© Sylvain THOMAS Source: AFP
Des soldats français participent à l'exercice militaire «Orion», à Frontignan, dans le sud de la France, le 26 février 2023 (photo d'illustration).
Le porte-parole de la présidence russe a réagi ce 3 mai aux propos d'Emmanuel Macron concernant un éventuel envoi de troupes en Ukraine. «La France, en la personne du chef de l'État français, continue à évoquer en permanence la possibilité de son engagement direct sur le terrain dans le conflit autour de l'Ukraine. C'est une tendance très dangereuse», a déclaré à la presse Dmitri Peskov.
Dans une interview accordée à The Economist, publiée le 2 mai, le président français a maintenu ses propos quant au fait qu'il n'excluait pas la possibilité d'envoyer des troupes en Ukraine si la Russie venait à enfoncer la ligne de front et si Kiev formulait une telle demande. Selon Emmanuel Macron, «beaucoup de pays» auraient déclaré «comprendre» sa démarche.
Cette éventualité avait été annoncée par Emmanuel Macron, pour la première fois, le 26 février au sortir d'une conférence internationale sur le soutien à l'Ukraine. Le président français avait, au nom d'une doctrine d'«ambiguïté stratégique», déclaré qu'un envoi de troupes occidentales en Ukraine ne pouvait «être exclu», tout en reconnaissant qu'il n'existait à ce stade pas de «consensus» parmi les alliés de Kiev. Dans la foulée, l'écrasante majorité des chancelleries occidentales, y compris Washington, avait désavoué cette sortie d'Emmanuel Macron.
Cameron adoube les frappes ukrainiennes en Russie
Lors de sa prise de parole ce 3 mai, Dmitri Peskov a également dénoncé l'«escalade verbale de la part des représentants officiels» occidentaux. En plus des déclarations d'Emmanuel Macron, le porte-parole du Kremlin a pointé du doigt les propos tenu le 2 mai par le chef de la diplomatie britannique, David Cameron. En déplacement à Kiev où il a réitéré le soutien militaire de Londres qui fournirait «3 milliards» de livres sterling à l'Ukraine, chaque année, «aussi longtemps qu'il faudra», celui-ci a déclaré son soutien à des frappes sur le sol russe que les forces ukrainiennes pourraient mener avec des armes britanniques.
«En ce qui concerne ce que font les Ukrainiens, à notre avis, c'est leur décision de comment utiliser ces armes», a-t-il déclaré. «L'Ukraine a absolument le droit de riposter contre la Russie. L'Ukraine a ce droit», a-t-il insisté, suite à une demande de clarification du journaliste quant à des frappes à «l'intérieur de la Russie».
Une position en rupture avec celle notamment affichée par Washington ou encore Berlin. Plus gros fournisseurs de l'aide militaire occidentale à Kiev, jusqu'à présent ceux-ci déclarent demander à l'Ukraine de garantir que leurs armements ne soient employés que «sur le territoire souverain ukrainien». Une définition qui, à leurs yeux, inclut la Crimée, les Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk ainsi que les régions de Kherson et de Zaporijjia.
«Un secret de polichinelle», raille Zakharova
«Pour la première fois, directement ouvertement, les responsables politiques occidentaux révèlent ce qui est un secret de polichinelle : c'est-à-dire que c'est une guerre ouverte contre la Russie», a également réagi ce 3 mai la porte-parole de la diplomatie russe Maria Zakharova, lors de son briefing hebdomadaire.
Le 24 avril, dans une interview au Financial Times, le chef d'état-major britannique, l'amiral Tony Radakin, s'était félicité que la fourniture d'armes à longue portée allait permettre aux forces ukrainiennes de «poursuivre des opérations en profondeur», ces dernières devenant «de plus en plus une caractéristique» du conflit. Tony Radakin «n'a exprimé aucun scrupule apparent face aux attaques ukrainiennes et aux raids de sabotage en Russie», relatait le quotidien britannique.
Le même jour, le New York Times (NYT) révélait, citant une source officielle américaine sous couvert d'anonymat, que le président Joe Biden avait, secrètement et à la mi-février, «approuvé la décision d'envoyer plus de 100 missiles à longue portée, ainsi que de plus grandes quantités d'armes à sous-munitions, dans le cadre d'une livraison d'armes de 300 millions de dollars». Des armes longue portée qui, selon le Kremlin, «n'affecteront pas la réalisation des objectifs de la Russie», a réagi Dmitri Peskov.