France-Soir
Israël exprime toujours son intention de poursuivre ses bombardements sur Gaza au moment où la communauté internationale tente d'accroître et de structurer l'acheminement de l'aide humanitaire à la population locale
AFP
Israël exprime toujours son intention de poursuivre ses bombardements sur Gaza au moment où la communauté internationale tente d'accroître et de structurer l'acheminement de l'aide humanitaire à la population locale, quelques jours après le début du mois de ramadan. Mardi, un bateau d'une ONG espagnole, Open Arms, a quitté Chypre pour se diriger vers l'enclave palestinienne. Les combats au sol se poursuivent tandis que les négociations pour une trêve sont au point mort. Le Hamas a fait état jeudi 14 mars d'un nouveau bilan de 31 341 personnes tuées depuis le début de la guerre.
Mardi soir, au moins 10 Palestiniens, dont trois enfants et une femme, ont été tués dans une frappe aérienne sur la ville de Deir al-Balah, située au centre de la bande de Gaza. Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé au moins 69 morts mercredi et jeudi, suite à des attaques israéliennes. Les combats se concentrent toujours dans la ville de Khan Younes, située au Sud et l'armée du Tsahal a annoncé jeudi son retrait du complexe résidentiel Hamad, financé par le Qatar, ne laissant qu'un champ de gravats.
Les négociations au point mort, Netanyahou ne veut toujours rien entendre
Deux jours plus tôt, le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, a réitéré sa détermination à poursuivre les opérations israéliennes à Gaza. Il "veillerait à ce que l'enclave ne constitue plus jamais une menace pour Israël", a-t-il affirmé. Il rejette toujours les inquiétudes de la communauté internationale et ses appels à éviter une offensive terrestre sur Rafah, frontalière avec l'Égypte et surpeuplée par les 1,7 million de Palestiniens qui s'y sont réfugiés. Un des entrepôts de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) dans cette ville a été "touché" par une frappe.
"Nous terminerons le travail à Rafah tout en permettant à la population civile de se mettre hors de danger", poursuit Benjamin Netanyahou. La semaine dernière, il a appelé les soldats israéliens à "serrer les rangs" et "rester soudés" contre "les tentatives de mettre fin à la guerre", en référence à la pression internationale en faveur d'un cessez-le-feu ou d'une trêve.
D'ailleurs, les discussions menées sous l'égide de Doha, Le Caire et Washington sont au point mort après que des dirigeants du Hamas aient quitté la table des négociations la semaine passée, justifiant leur attitude par les positions d'Israël qui "ne répondaient pas aux exigences minimales".
Le ministère gazaoui de la Santé a annoncé jeudi un nouveau bilan de 31 341 morts et 73 134 blessés. "Le nombre d'enfants tués en un peu plus de quatre mois à Gaza est supérieur au nombre d'enfants tués au cours des quatre années de guerres à travers le monde réunies", dénonce Philippe Lazzarini, directeur de l'UNRWA.
Depuis une semaine, la communauté internationale se mobilise pour acheminer davantage d'aide humanitaire pour remédier à la situation jugée catastrophique par l'ONU dans la bande de Gaza. Josep Borrell, chef de la diplomatie européenne, a déclaré que la catastrophe humanitaire à Gaza n'était pas naturelle mais "causée par l'homme". Il a exhorté les dirigeants mondiaux à exercer davantage de pression sur Israël pour que ce pays ouvre les frontières à l'aide humanitaire pour Gaza.
Pressions sur Israël pour faciliter l'acheminement des aides
Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a appelé, lors d'une visite au Caire, "à un cessez-le-feu et à mettre un terme à la catastrophe humanitaire". Son homologue égyptien a insisté sur l'insuffisance de l'aide alimentaire. Jusque-là, celle-ci a été principalement acheminée par le point de passage de Rafah, outre les largages effectués par plusieurs pays comme les États-Unis, la Jordanie et la France. Mais "au niveau actuel, et c'est le niveau le plus élevé, 200 camions entrent quotidiennement à Gaza, c'est bien en deçà des besoins. Dans des circonstances normales, Gaza recevait 600 camions par jour", rappelle-t-il.
"Nous reconnaissons donc que le nombre de camions est insuffisant. Il y a une longue file de camions qui attendent d'entrer mais ils sont soumis aux procédures de contrôle", explique-t-il, déplorant le fait que "les Palestiniens [aient] souffert bien plus qu'ils ne peuvent le supporter".
La situation inquiète même de l'autre côté du front. Plus de 500 anciens généraux et hauts responsables de l'armée israélienne, des services de renseignements (Mossad, Shin Bet) et de la police se sont adressés, dans un courrier, à Benjamin Netanyahou et son cabinet de guerre pour dénoncer la politique de Tel Aviv sur l'aide humanitaire, qui présentent des "risques" pouvant porter atteinte à la sécurité et aux intérêts stratégiques d'Israël.
Après la mort de plus de 100 personnes dans une distribution d'aide humanitaire et avec l'apparition des premières poches de famine à Gaza, la communauté internationale fait pression pour acheminer les aides par d'autres voies. L'armée américaine met sur pied un port temporaire dans l'enclave palestinienne, tandis que le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU affirme faire pression sur Israël pour permettre l'exploitation du port d'Ahsdod.
Mardi, le bateau de l'ONG espagnole Open Arms, chargé de 200 tonnes de vivres, a quitté Chypre pour Gaza. Le jour suivant, l'Union européenne a demandé à Israël d'ouvrir d'autres points de passage que le corridor maritime de Chypre.
"Si Israël voulait vraiment aider, il pourrait ouvrir le port d'Ashdod, pleinement opérationnel et qui pourrait réellement maximiser l'acheminement de l'aide de Chypre directement vers Israël et donc vers Gaza", a déclaré le chef de la diplomatie britannique, David Cameron. Il reconnaît néanmoins que la voie terrestre est le meilleur moyen d'acheminer ces aides, appelant Tel Aviv à "ouvrir davantage de routes" et à réduire les procédures de contrôle.