La réaction politico-médiatique à la réélection de Vladimir Poutine en Occident dépasse souvent le niveau de l'acceptable et démontre une attitude hargneuse, souvent hystérique, voire infantile, en tout cas très loin des traditions politiques et diplomatiques, qui firent la gloire l'Europe. Mais c'était avant. Quand l'Europe était un sujet politique et les pays européens des acteurs géopolitiques, quand nous étions souverains et que nous défendions nos intérêts. C'était avant le totalitarisme de la globalisation. Désormais, le comportement politique des Européens est descendu dans le caniveau. Et nos élites se font traiter à la hauteur de leur mérite, entraînant nos pays dans la chute.
Alors que les Etats-Unis réagissent assez froidement et professionnellement face à la réélection de Poutine, on a l'impression que le reste du monde atlantiste a perdu le sens des réalités. Il est vrai que les Etats-Unis sont le centre de ce monde et en ce sens sont obligés de préserver au niveau national les règles politiques classiques, c'est d'ailleurs ce qui rend possible une élection de Trump.
Ainsi, hier lors de la conférence de presse de la Maison-Blanche, le conseiller en sécurité du Président américain, Jake Sullivan répondait à la question sur les conséquences de la réélection de Poutine : tout en rejetant a priori d'envisager l'existence d'un véritable soutien de la population russe envers le président Poutine, car cela remettrait dangereusement en cause le laïus atlantiste, il prend acte des résultats.
« Jake, avez-vous une réaction à la victoire du président russe Poutine ? Il sera président jusqu'en 2030. Acceptez-vous le résultat et sa victoire ?M. SULLIVAN : Eh bien, premièrement, rien dans le résultat des élections n'était imprévisible, parce que Poutine avait fermé l'espace politique, avait enfermé les opposants politiques. Certains de ses opposants politiques sont décédés tragiquement. Il n'y avait donc rien de libre ou d'équitable dans cette élection, et le résultat était prédéterminé.
Deuxièmement, la réalité est que le président Poutine est le président de la Russie. Nous avons dû faire face à cette réalité tout au long de la guerre en Ukraine, au cours des autres agressions entreprises par la Russie, au cours des autres mesures contraires aux intérêts nationaux des États-Unis, que nous avons vues de la part de ce président et de la Fédération de Russie sous sa présidence. Et nous continuerons à faire face à cette réalité. »
Il serait amusant de leur demander de commenter les files d'attente des Russes à l'étranger pour aller voter dans les consulats … Ils sont également sous la pression du pouvoir ?
Il serait également intéressant de connaître le degré de « démocratie » des entraves à la liberté du vote, commises par les pays de l'Axe atlantiste. Ainsi, à Riga, les Russes allant voter se sont vu contrôler leurs documents d'identités, confisqués les documents lettons et 14 personnes ont été déportées. Les autorités américaines ont obstrué l'accès au Consulat russe de Washington et favorisé des perturbations par des activistes pour dissuader les gens de voter, l'ambassadeur russe a d'ailleurs envoyé une note officielle de protestation à ce sujet.
Ou encore, que dire des DOS attaques menées contre le système électoral russe :
Il est également amusant de voir critiquer l'absence de transparence à ces élections … tout en interdisant aux observateurs « indépendants » des pays de l'Axe d'aller justement surveiller le déroulement du scrutin en toute indépendance. Ainsi peut-on lire dans France Info :
« L'élu Les Républicains est membre d'une association baptisée « France Expatriation Russie ». Il a été convié par le pouvoir russe, alors que les observateurs indépendants ont été interdits de se rendre en Russie. »
Et comme dans tout bon système autoritaire, il a été suspendu de ses fonctions. Comment sinon pourrait-on répéter ad nauseam la prière atlantiste des élections truquées ? Ah, oui, à cause de la mort de Navalny … Le grand héros globaliste … En tout cas, les contradicteurs de la Russie ont du mal. Du mal à trouver de véritables figures pouvant porter leurs intérêts pour détruire la Russie de l'intérieur. Du mal à assumer un véritable combat politique, puisqu'ils se retranchent derrière de plus en plus de barrières d'interdits. Leur hystérie a du mal à cacher leur faiblesse intérieure.
Les Allemands ne font pas mieux et dans un mouvement de panique, le ministère des Affaires étrangères allemand annonce qu'il n'indiquera plus la fonction de Vladimir Poutine dans les documents. Na! Et re-Na, d'abord ! Est-ce que ça changera quelque chose ? Rien. Cela contribue simplement à la perte de renommée des pays européens. Peut-être faudra-t-il toucher le fond pour remonter. Espérons que le fond est proche, car la descente devient vertigineuse.
Et l'hystérie se porte à merveille sur le service public français de l'audio-visuel, sans aucune réaction des autorités de surveillance, qui préféraient se battre contre RT ou Sputnik, afin de détruire tout discours alternatif, et qui préfèrent aujourd'hui s'attaquer à CNews, pourtant bien aligné, que de sanctionner les appels au meurtre. Sur le fond, l'on appréciera la réécriture de l'histoire : Saddam et Kadhafi n'ont pas du tout, mais absolument pas, été écartés et liquidés par les Atlantistes, mais non, c'est uniquement le résultat naturel de la volonté populaire. Amen !
Les médias préfèrent donner la parole à Zelensky, qui s'inquiète de la durée du mandat de Poutine sans lui demander de justifier l'annulation de toutes les élections nationales en Ukraine. Aurait-il peur d'être trop largement rejeté par la population, pour que la manipulation des élections sous l'égide des organismes internationaux ne permette pas de compenser ce désaveu populaire massif ? Remarquez, de ce point de vue, Zelensky est un véritable président atlantiste – il gouverne contre l'intérêt de son pays et malgré la volonté de son peuple.
Cette propagande primaire est déversée sur toutes les ondes. Comment prendre au sérieux une telle faiblesse politique ? Ce n'est plus possible. Et la Russie l'a fait savoir : la Garde nationale russe a déposé à l'Ambassade de France en Russie un petit cadeau pour Macron : des soldats de plomb et un petit camion, avec une lettre explicative.
Je cite :
« Nous espérons qu'après avoir joué avec des soldats et des véhicules militaires, vous en finirez enfin avec votre complexe Napoléon», ironise la lettre d'accompagnement. «Le sort de sa prétendue grande armée est connu non seulement des Français, mais aussi de la communauté mondiale tout entière. Nous aimerions pouvoir penser que la génération moderne de soldats et d'officiers français n'aura pas à réapprendre une leçon aussi amère par votre volonté.», poursuit-elle.
Voila ce qui reste de la grandeur de la France au milieu du second mandat de Macron. Mais faisons-lui confiance, il peut encore faire pire.
Karine Bechet-Golovko
La source originale de cet article est Russie Politics
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