S. Jouan
Manon Aubry, la cheffe de liste électorale du parti de la gauche française "La France Insoumise" (LFI) pour les prochaines élections du Parlement européen en juin et la députée européenne
BERTRAND GUAY / AFP
Invitée sur France 2 ce mardi 9 avril dans l'émission présentée par Caroline Roux, « L'événement », la candidate LFI aux Européennes, Manon Aubry, annonce sa position ferme sur l'envoi d'armes à Israël. En ce sens, elle indique que « pas un seul pays n'enverra des armes à Israël ».
Ses propos interviennent en réaction à la tribune du Président Emmanuel Macron publiée ce lundi 8 avril et co-écrite avec le président égyptien et le roi de Jordanie. Ces derniers appellent à un cessez-le-feu qu'ils souhaitent « immédiat ». Ce sursaut serait aussi dans l'objectif de permettre la libération de « tous les otages » à Gaza. Manon Aubry concède alors qu'il s'agit d'un « bon premier pas », tout en rappelant « qu'il est tardif ». Elle se montre par ailleurs méfiante quant à l'application réelle d'une telle demande. En effet, elle estime que « dire est une chose, agir en est une autre ».
La députée de gauche radicale rappelle les trois engagements de son parti sur le sujet, à savoir « la reconnaissance de l'Etat de Palestine », « un embargo sur l'envoi d'armes vers Israël » et « la suspension de l'accord d'association entre l'Union européenne et Israël ».
Selon ses dires, en cas de victoire pour sa liste lors du scrutin européen, « pas un seul pays [...] enverra des armes vers un Etat qui est en train de massacrer son peuple. ». Elle regrette en effet que la France et l'Union européenne adopte « une forme d'hypocrisie » à ce sujet, estimant qu'ils devraient adopter ces sanctions. Cependant, la réalité d'un tel projet reste à débattre. En effet, selon les données de Capital, « les Etats-Unis représentent la grande majorité des importations d'armes israéliennes – un énorme 92% de 2017 à 2021 [...] Sur une période plus longue, de 2011 à 2020, le SIPRI a déterminé que les États-Unis représentaient 70,2% des importations israéliennes d'armes conventionnelles majeures ». Le poids de l'Union Européenne dans l'armement du pays est alors remis en cause. Que l'UE puisse couper le robinet apparaît comme une bien maigre décision étant donné l'impact actuel de son ravitaillement aux israéliens. Par ailleurs, il semble tout à fait présomptueux de la part de la tête de liste LFI de s'estimer en capacité de faire cesser toute affaire entre les Etats-Unis et Israël sur la base de son élection au Parlement européen.
La députée conclut pourtant dans le Grand Rendez-Vous d'Europe 1 qu'elle « propose des choses très simples ». Alors, ses préconisations feraient que « la France pourrait retrouver son rôle diplomatique en faveur de la paix ». La notion de simplicité se questionne alors, la mesure paraissant pourtant susceptible de provoquer quelques désagréments géopolitiques.