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 « Un spectacle obscène » : « démonstration propangandiste » de Tsahal pour l'envoyé américain en visite sur le site de la Ghf

Trump, ou la quintessence de l'hypocrisie

Par  Philip Giraldi, le 31 juillet 2025

Son culte de la personnalité est inversement proportionnel à sa popularité déclinante.

En un sens, il est rafraîchissant d'avoir un président tellement ignorant que nos attentes en matière de politiques gouvernementales efficaces ont atteint un seuil historiquement minime. Il aura fallu six mois à Donald Trump pour admettre la réalité de la tuerie en cours à Gaza, où Israël assassine chaque jour une centaine de Palestiniens dont le seul crime est de tenter de se procurer de quoi manger, boire et se loger. Il faut reconnaître que Trump a eu le courage de défier ses maîtres israéliens en déclarant que les vidéos provenant de Gaza témoignent de la mort de beaucoup de gens qui,  selon lui, "meurent de faim", et il a promis de "régler le problème". Pourtant, il n'a absolument rien fait d'autre que soutenir le blocus israélien et réprimer, voire expulser, toutes les voix qui s'élèvent en Amérique pour protester contre les crimes de guerre. Juste avant cette promesse, un responsable israélien a déclaré,  visiblement satisfait, n'avoir subi aucune pression de la part de Trump pour laisser entrer davantage d'aide humanitaire à entrer à Gaza. Les massacres se poursuivent donc, financés, armés et soutenus par Donald J. Trump, exactement comme sous le règne de Joe Biden.

Au lieu de presser Israël d'autoriser le passage de l'aide, Trump s'est associé au Premier ministre Benjamin Netanyahu pour détruire le système existant d'aide humanitaire des Nations unies. Lorsque Trump a pris ses fonctions en janvier, Israël a interdit à l'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens l'accès à Gaza, et depuis, Trump soutient toujours Netanyahu. Le négociateur en chef de Trump, Steve Witkoff, a déclaré que le président et Netanyahu ne faisaient qu'un sur la question de Gaza, et que Trump  continue  d'appeler les Israéliens à "finir le job" - ce qui signifie clairement faire tout ce qui est en leur pouvoir pour se débarrasser du "problème" palestinien. Trump a également clairement indiqué qu'Israël "allait gérer" et "superviser" la distribution des produits de première nécessité dans le cadre de ses mesures de sécurité afin d'empêcher le Hamas de s'emparer du ravitaillement, un mensonge largement relayé par Israël. Les colons israéliens armés ont également été autorisés à intercepter et bloquer les convois de nourriture et de médicaments à l'approche du territoire de Gaza.

La promesse pour le moins surprenante de Trump de " fournir une aide à Gaza" fait suite à une conversation avec le Premier ministre britannique Keir Starmer, la semaine dernière. Il a déclaré :

"Je sais que votre nation se joint à nous, ainsi que toutes les nations européennes, et d'autres ont également exprimé leur volonté d'apporter leur aide. Nous allons donc créer des centres alimentaires où les gens pourront entrer sans restriction. Il n'y aura pas de barrières". Et il a ajouté : "Nous allons fournir de la nourriture saine et nutritive. Nous allons sauver beaucoup de gens. Certains de ces enfants sont vraiment affamés".

Lundi dernier, à la question de savoir s'il était d'accord avec les propos de Benjamin Netanyahu selon lesquels il n'y a pas de famine à Gaza, il a répondu de manière assez incohérente :

"Eh bien, d'après ce que je vois à la télévision, je dirais que non, pas vraiment, car ces enfants ont vraiment l'air très affamés".

Tant qu'Israël concentrera la population de Gaza dans des zones confinées se transformant en pièges mortels, les enfants continueront assurément d'avoir faim. Comme à son habitude, Trump aborde la question de Gaza de manière très maladroite et confuse, avec des expressions telles que "de la nourriture saine et nutritive" et "pas de frontières, pas de barrières". Sa promesse d'aide est évidemment mensongère, car il s'en remet à Israël pour déterminer comment l'aide sera acheminée. En réalité, Trump et Starmer réagissent tous deux à l'opinion publique britannique et américaine, où les électeurs n'ont plus aucune empathie pour la politique de "sécurité" d'Israël vis-à-vis des Palestiniens. Les deux dirigeants peuvent raisonnablement être décrits comme des sionistes zélés, sous l'influence des lobbies israéliens dans leurs pays respectifs.

Mais l'actualité de Trump de la semaine dernière ne s'est pas limitée aux effusions de sang. Visiblement, sa performance d'avoir engagé des hostilités simultanément avec l'Ukraine, l'Iran, la Syrie et les Palestiniens lui aura valu une reconnaissance et les honneurs de la postérité. Il attend toujours de recevoir le prix Nobel de la paix, recommandé par nul autre que Bibi Netanyahou, mais le Parti républicain américain a pris les devants en adoptant une loi  renommant le Kennedy Center for the Performing Arts de Washington, D.C., en supprimant le mot "Kennedy" et en le remplaçant par "Trump". À l'intérieur du bâtiment, l'opéra principal, en l'honneur de la Première dame, prendra le nom de Melania Trump.

Pour être honnête, les hommages promiscues rendus à des personnalités publiques qui n'ont aucun honneur me rebutent, et dans le cas de Trump, je doute même qu'il sache épeler ou prononcer le mot. Mon bureau de poste local, ici en Virginie, est menacé d'être rebaptisé à titre posthume en l'honneur de Madeleine Albright, en vertu d'un projet de loi soumis au Congrès par notre représentant local du Parti démocrate. On se souvient qu'Albright n'a jamais exprimé le moindre remords, bien au contraire, pour le massacre de 500 000 enfants irakiens, dont elle a osé dire que "le prix, nous le pensons, le prix en valait la peine". Elle s'apparente ainsi à notre actuelle génération de psychopathes endoctrinés, dont Trump et son prédécesseur, Joe Biden, complices des crimes de guerre d'Israël. Dans le cas de mon bureau de poste, le projet de loi visant à honorer Albright n'a pas abouti, suggérant ainsi que le seuil de tolérance des membres du Congrès a ses limites.

On se souviendra peut-être que le Kennedy Center existe depuis longtemps et a été créé en l'honneur d'un président assassiné. JFK et son épouse étaient d'ailleurs de fervents soutiens des arts, tant lorsqu'il était au Sénat qu'après son accession à la présidence. Les liens entre Trump et la Première dame avec le théâtre et les événements culturels sont un peu plus incertains, à moins de considérer les fêtes organisées dans les résidences de Jeffrey Epstein comme la fine fleur de la culture.

Ce qui est inquiétant, c'est que la modification de la dénomination est possible, même si plusieurs écueils doivent être surmontés. Le gouvernement fédéral a autorisé la construction du centre en 1958. Financé à la fois par le gouvernement et des dons privés, le projet a été interrompu, puis relancé sous la présidence de John F. Kennedy, dont la famille a œuvré pour en obtenir le financement et la construction. Il a été nommé en son honneur après son assassinat. Deux mois plus tard, le président Lyndon B. Johnson a signé la loi faisant de ce centre un mémorial vivant dédié à Kennedy. La loi relative au bâtiment stipule

qu'"après le 2 décembre 1983, aucun mémorial ou aucune plaque commémorative ne pourra être érigé ou installé dans les espaces publics du John F. Kennedy Center for the Performing Arts".

Quatre nouveaux portraits grand format du premier et du deuxième couple présidentiel, les Trump et les Vance, ont toutefois été installés dans le Hall of Nations, l'entrée principale du centre. Jusqu'à cette année, l' espace public n'abritait qu'un unique buste en bronze du président John F. Kennedy. Trump ou ses collaborateurs ont donc, dans une certaine mesure, ignoré cette décision. Toutefois, comme le nom du centre est protégé par la loi, il faudrait une nouvelle loi pour inverser cette décision, qui devrait obtenir 60 voix au Sénat pour être adoptée. Or, comme les Démocrates n'accepteront pas, la majorité nécessaire fera défaut.

Et ce n'est pas fini. La glorification de Donald Trump par les Républicains au Congrès se poursuit, sans oublier le gouvernement israélien qui l'a qualifié de président le plus pro-israélien de tous les temps, signe que les éloges en série seront pleinement soutenues par le puissant lobby israélien.

On peut en effet voir se profiler à Washington un certain nombre de  projets de loi et autres propositions élevant Donald Trump au rang de personnage hors du commun, le propulsant au rang de personnalité d'exception. Vous pourriez bientôt vous voir accorder un jour de congé non seulement pour le Jour du drapeau, le 14 juin, mais aussi pour l'anniversaire de Donald Trump, dans le cadre d'un jour férié fédéral. Ou encore, imaginez que vous vous rendiez dans une banque du métro de Washington, qui s'appellerait le "Trump Train", pour retirer de l'argent et recevoir un billet de 100 dollars à l'effigie de Donald. Ou encore d'atterrir à l'aéroport international Donald J. Trump, anciennement Dulles International, près de la capitale fédérale, avant d'assister à un spectacle au Donald J. Trump Center for the Performing Arts. Tout pourrait devenir réalité si une série de projets de loi et de mesures proposés cette année par des législateurs républicains se concrétisait.

Trump en est à son deuxième mandat depuis à peine plus de six mois, mais certains républicains sont déjà prêts à l'élever au rang des grands hommes américains, proposant une liste toujours plus longue de projets de loi rendant hommage à Trump. Un législateur va même jusqu'à  proposer de faire sculpter son visage sur le Mont Rushmore, aux côtés de - excusez du peu - ceux de Washington, Lincoln, Jefferson et Teddy Roosevelt. Trump aurait confié à ses amis que ce serait son "rêve" d'être sculpté sur le Mont Rushmore. Heureusement, le Service des parcs nationaux, qui supervise le mémorial du  Mont Rushmore, a invoqué deux raisons pour lesquelles le visage de Trump ne peut être sculpté. Premièrement, il considère le mont Rushmore comme une "œuvre d'art aboutie". Deuxièmement, il n'y a plus de place :

"La partie sculptée du mont Rushmore a été soigneusement évaluée et il n'y a plus d'emplacement viable pour des sculptures supplémentaires".

Et la liste des hommages potentiels ne cesse de s'allonger. Le représentant Joe Wilson, originaire de Caroline du Sud, a distribué à ses collègues une brochure les invitant à soutenir un projet de loi qui chargerait le Bureau of Printing and Engraving de concevoir et d'imprimer, en juin 2026, un billet de 250 dollars à l'effigie de Donald Trump. Cette distinction coïnciderait avec le  250è anniversaire de la Déclaration d'indépendance des États-Unis. Soit dit en passant, il est illégal de représenter une personne vivante sur les billets de banque ou les pièces de monnaie américains, mais les partisans de Trump semblent croire que les règles sont faites pour être transgressées.

Si tout cela vous semble fou, eh bien, c'est parce que ça l'est. Preuve en est que notre dirigeant, ignorant des réalités, a embrassé un culte de la personnalité qui surpasse, et de loin, ceux de Joseph Staline, de Mao Zedong et d'Adolf Hitler. Ce fou immature et arrogant nous entraînera dans d'autres guerres sous peu, juste pour démontrer qu'il est si puissant et vertueux qu'il en a le pouvoir, et non parce que ce serait dans l'intérêt des Américains ou des États-Unis. Il suffit de penser aux absurdités des six derniers mois : des négociations bidon suivies de mises en garde récemment adressées à la Russie, une complaisance envers le sadisme d'Israël et l'absurde décision d'attaquer l'Iran, qui ne représente aucune menace pour nous. Et pour finir, Trump a déclaré qu'un "accord commercial" avec le Canada allait être  "très compliqué" simplement parce qu'Ottawa a l'intention de reconnaître la Palestine ! Jeudi, les États-Unis ont également annoncé l' imposition de  sanctions envers l'Autorité palestinienne ainsi qu'à l'organisme qui la représente sur la scène internationale. Ces sanctions s'appliqueront à la fois à l'Autorité palestinienne (AP), créée par les accords de paix d'Oslo, et à l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), reconnue comme représentant officiel du peuple palestinien en échange de la reconnaissance d'Israël et de la renonciation à la violence. Le département d'État a déclaré ne plus accorder de visas aux membres de l'OLP et aux responsables de l'AP.

Qui peut encore trouver un quelconque intérêt à de telles inepties ?

Traduit par  Spirit of Free Speech

* Philip M. Giraldi, Ph.D., est directeur exécutif du Council for the National Interest, une fondation éducative qui milite pour une politique étrangère américaine au Moyen-Orient davantage fondée sur ses intérêts. Son site web est  councilforthenationalinterest.org et son adresse électronique est informcnionline.org.

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