14/06/2024 francesoir.fr  6min #250485

 Le Conseil de sécurité de l'Onu vote le cessez-le-feu à Gaza sur demande des Usa

Gaza : Plusieurs secteurs bombardés par Israel, le Hamas intraitable sur le « retrait complet » de Tsahal pour signer une trêve

France-Soir

Gaza : Plusieurs secteurs bombardés par Israel, le Hamas intraitable sur le "retrait complet" de Tsahal pour signer une trêve

Peu après la fin de la tournée au Moyen-Orient du secrétaire d'État américain, Anthony Blinken, l'armée israélienne a pilonné jeudi 13 juin 2024 le sud de la bande de Gaza, particulièrement Rafah. Le ministère gazaoui fait état le même jour de 30 morts, au cours des dernières 24 heures, au moment où les États-Unis et le G7 pressent le Hamas à accepter le cessez-le-feu formulé fin mai par Joe Biden, rejeté d'abord par Benjamin Netanyahou avant que le Premier ministre israélien, déterminé à poursuivre la guerre jusqu'à la défaite du Hamas, n'exprime "son soutien et son engagement".

Des tirs d'artillerie et des frappes aériennes menées par les hélicoptères Apache ont ciblé jeudi matin plusieurs secteurs de Gaza, notamment la ville de Rafah. Le Hamas, au pouvoir dans l'enclave palestinienne depuis 2007, affirme que des combats au sol se poursuivent entre ses combattants et les soldats de Tsahal. La Défense civile palestienne a annoncé avoir retrouvé trois corps dans une maison bombardée du camp de Nousseirat (centre), théâtre, la semaine dernière, d'une opération commando israélienne.

L'ONU accuse Israel et le Hamas de crimes de guerre

Celle-ci a mené à la libération quatre otages israéliens détenus par le Hamas, trois hommes et une femme, captifs durant 245 jours. Plus de 270 Gazaouis ont été tués lors de cette offensive selon un décompte du Hamas, qui accuse Tel Aviv d'avoir commis "un nouveau massacre dans la bande de Gaza".

Le ministère de la Santé a annoncé jeudi un nouveau bilan de 37 232 morts depuis le début de la guerre, le 7 octobre dernier. Au moins 30 personnes ont été tuées ces dernières 24 heures, précise un communiqué tandis que le nombre des blessés s'est élevé à 85 037 selon le dernier décompte. "De nombreuses personnes sont encore coincées sous les décombres et sur les routes, dans la mesure où les sauveteurs ne parviennent pas à les atteindre", explique-t-on.

Au front du nord, à la frontière libanaise, le Hezbollah a lancé mercredi une pluie de roquettes sur le nord d'Israël et promis d'intensifier ses attaques, en réponse à la mort d'un haut commandant militaire tué la veille dans une frappe ciblée israélienne.

Samedi dernier, l'aide humanitaire, drastiquement réduite depuis de nombreuses semaines suite à la fermeture de postes frontaliers comme celui de Rafah et l'endommagement de la jetée américaine, a repris, selon l'armée américaine. "Un total de quelque 492 tonnes d'aide humanitaire indispensable ont été livrées à la population de Gaza", poursuit le Centcom dans un communiqué sur le réseau social X.

Pour autant, les populations civiles ne sont pas hors de portée d'une famine, selon l'Organisation des Nations Unies. L'ONU a affirmé cette semaine que plus de 8 000 enfants, âgés de moins de 5 ans, ont été reçus pour malnutrition aiguë, dont 1 600 souffrant d'une forme sévère.

"Il y a déjà eu 32 décès attribués à la malnutrition, dont 28 parmi les enfants de moins de 5 ans", a affirmé mercredi le DG de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, qui rappelle qu'une "proportion importante de la population de ce territoire palestinien est confrontée à un niveau catastrophique de manque de nourriture et à des conditions proches de la famine".

Le même jour, l'ONU a accusé, dans un rapport publié par une commission d'enquête, le Hamas et Tel Aviv de crimes de guerre. Israël, déjà sommé par la Cour internationale de Justice (CIJ), et dont le Premier ministre risque de faire l'objet d'un mandat d'arrêt international de la part de la Cour pénale internationale, est accusée au même titre que sept "groupes armés palestiniens", dont le Hamas. L'État hébreu est "responsable" de "crime contre l'humanité, d'extermination, de meurtre, de persécution fondée sur le genre ciblant les hommes et les garçons palestiniens, de transfert forcé, d'actes de torture et de traitements inhumains et cruels", estime la commission.

"Il est impératif que tous ceux qui ont commis des crimes soient tenus pour responsables", a déclaré Navi Pillay, président de la commission d'enquête, mise sur pied par le Conseil des droits de l'homme en mai 2021.

Israël a vite dénoncé une "discrimination systématique" à son encontre, estimant que l'ONU et sa commission "ont prouvé une fois de plus que leurs actions sont toutes au service d'un agenda politique focalisé contre" Tel Aviv.

Les espoirs de trêve s'amincissent après la réponse du Hamas

La situation continue de s'envenimer sur le front tandis que les yeux de la communauté internationale sont rivés sur les deux belligérants, Israël et le Hamas, qui doivent, une énième fois, négocier une proposition de cessez-le-feu. En visite une fois de plus au Moyen-Orient, le chef de la diplomatie américaine, Anthony Blinken dit "attendre la réponse du Hamas". "Sont-ils à la recherche d'un homme qui serait pour le moment sain et sauf - enterré, je ne sais pas, dix étages sous terre quelque part à Gaza alors que le peuple qu'il prétend représenter continue à souffrir au milieu du conflit qu'il a provoqué ?", s'est-il interrogé.

Depuis Doha où il a clôturé sa tournée, le secrétaire d'État a appelé à "cesser les marchandages", en référence à la réponse attendue du Hamas quant à une proposition du président Joe Biden fin mai. Ce plan prévoit un cessez-le-feu de six semaines accompagné d'un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, de la libération de certains otages retenus à Gaza depuis l'attaque du Hamas le 7 octobre contre Israël, et de la libération de Palestiniens emprisonnés par Israël.

Mardi dernier, le Hamas a annoncé avoir remis au Qatar et à l'Egypte sa réponse. "Certains changements" réclamés par le mouvement palestinien étaient "réalisables, d'autres pas". "Je pense que ce fossé peut être comblé", a ajouté Blinken. Pourtant, pour un responsable israélien, les "amendements" apportés au texte par le Hamas sont interprétés comme étant un "rejet". Quant à Benjamin Netanyahou, qui avait jugé la proposition de Biden "insuffisante" et qui réitère sa détermination de poursuivre la guerre jusqu'à "la défaite totale" du Hamas, il aurait fait part de son "soutien et son engagement".

Le Hamas rétorque à Blinken en l'appelant à "faire pression directement sur Israël", d'autant plus que la Maison Blanche "continue de parler de l'accord d'Israël à la dernière proposition (de cessez-le-feu), mais nous n'avons entendu aucun responsable israélien s'exprimer à ce sujet", réagit-on.

"J'ai soumis une proposition approuvée par le Conseil de sécurité, par le G7, par les Israéliens, et le principal obstacle à ce stade est le Hamas qui refuse de signer, même s'ils ont proposé quelque chose de similaire", a déclaré Joe Biden au sommet du G7 en Italie.

Washington, qui a justement fait adopter une résolution sur sa proposition de cessez-le-feu en trois phases au Conseil de sécurité à l'ONU, présenterait "dans les semaines à venir les éléments clés" pour l'après-guerre, qui préoccupe aussi bien Israël que l'Autorité palestinienne et le Hamas.

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