Les forces israéliennes ont fait prisonniers des dizaines de Palestiniens à l'intérieur d'Al-Shifa et ont bombardé les étages et les chambres. Le ministre palestinien de la santé a mis en garde contre un massacre qui allait être commis dans le complexe.
Victimes :
- 11 255 * Palestiniens tués, dont 4630 enfants, et 29 000 blessés à Gaza *
- 196 Palestiniens tués en Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est
* Le nombre de victimes à Gaza couvre la période du 7 octobre au 14 novembre.
Principaux développements :
- Lors d'un raid dans un hôpital, les forces israéliennes ont fait prisonniers des dizaines de personnes déplacées, des parents de patients et des blessés à l'intérieur de l'hôpital Al-Shifa, après les avoir déshabillés, leur avoir bandé les yeux et les avoir emmenés dans des lieux « inconnus ».
- Les bâtiments des services de néphrologie et de médecine interne de l'hôpital Al-Shifa ont été les premiers à être pris d'assaut par les forces israéliennes au cours de la nuit, a rapporté Al-Jazeera. Les forces israéliennes ont également fait exploser un lieu où sont entreposés les médicaments à l'hôpital.
- La Maison Blanche soutient les accusations israéliennes selon lesquelles un commandement du Hamas se trouverait sous l'hôpital Al-Shifa, ce que le Hamas a démenti. Le personnel de l'hôpital a demandé à des enquêteurs indépendants de venir à l'hôpital et d'enquêter sur cette allégation, qu'ils déclarent également fausse.
- Hamas : l'adoption par la Maison Blanche des fausses accusations concernant un centre de commandement sous Al-Shifa est un « feu vert à la force d'occupation [israélienne] pour commettre d'autres massacres contre des civils ».
- Un responsable de la santé : les forces israéliennes ont tiré sur des Palestiniens qui quittaient le complexe d'Al-Shifa par le « couloir de sécurité » qu'elles disaient avoir mises en place.
- Le Belize rompt ses liens avec Israël et retire l'accréditation de l'ambassadeur de Tel-Aviv.
Les forces israéliennes prennent d'assaut l'hôpital Al-Shifa, le plus grand établissement médical de Gaza
Les forces israéliennes et leurs chars ont attaqué mercredi matin le plus grand hôpital de Gaza, Al-Shifa, à la suite de menaces lancées au personnel médical de l'hôpital tard dans la nuit, l'avertissant d'une incursion imminente à l'intérieur de l'important complexe.
Abritant actuellement des milliers de patients, de médecins et de familles civiles, Al-Shifa est l'une des principales cibles d'Israël depuis le début de sa guerre contre Gaza.
Ces derniers jours, Israël et les États-Unis ont multiplié les déclarations sur de prétendus « renseignements » pour étayer les allégations d'Israël concernant un centre de commandement du Hamas qui, selon l'Etat colonial, se trouverait sous l'hôpital.
À la suite de l'appel menaçant de mardi soir, Al Jazeera a rapporté que le personnel de l'hôpital avait prévenu les forces israéliennes qu'il y avait des milliers de civils et de patients dans les salles.
Ashraf Al-Qudra, porte-parole du ministère de la santé, qui 𝕏 a annoncél'imminence d'un raid lors d'un appel en direct sur Al-Jazeera Arabic, a déclaré que les Palestiniens à l'intérieur d'Al-Shifa ont été terrifiés en entendant la nouvelle, laissant beaucoup d'entre eux dans un état de panique.
Mercredi matin, heure locale, peu après 8 heures, les chars et les forces israéliennes ont bombardé le mur nord du complexe d'Al-Shifa et se sont frayé un chemin jusqu'à la cour principale et vers les différents bâtiments médicaux qui composent l'hôpital.
Mercredi midi, des rapports ont confirmé que les forces israéliennes se trouvaient à l'intérieur de tous les bâtiments du complexe d'Al-Shifa. Al-Jazeera a rapporté que des dizaines de personnes déplacées et de parents de patients et de blessés ont été arrêtés, après avoir été déshabillés et avoir eu les yeux bandés, et emmenés vers des destinations « inconnues ».
Aucune image ne provient de l'intérieur du complexe d'Al-Shifa pendant l'assaut israélien et l'internet et l'ensemble des communications sont instables.
Des témoins direct ont déclaré à Al-Jazeera Arabic que les forces armées avaient ordonné aux civils et au personnel médical de se rendre aux étages supérieurs des bâtiments et qu'ils avaient entendu des explosions dans les étages inférieurs du complexe, mais qu'ils n'avaient pas pu confirmer de quoi il s'agissait.
Des éclats d'explosifs israéliens seraient tombés sur des civils et auraient brisé des fenêtres de l'hôpital.
Les bâtiments de néphrologie et de médecine interne ont été les premiers à être pris d'assaut par les forces israéliennes, qui ont fait exploser un entrepôt de médicaments, selon Al-Jazeera. Elles ont ensuite pris d'assaut les installations de la maternité et des services spécialisés.
Les forces israéliennes ont fait exploser certaines portes et ont crié dans des haut-parleurs aux jeunes hommes qui s'abritaient dans l'hôpital de se rendre.
Plus tard dans la matinée de mercredi, après avoir détruit des fournitures médicales à l'intérieur de l'hôpital, le gouvernement israélien a publié des photos et des vidéos de propagande sur les médias sociaux, prétendant 𝕏 montrer ses soldats en train de livrer de l'aide à l'hôpital. En début de semaine, Israël a également publié des vidéos montrant ses soldats livrant un certain nombre de gallons de carburant à l'extérieur d'Al-Shifa, n'hésitant pas à affirmer que le Hamas aurait refusé cette « offre ».
Le personnel médical de l'hôpital a toutefois déclaré que ses employés avaient trop peur pour sortir et réceptionner le carburant en raison des tireurs d'élite israéliens positionnés autour de l'hôpital, et que le carburant fourni par Israël ne suffirait qu'à alimenter certaines parties de l'hôpital en électricité pendant 30 minutes.
Avant l'assaut de mercredi matin, Al-Shifa était assiégé par Israël depuis six jours. Les personnes qui tentaient de quitter les lieux risquaient de se faire tirer dessus par les forces israéliennes, tandis que des témoins à l'intérieur de l'hôpital affirment qu'ils essuyaient des tirs lorsqu'ils se déplaçaient à l'intérieur du complexe.
Les ambulances ont également été empêchées de secourir les blessés ou de transférer les corps dans les environs de l'hôpital.
Des chiffres non confirmés font état de milliers de patients, de blessés, de personnes déplacées et de membres du personnel médical à l'intérieur de l'hôpital, qui a été complètement mis hors service le dimanche 12 novembre.
L'hôpital souffrait déjà de pénuries de nourriture et d'eau, ainsi que de la mort de dizaines de patients, y compris des bébés prématurés, en raison du manque d'oxygène et d'électricité à l'hôpital.
Mardi, quelques heures avant le raid israélien, le personnel médical et les volontaires ont creusé une fosse commune pour enterrer 170 corps qui s'étaient accumulés à l'hôpital et commençaient à se décomposer, l'hôpital n'ayant pas de réfrigération mortuaire.
À l'exception de l'hôpital Al-Ahli, situé dans le quartier Al-Zaytoun de Gaza, tous les hôpitaux du nord de la bande de Gaza sont hors service en raison du manque de carburant et de fournitures médicales et des dégâts considérables causés par les bombardements israéliens.
Même l'hôpital Al-Ahli fonctionne de manière limitée et a cessé d'accueillir des patients en raison de la pénurie de carburant et de médicaments et des dommages subis par les installations. Cependant, Al-Ahli dispose également de ressources limitées pour traiter uniquement les cas légers et modérés, selon les responsables de la santé.
Al-Mayadeen - Le Bureau des médias du gouvernement à Gaza a annoncé que plus de 30 Palestiniens non armés ont été tués par les forces d'occupation israéliennes à l'hôpital Al-Shifa, alors qu'elles ouvraient le feu sur des familles qui tentaient de quitter l'hôpital.
Le Bureau a souligné que l'agression et l'assaut de l'occupation contre le complexe médical d'Al-Shifa, ses départements et tous ceux qui s'y trouvent, y compris les patients, les Palestiniens déplacés et le personnel médical, constituent un nouveau crime de guerre commis par l'occupation israélienne.
Il est également important de souligner qu'alors qu'Al-Shifa était envahi, l'occupation a également coupé toutes les communications de l'hôpital. La coupure des communications a commencé à 13 heures aujourd'hui, mercredi, selon ce qui a été rapporté par le correspondant d'Al Mayadeen.
Les forces d'occupation israéliennes ont transformé l'hôpital Al-Shifa en une caserne militaire, menottant un grand nombre de ses médecins traitants et ouvrant le feu sans discrimination dans l'ensemble de l'établissement de santé alors qu'ils prennent d'assaut les salles des patients sans contraintes, a rapporté le correspondant d'Al Mayadeen plus tôt dans la journée.
Les États-Unis soutiennent l'assaut israélien contre l'hôpital Al-Shifa
Le porte-parole du Conseil national de sécurité des États-Unis, John Kirby, a soutenu le plan israélien visant à prendre d'assaut le complexe d'Al-Shifa, répétant l'allégation israélienne non vérifiée selon laquelle un centre de commandement de la résistance palestinienne se trouverait sous ce complexe.
Kirby a déclaré mardi qu'il y avait des tunnels pour le Hamas et le Jihad islamique sous Al-Shifa « pour dissimuler et soutenir des opérations militaires et pour détenir des otages ».
Il a ajouté que le président Biden avait abaissé le niveau de classification de certaines données des services de renseignement américains afin de les partager avec les médias, a rapporté Reuters.
« Le Hamas et les membres du PIJ exploitent un nœud de commandement et de contrôle à partir d'Al-Shifa dans la ville de Gaza. Ils y ont stocké des armes et sont prêts à répondre à une opération militaire israélienne contre cette installation », a-t-il déclaré.
M. Kirby a ajouté que « les hôpitaux et les patients doivent être protégés » et que « les actions du Hamas ne diminuent pas la responsabilité d'Israël de protéger les civils à Gaza ».
Le Hamas a fermement nié à plusieurs reprises cette accusation, et les factions palestiniennes ainsi que les responsables de la santé ont demandé à plusieurs reprises que des équipes internationales et des enquêteurs indépendants se rendent à Al-Shifa et dans d'autres hôpitaux pour mener une enquête.
Mercredi, le Hamas a déclaré dans un communiqué qu'il tenait « l'occupation israélienne et le président Biden entièrement responsables de l'assaut contre le complexe médical d'Al-Shifa ».
« L'adoption par la Maison Blanche et le Pentagone de la propagande de l'occupation selon laquelle la résistance utilise le complexe médical d'al-Shifa à des fins militaires a donné le feu vert à l'occupation pour commettre de nouveaux massacres contre des civils », a ajouté le communiqué.
Tôt mercredi, le porte-parole arabe des forces israéliennes, Avichai Adraee, a tweeté que les forces israéliennes menaient une opération dans « certaines parties » d'Al-Shifa sur la base d'informations de renseignement.
Il a osé prétendre qu'il existait un « couloir de sécurité » permettant aux personnes de quitter Al-Shifa. Selon des responsables médicaux, les forces israéliennes ont tiré sur des Palestiniens qui quittaient le complexe en empruntant ce fameux « couloir de sécurité » qu'elles disaient avoir mis en place.
Des témoins directs ont également déclaré à Al-Jazeera qu'il leur avait été demandé de ne pas s'approcher des fenêtres et des portes, car des tireurs d'élite tiraient sur toute personne regardant à l'extérieur.
Les forces israéliennes ont osé prétendre avoir été confrontées à des engins explosifs et à des affrontements armés de la part de combattants palestiniens avant leur incursion à Al-Shifa.
Selon Haaretz, l'objectif premier des forces israéliennes en prenant d'assaut Al-Shifa était de détruire le réseau du Hamas et sa réserve d'armes et, éventuellement, de retrouver des prisonniers.
Muhammad Zaqout, directeur général des hôpitaux de Gaza, a confirmé qu'aucune balle palestinienne n'avait été tirée de l'intérieur d'Al-Shifa lorsque les forces ont pris d'assaut le complexe mercredi matin, et que les forces israéliennes n'avaient rencontré aucune résistance.
« Les forces d'occupation ont pris d'assaut les bâtiments de chirurgie et d'urgence du complexe d'Al-Shifa, sont entrées dans le service des urgences et fouillent actuellement le sous-sol de l'hôpital », a-t-il déclaré à Al-Jazeera.
Depuis 40 jours, les caméras des médias sont braquées sur le bâtiment des urgences d'Al-Shifa.
« L'armée d'occupation pensait que l'entrée de ses soldats dans le complexe de Shifa serait une victoire pour elle, mais elle n'a trouvé aucune preuve de l'existence d'une résistance quelconque », a-t-il ajouté.
Selon Zaqout, il y a environ 1500 membres du personnel médical et 7000 personnes à l'intérieur d'Al-Shifa. Toutefois, les chiffres sont difficiles à confirmer, car Gaza ne dispose pas d'accès Internet et de services de télécommunication opérationnels.
Condamnation de l'attauqe sur l'hôpital Al-Shifa
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s'est alarmé du raid israélien contre l'hôpital Al-Shifa mercredi, déclarant : « Nous sommes extrêmement préoccupés par l'impact sur les malades et les blessés, le personnel médical et les civils », ajoutant que « toutes les mesures pour éviter des conséquences pour eux doivent être prises ».
Martin Griffiths, haut fonctionnaire des Nations unies chargé de l'aide humanitaire, a 𝕏 écrit sur X qu'il était « consterné » par le raid sur l'hôpital Al-Shifa, déclarant que « la protection des nouveau-nés, des patients, du personnel médical et de tous les civils doit l'emporter sur toutes les autres préoccupations. Les hôpitaux ne sont pas des champs de bataille ».
Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'Organisation mondiale de la santé, a qualifié ces raids de « très préoccupants ».
Mai al-Kaila, ministre de la santé de l'Autorité palestinienne (AP) à Ramallah, a condamné le raid sur l'hôpital Al-Shifa, déclarant que les forces israéliennes étaient responsables de la sécurité et de la vie des patients à Al-Shifa, et a mis en garde contre un massacre qui serait commis à l'intérieur de l'hôpital.
Mme Al-Kaila a déclaré que la faible réaction mondiale face aux crimes israéliens dans la bande de Gaza avait enhardi les forces israéliennes à prendre d'assaut l'hôpital Al-Shifa, en violation du droit international. Elle a ajouté que depuis le 7 octobre, les forces israéliennes ont tué 198 membres du personnel médical dans la bande de Gaza.
Le ministère jordanien des affaires étrangères a déclaré mercredi que le Conseil de sécurité des Nations unies et la communauté internationale « doivent assumer leurs responsabilités morales et s'efforcer de faire pression sur Israël, la puissance occupante, pour qu'il mette fin à son agression continue, à sa guerre et au ciblage de civils, en particulier de femmes et d'enfants, qui ne peuvent être justifiés par aucune raison ou excuse ».
Al-Shifa est l'un des plus anciens établissements médicaux de Gaza, construit sur une caserne britannique en 1946. Le complexe comprend des bâtiments pour la chirurgie, les maladies internes, l'obstétrique et la gynécologie, une pouponnière pour les bébés prématurés, un service d'urgence, des unités de soins intensifs, une radiologie et une banque de sang.
Il dispose de 500 à 700 lits d'hôpital et répond aux besoins médicaux de près d'un demi-million de personnes à Gaza. Il est construit sur un terrain de 45 000 mètres carrés à l'ouest de la ville de Gaza et emploie 1500 personnes, dont 500 médecins et 760 infirmières.
Mercredi, ce n'était pas la première fois qu'Israël faisait une descente à l'hôpital Al-Shifa. Avant 2005, date à laquelle Israël s'est retiré de la bande de Gaza, ses forces ont pris d'assaut et ciblé Al-Shifa à de multiples reprises au cours de la première et de la deuxième Intifada.
Le ministère de la santé a annoncé mardi soir que 11 451 Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza et en Cisjordanie occupée depuis le 7 octobre, et que 31 700 ont été blessés.
Le ministère a indiqué qu'il avait des difficultés à mettre à jour les chiffres des victimes en raison de l'absence de services de communication dans les hôpitaux du nord de la bande de Gaza.
Dans la seule bande de Gaza, on estime que 11 255 personnes ont été tuées, dont 4630 enfants, 3130 femmes et 682 personnes âgées, et que 29 000 personnes ont été blessées. Près de 3 250 personnes sont portées disparues et considérées comme mortes ou piégées sous les décombres, dont 1700 enfants.