Par Leila Warah
À Gaza, aucun bâtiment n'est trop sacré pour être rasé, ce qui fait que les civils n'ont nulle part où s'enfuir et se cacher. En Cisjordanie, les autorités israéliennes d'occupation distribuent des armes aux colons « comme des bonbons ».
Victimes :
- 15 000 Palestiniens tués, dont 6150 enfants, et 40 752 blessés à Gaza *
- 259 Palestiniens tués en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est
* Ce chiffre a été confirmé par le bureau des médias du gouvernement à Gaza le 2 décembre. Toutefois, en raison des pannes des réseaux de communication dans la bande de Gaza (en particulier dans le nord de la bande), le ministère de la santé de Gaza n'a pas été en mesure d'actualiser régulièrement ses bilans. Certains groupes de défense des droits humains estiment que le nombre de morts est plus proche de 20 000.
Principaux développements :
- Un responsable du Hamas basé au Liban, Osama Hamdan, accuse Israël de déplacer des civils vers le sud de Gaza « pour les piéger et les massacrer ».
- Les forces israéliennes assassinent deux Palestiniens non identifiés à Qalqilya, en Cisjordanie occupée, lundi matin, déclare le ministère palestinien de la Santé ; l'armée israélienne saisit leurs corps.
- Le nombre d'enfants palestiniens tués par les forces israéliennes en Cisjordanie en 2023 s'élève à 66, déclare Defense for Children International-Palestine.
- Il ne reste plus qu'un seul hôpital à Gaza capable de pratiquer des opérations chirurgicales complexes et de traiter des cas de traumatismes graves.
- Israël bombarde une 𝕏 école chrétienne dans la ville de Gaza, qui abrite un grand nombre de Palestiniens déplacés.
- 60 Palestiniens ont été kidnappés en Cisjordanie dans la nuit de dimanche à lundi, selon Al Jazeera.
- Le procès pour corruption du Premier ministre Netanyahu doit reprendre lundi. Il est exempté d'audiences mais pourrait être appelé à témoigner dans quelques mois.
- Un bénévole du Croissant-Rouge palestinien, Osama Tayeh, a été tué dans un 𝕏 attaque dans le nord de Gaza, dans la zone d'al-Faluja, tôt lundi matin.
- L'armée israélienne annonce la mort de Haitham Khuwajari, commandant du bataillon Shati du Hamas, lors d'une frappe aérienne à proximité du camp de réfugiés d'Al-Shati, à l'extérieur de la ville de Gaza.
- La délégation américaine en Israël devrait arriver en Israël lundi pour discuter de l'offensive israélienne à Gaza.
L'invasion terrestre israélienne s'étend vers le sud
Au cours des dernières 24 heures, les forces israéliennes ont pris pour cible des maisons, des centres commerciaux et des hôpitaux dans toute la bande de Gaza, où les civils ont subi des bombardements ininterrompus, tuant des dizaines, voire des centaines de personnes.
Lundi matin, Al Jazeera a rapporté que des chars et des véhicules blindés israéliens avaient commencé à pénétrer dans le sud de la bande de Gaza, se dirigeant vers Khan Younis depuis l'est.
L'armée d'occupation a annoncé que son invasion dans le sud ne serait pas moins puissante que sa précédente offensive dans le nord. Si elle se poursuit, l'attaque risque de faire des milliers de morts parmi les civils, dont de nombreux enfants.
Pendant ce temps, la branche militaire du Hamas, les Brigades Qassam, déclare que les forces israéliennes se retirent du nord, qualifiant l'opération israélienne d' « échec ».
Alors que les États-Unis se sont montrés un peu critiques la semaine dernière face à l'extension de l'opération israélienne au sud, Tamer Qarmout, professeur adjoint à l'Institut de Doha pour les études supérieures, a déclaré à Al Jazeera qu'il est « clair » que les États-Unis ont depuis donné à Israël le feu vert pour poursuivre ses opérations de guerre.
« Ils se coordonnent avec les Américains, mais ils ont leur propre plan ; les Américains parlent, mais nous ne les avons pas vus exercer de vraie pression pour arrêter les Israéliens ou pour réduire les souffrances des Palestiniens », a déclaré M. Qarmout.
L'Iran a également averti une fois de plus que si les forces israéliennes continuent de commettre des « crimes de guerre » contre les Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie occupée, la guerre régionale « risque de s'aggraver et de s'étendre », a rapporté Al Jazeera.
Nulle part où se mettre à l'abri
Entre-temps, l'armée israélienne d'occupation a continué à repousser les civils palestiniens encore plus loin vers le sud, en larguant des tracts annonçant que sa prochaine cible serait Khan Younis. Cependant, les habitants affirment qu'il n'y a aucun endroit où ils peuvent s'enfuir et qui soit à l'abri de l'assaut israélien.
Osama Hamdan, un responsable du Hamas basé au Liban, a accusé Israël de déplacer des civils vers le sud de Gaza « pour les piéger et les massacrer ».
« Il est devenu évident que l'affirmation par l'occupant de l'existence de zones sûres dans le sud de la bande de Gaza et son appel constant aux citoyens à s'y rendre, n'étaient qu'un plan prémédité et un piège pour commettre de nouveaux massacres contre des civils non armés et des personnes déplacées dans le sud », a déclaré M. Hamdan à la presse.
Melanie Ward, directrice générale de l'organisation humanitaire Medical Aid for Palestinians, a exprimé sa profonde inquiétude face à la carte des zones d'évacuation établie par Israël.
Ces cartes, qui divisent Gaza en plus de 600 zones, ont été publiées vendredi par l'armée pour ordonner aux habitants « de s'orienter et de suivre les instructions, et d'évacuer des lieux spécifiques pour leur sécurité si nécessaire ».
Cependant, les organisations de défense des droits de l'homme affirment que ces mesures ont l'effet inverse.
« Je ne saurais trop insister sur la peur, la panique et la confusion que ces cartes israéliennes provoquent chez les civils de Gaza, y compris au sein de mon propre personnel. Les gens ne peuvent pas courir d'un endroit à l'autre pour essayer d'échapper aux bombes israéliennes, et le droit international ne s'attend pas à ce qu'ils le fassent. Ce qui est fait est inadmissible », a déclaré M. Ward dans un message publié dimanche 𝕏 sur X.
Les Israéliens prennent délibérément pour cible les rares installations médicales restantes
Alors qu'Israël bombarde impitoyablement toutes les zones de l'enclave assiégée et que les blessés et tués s'accumulent, l'acheminement de l'aide humanitaire vitale et des secours tout en maintenant la sécurité des agents de la défense civile est devenu une tâche de plus en plus difficile.
« Les forces israéliennes ont séparé la région centrale de Khan Younis et du reste du sud de la bande de Gaza, ce qui rend plus dangereux l'acheminement de l'aide dans ces zones», a déclaré dimanche à Al Jazeera Nebal Farsakh, porte-parole de la Société du Croissant-Rouge palestinien (SCRP).
« Notre plus grand risque dans le nord est de manquer de carburant. Même pendant la période de trêve, nous n'avons pas été en mesure de livrer le camion de carburant qui avait été alloué à nos médecins dans cette région. Si cela continue, nos ambulances ne pourront pas être envoyées », a poursuivi M. Farsakh.
Dimanche, le Croissant-Rouge palestinien a 𝕏 déclaré que deux ambulanciers et une troisième personne avaient été blessés après que les forces israéliennes eurent ouvert le feu sur deux ambulances dans la région de Faluja, au nord de la bande de Gaza.
Le Dr Ashraf al-Qidra, porte-parole du ministère de la santé à Gaza, déclare que 34 médecins ont été kidnappés par Israël, dont le directeur de l'hôpital Al-Shifa'.
Al-Qidra ajoute qu'Israël a détruit 56 ambulances et que l'ensemble du secteur de la santé s'est effondré, les laissant dans l'incapacité de fournir des soins vitaux en raison du manque d'équipement et de personnel.
Al-Qidra a déclaré qu'Israël « s'en prend délibérément aux installations médicales restantes dans le nord, de sorte que les habitants sont contraints de se déplacer vers le sud », ajoutant que seuls 403 patients ont été autorisés à quitter Gaza pour être soignés.
« Nous appelons le monde à mettre fin à cette guerre génocidaire contre Gaza », a-t-il déclaré. « Nous demandons à toutes les parties d'œuvrer à la mise en place d'un couloir humanitaire permettant au carburant et aux équipes médicales d'entrer et aux victimes de sortir. »
« Distribuer des armes comme des bonbons »
Depuis le 7 octobre, les violences commises par les colons israéliens à l'encontre des Palestiniens se sont largement intensifiées dans les territoires occupés, et ce en toute impunité. Dans la nuit de dimanche à lundi, des colons israéliens ont tiré dans les jambes de deux enfants palestiniens, âgés de 12 et 14 ans, et les ont blessés.
Le ministre israélien fasciste de la sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, qui distribue des fusils d'assaut achetés pour des aisni-nommées « équipes de sécurité civile », et le Premier ministre Netanyahu encouragent l'armement des civils israéliens dans les territoires occupés depuis le début de la guerre contre Gaza.
Selon la chaîne de télévision israélienne Channel 13, 150 000 demandes de permis de port d'arme ont été déposées depuis le 7 octobre, contre 42 pour la même période l'année dernière.
Yisrael Avisar, le chef du département des licences d'armes à feu, a depuis quitté son poste à la suite de la décision du ministre israélien de la sécurité nationale d'extrême droite, Itamar Ben-Gvir, de délivrer des permis de port d'arme à des citoyens israéliens n'ayant pas reçu de formation adéquate.
« Ils distribuent des armes comme des bonbons », a déclaré un responsable de la sécurité à Haaretz.
Le média israélien a également rapporté que des permis de port d'arme ont été accordés à des personnes qui ne remplissaient pas les critères, notamment en matière de santé mentale et physique.
Pourtant, Ben-Gvir a défendu sa politique de distribution d'armes en la qualifiant de « claire et continue ».
L'armée israélienne prend d'assaut Jénine et plusieurs villes de Cisjordanie, la Résistance riposte
5 décembre 2023 - Les forces d'occupation israéliennes ont mené des incursions dans plusieurs villes de Cisjordanie, y compris dans des zones notables telles que Jenin, Ramallah, Ariha et Beit Lahm. La Résistance les a affrontées, ciblant leurs véhicules avec des engins explosifs.
Les forces d'occupation israéliennes [FOI] ont mené des raids coordonnés dans plusieurs villes de Cisjordanie, notamment à Jénine, Ariha et dans le camp de Dheisheh à Beit Lahm, ainsi que dans des villes au nord et à l'ouest de Ramallah.
Les FOI ont effectué un raid sur la ville de Jénine avec plus de cinquante véhicules militaires et ont positionné des tireurs d'élite sur les toits de plusieurs bâtiments au cours d'un raid important sur la ville et son camp.
Les médias palestiniens locaux ont rapporté que les forces d'occupation ont continué à démolir des infrastructures et des biens. Des bulldozers de l'occupation ont été observés en train de détruire des infrastructures qui n'avaient pas été ciblées lors des raids précédents.
De nombreux rapports et une vidéo ont montré les forces d'occupation israéliennes interceptant une ambulance près de l'hôpital al-Amal à Jénine et forçant son équipage à permettre sa fouille complète.
En réponse, des sources ont confirmé à Al Mayadeen que les combattants de la Résistance ont utilisé des engins explosifs pour cibler les véhicules de l'occupation pendant le raid en cours sur la ville de Jénine et les environs du camp.
Les médias locaux ont fait état d'affrontements continus entre la Résistance et les forces d'occupation dans la ville, qui se sont poursuivis jusqu'à ce que les forces se retirent quelques heures plus tard.
De plus, il a été annoncé qu'un véhicule militaire appartenant aux forces d'occupation qui a pris d'assaut le quartier d'Al-Damj a été endommagé après avoir été visé par un engin explosif.
Les forces d'occupation ont également pris d'assaut la ville de Silat al-Harithiya du côté de Yamoun, au nord-ouest de la ville de Jénine.
Simultanément, les médias palestiniens locaux ont également rapporté de violentes confrontations entre les jeunes Palestiniens et les forces d'occupation dans le camp d'Aqabat Jabr, au sud-ouest de la ville d'Ariha.
A Beit Lahm, des affrontements ont éclaté entre des jeunes Palestiniens et les forces d'occupation qui ont pris d'assaut le camp de Dheisheh.
Plus tôt aujourd'hui, le ministère palestinien de la santé a annoncé la mort de cinq martyrs palestiniens en Cisjordanie, abattus par les forces d'occupation israéliennes.
Le ministère a indiqué que les deux jeunes hommes, Mohammad Saadi al-Faroukh (22 ans) et Anas Ismail al-Faroukh (23 ans), ont été abattus par les forces d'occupation dans la zone de Ras Al-Aroud à Sa'ir. Mohammad a été touché à la tête et Anas à la poitrine.
Ils ont été rapidement transférés à l'hôpital Al-Ahli d'Al-Khalil et leur état de santé a d'abord été jugé grave. Malheureusement, leur état s'est détérioré et ils ont succombé à leurs blessures.
Le bilan des assassinats de citoyens de Cisjordanie depuis le début de l'année s'élève maintenant à 467, dont 259 personnes qui ont été tués depuis le début de l'attaque de l'occupation contre la bande de Gaza, le 7 octobre dernier.