorisme, Mahmoud Abbas (président de l'Autorité palestinienne, NDLR) étreint les meurtriers et les violeurs du Hamas, révélant ainsi son vrai visage", réagit le ministère israélien des Affaires étrangères, avant d'ajouter : "En réalité, cela n'arrivera pas car le Hamas sera écrasé et Abbas observera Gaza de loin".

Mais ce "gouvernement de réconciliation nationale" ne peut prétendre gouverner Gaza qu'une fois la guerre achevée et les négociations n'aboutissent toujours pas. Une semaine après l'échec d'un énième round organisé à Doha par les pays médiateurs, dont le Qatar et l'Egypte, les États-Unis ont affirmé mercredi que les discussions sont "en voie de conclusion". "Nous pensons que c'est en voie de conclusion et qu'un accord, non seulement possible mais essentiel et nécessaire, peut être conclu", a déclaré un responsable américain dont l'identité n'a pas été dévoilée.

Le président américain Joe Biden se chargerait, selon la même source, de combler les "lacunes finales" lorsqu'il recevra Benjamin Netanyahu à la Maison Blanche. Invité au Congrès, le Premier ministre israélien a exprimé sa gratitude pour le soutien américain, qualifiant de "non-sens" et de "fabrication complète" les accusations selon lesquelles Tel Aviv, qui bloque tous les points de passage de l'aide humanitaire tout en permettant à des extrémistes de détruite les cargaisons, affamait délibérément les Gazaouis.

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