03/05/2024 francesoir.fr  5min #247929

 Gaza : Le Hamas dit « étudier » une contre-proposition de trêve, les préparatifs israéliens pour une opération à Rafah s'accélèrent

Gaza : La réponse du Hamas à la proposition de trêve toujours attendue, les étudiants en effervescence aux États-Unis comme en France

France-Soir

Quartier dévasté à Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, le 2 mai 2024, en plein conflit entre Israël et le mouvement Hamas.

AFP

La réponse du Hamas à une proposition de trêve à Gaza se fait toujours attendre. Depuis Israël où il est en visite, le secrétaire d'État américain Antony Blinken a appelé le mouvement palestinien à accepter l'accord, qui prévoit une trêve de 40 jours et la libération d'otages. Le conflit, qui entre dans son septième mois, gagne de plus en plus les universités à travers le monde, y compris françaises, tandis que la situation à Gaza s'aggrave avec les bombardements israéliens qui se sont poursuivis cette semaine. Les Nations Unies, qui estiment qu'une opération terrestre à Rafah serait "une tragédie sans nom", s'est alarmé jeudi quant à "l'ampleur de la destruction" "sans précédent" dans la bande de Gaza.

Cinq frappes israéliennes ont ciblé dans la nuit de dimanche à lundi dernier le centre et le sud de l'enclave palestinienne, faisant 23 morts selon diverses sources, hospitalières et officielles. L'armée de Tsahal, qui mobilise également sa marine, a précisé avoir frappé des "dizaines de cibles terroristes". Les raids aériens se sont poursuivis jusqu'à hier, ciblant particulièrement Rafah, qui abrite environ 1,5 million de déplacés gazaouis.

Le Hamas sommé d'accepter la proposition de trêve

Le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas a annoncé jeudi 28 morts en 24 heures, portant le bilan total à 34 596 morts depuis le 7 octobre dernier. Le nombre de blessés s'élève désormais à 77 816, poursuit-on de source palestinienne.

Face à une situation de plus en plus tragique pour les populations civiles de Gaza, transformée en champ de ruines, la pression se fait toujours plus lourde, non seulement sur les deux belligérants mais également les soutiens à Israël.

En visite à Tel Aviv, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a exhorté le Hamas à accepter la proposition de trêve proposée la semaine dernière par Israël. "S'il ne le fait pas, je pense que ce sera une preuve supplémentaire qu'il n'a pas la moindre considération" pour les Palestiniens, estime-t-il. Le ton est un peu moins acerbe devant le gouvernement israélien, appelé à son tour à renoncer à une offensive à Rafah au profit "de meilleures solutions" pour lutter contre le Hamas, sans "opération militaire d'ampleur".

Le mouvement palestinien, qui disait "étudier" la proposition de 40 jours de trêve accompagnée d'une libération d'otages, promet toujours "une réponse claire dans très peu de temps". Souheil al-Hindi, membre du bureau politique Hamas, affirme que cette organisation, au pouvoir à Gaza depuis 2007, est "ouverte à toutes les initiatives pour mettre fin à la guerre (...) mais sous réserve de conditions très claires auxquelles on ne peut renoncer". En tête de liste figurent "la cessation des hostilités et le retrait total de l'occupant de la bande de Gaza", explique-t-il.

Un tel scénario est fermement rejeté par Tel Aviv, rappelons-le, qui exprime sans cesse sa détermination à poursuivre ses opérations jusqu'à "l'élimination totale du Hamas", qui passe, après le nord, le centre et le sud de l'enclave, par un déploiement terrestre à Rafah. Cette éventualité, qui se concrétise jour après jour, suscite une profonde inquiétude chez la communauté internationale. Pour le chef des Affaires humanitaires de l'ONU, Martin Griffiths, une telle opération serait "une tragédie sans nom".

La mobilisation estudiantine gagne de l'ampleur

"Pour les centaines de milliers de personnes qui ont fui vers l'extrême sud de Gaza pour échapper à la maladie, à la famine, aux charniers et aux combats directs, une invasion terrestre entraînerait encore plus de traumatismes et de morts", a-t-il estimé.

Les Nations Unies se sont d'ailleurs alarmées hier de "l'ampleur de la destruction" "sans précédent" dans la bande de Gaza. "Une mission à laquelle la communauté internationale n'a pas été confrontée depuis la Seconde Guerre mondiale", affirme-t-on. Le coût de la reconstruction de l'enclave, réduite en un géant amas de pierres, est estimé entre 30 et 40 milliards de dollars. "Les estimations du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) pour tout reconstruire dans la bande de Gaza dépassent les 30 milliards de dollars, pouvant aller jusqu'à 40 milliards de dollars", a déclaré Abdallah al-Dardari, directeur du bureau régional pour les Etats arabes du PNUD, lors d'une conférence de presse à Amman.

"Il y a davantage de débris à déblayer à Gaza qu'en Ukraine", poursuit l'ONU. "Pour mettre cela en perspective, le front en Ukraine fait 600 miles de long [un peu moins de 1 000 km] et Gaza c'est 25 miles de long [soit 40 km]", a expliqué le Service d'action de l'ONU contre les mines (UNMAS) lors d'un point-presse à Genève.

Les bombardements, la situation humanitaire "catastrophique" selon les termes de l'OMS et les ONG sur place ainsi que l'impasse diplomatique dans laquelle se trouve la communauté internationale exacerbent les tensions chez les soutiens de Tel Aviv. Aux États-Unis, de nouvelles arrestations ont eu lieu sur plusieurs campus, où se mobilisent les étudiants depuis plusieurs jours.

La mobilisation a gagné les universités françaises, particulièrement les facultés de Sciences Po et le la ministre de l'Enseignement supérieur a demandé hier aux présidents d'universités "d'utiliser l'étendue la plus complète de leurs pouvoirs".

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