par Andre Damon
Pendant des semaines, Israël a prétendu que l'hôpital Al-Shifa, le plus grand de Gaza, était utilisé comme centre de commandement militaire pour justifier un bombardement incessant de l'hôpital qui a tué des dizaines de personnes et empêché les blessés d'entrer ou de sortir, dans le cadre d'une série de crimes de guerre flagrants.
Admettant qu'il n'y avait pas d'otage à l'intérieur de l'hôpital, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a déclaré jeudi : «Nous avions de fortes indications qu'ils [les otages] étaient détenus à l'hôpital Shifa. S'ils y étaient, ils ont été emmenés».
Dans un message publié le 27 octobre sur X, les Forces de défense israéliennes (FDI) ont affirmé qu'Al-Shifa «sert de siège principal à l'activité terroriste du Hamas». Le message était accompagné d'une animation montrant un complexe tentaculaire, s'étendant sur des centaines de mètres, sous l'hôpital. Les affirmations d'Israël ont été réitérées à plusieurs reprises par des responsables de la Maison-Blanche, du Pentagone et du département d'État.
Mardi, le porte-parole du Conseil national de sécurité, John Kirby, a déclaré : «Nous disposons d'informations selon lesquelles le Hamas et le Jihad islamique palestinien utilisent certains hôpitaux de la bande de Gaza, dont Al-Shifa, et les tunnels situés en dessous pour dissimuler et soutenir leurs opérations militaires et pour détenir des otages».
Biden a réitéré cette affirmation infondée jeudi, en déclarant : «Voici la situation : Le Hamas commet le premier crime de guerre en cachant son quartier général et ses forces armées sous un hôpital. Et c'est un fait».
Interrogé par un journaliste qui lui demandait de «nous détailler le type de preuves que les États-Unis ont vu que le Hamas a un centre de commandement sous l'hôpital Al-Shifa», Biden a répondu: «Non, je ne peux pas vous le dire. Je ne vous le dirai pas».
Mercredi, les FDI ont publié une vidéo montrant une demi-douzaine de fusils d'assaut, deux gilets pare-balles et un ordinateur qui, selon elles, étaient cachés derrière un appareil d'IRM à Al-Shifa. Aucune tentative n'a été faite pour expliquer pourquoi un appareil d'IRM, avec son puissant champ magnétique, n'a pas fait voler les armes à l'autre bout de la pièce lorsqu'il fonctionnait.
Cette image tirée d'une vidéo publiée par les Forces de défense israéliennes,
mercredi 15 novembre 2023, montre quelques fusils qui, selon les FDI, ont
été trouvés au centre d'IRM de l'hôpital Al-Shifa, dans la ville de Gaza.
Les «preuves» d'Israël étaient si minces que même le gouvernement américain n'a pas eu la vergogne de les soutenir.
Lors d'une conférence de presse jeudi, la correspondante d'Al Jazeera, Patty Culhane, a demandé à la porte-parole du Pentagone, Sabrina Singh, «Vous dites donc que la vidéo d'un ordinateur portable flou, d'un gilet pare-balles, d'une poignée de fusils - cela confirme ce que vous avez dit, à savoir que le Hamas opère dans l'hôpital ?»
À cela, Singh a répondu : «Le Hamas utilise - l'hôpital Shifa étant l'un d'entre eux - les hôpitaux de Gaza pour mener des actions terroristes».
Culhane a demandé : «Y a-t-il une vidéo pour étayer cette affirmation ?», ce à quoi Singh a répondu : «Je vais m'en tenir à cela».
Plus tard dans la journée de jeudi, après avoir fouillé la zone de l'hôpital pendant deux jours, les FDI ont affirmé avoir trouvé sur le terrain de l'hôpital un véhicule rempli de fusils d'assaut et une ouverture menant à une structure souterraine.
Dans les années 1980, Israël lui-même avait entrepris une rénovation de l'hôpital, y compris ce que Haaretz a noté comme étant un «grand sous-sol en ciment qui abritait la blanchisserie de l'hôpital et divers services administratifs».
Depuis le début de l'assaut israélien contre Gaza, l'Organisation mondiale de la santé a recensé au moins 137 attaques contre des établissements de santé, qui ont fait 521 morts et 686 blessés, dont 16 morts et 38 blessés parmi le personnel de santé.
La situation humanitaire à Gaza est désastreuse, dans un contexte de faim et de déshydratation de masse. Jeudi a marqué le cinquième jour consécutif sans mise à jour du bilan des morts, qui s'élevait à plus de 11 078 vendredi, dont 4506 enfants et 3027 femmes. Les Nations unies ont attribué l'absence de rapport à «l'effondrement des services et des communications dans les hôpitaux du nord».
Les services de télécommunications de Gaza ont été interrompus de nouveau jeudi, après que les fournisseurs ont annoncé qu'ils étaient complètement à court de carburant et après des frappes israéliennes contre les infrastructures de communication.
Pour la deuxième journée consécutive, aucun camion d'aide n'est entré dans la bande de Gaza, suite à l'effondrement des infrastructures humanitaires dans le pays en raison du manque de carburant. L'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient a déclaré qu'il ne serait plus en mesure de coordonner les convois d'aide humanitaire à partir de vendredi.
Les forces israéliennes ont attaqué la station centrale de pétrole à l'entrée nord du camp de réfugiés d'Al Maghazi, tuant neuf personnes et en blessant des dizaines d'autres. Le tableau de la situation humanitaire fourni par les Nations unies est désastreux :
«Les opérations terrestres actives au cœur de la ville de Gaza ont continué à perturber la circulation des équipes de secours et des ambulances et à empêcher les gens de satisfaire leurs besoins essentiels, en particulier la nourriture et l'eau. Les ménages des quartiers ouest de la ville de Gaza ont appelé à l'aide après avoir épuisé leurs réserves de nourriture et d'eau potable. Ils auraient été dans l'impossibilité de quitter leurs maisons en raison de la présence de troupes israéliennes au sol et des combats. De nombreux appels lancés par des ménages et des membres de familles bloqués sous des bâtiments et des maisons détruites sont restés sans réponse ; le Croissant-Rouge palestinien (CRP) n'a pas été en mesure de répondre à des centaines d'appels à l'aide et à l'évacuation».
Depuis plus de dix jours, aucune boulangerie n'est en activité dans le nord de la bande de Gaza et aucune farine de blé n'est disponible sur le marché. Dans un message publié sur X, le Programme alimentaire mondial a écrit : «23 boulangeries le 7 octobre. 5 boulangeries le 17octobre. 1 boulangerie le 31 octobre. ZÉRO boulangerie aujourd'hui. La dernière boulangerie sous contrat du WFP à Gaza a fermé en raison du manque de carburant. Aujourd'hui, la quasi-totalité de la population a besoin d'une aide alimentaire».
source : World Socialist Web Site via Le Blog Sam la Touch