Agrémenté de liens choisis par Mendelssohn Moses, essentiellement dans la presse conforme
Conférence de presse du président de la République et de M. Volodymyr Zelensky (palais de l'Élysée, 16 février 2024)
Alors que la guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine entrera prochainement dans sa troisième année, cette visite a été l'occasion, pour le président de la République, de réaffirmer la détermination de la France à continuer d'apporter un soutien indéfectible à l'Ukraine et au peuple ukrainien.
Les Ukrainiens se battent non seulement pour leur liberté,
• bbc.com
mais aussi pour la sécurité de l'Europe. Notre engagement ne faiblira pas.
Le Président de la République, 16 février 2024
Monsieur le Président, cher Volodymyr,
Messieurs les ministres,
Messieurs les ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs, en vos grandes qualités.
Je suis très heureux, cher Volodymyr,
• afr.com 2023/07/26/ to-become-president-zelensky-had-to-learn-ukrainian
de te recevoir à nouveau aujourd'hui à Paris. C'est la troisième fois depuis le début du conflit et de l'agression russe contre ton pays. Cela fait de nombreuses fois, parce que je n'oublie pas ta première visite dans ces lieux. Tu étais alors candidat dans l'entre-deux tours en Ukraine et c'était la première fois que nous nous voyions. En te recevant aujourd'hui, c'est à travers toi, à tout le peuple ukrainien, que nous voulons d'abord exprimer notre admiration et surtout notre détermination à continuer de soutenir l'Ukraine dans la durée. Cette détermination est aussi forte qu'au premier jour, et je veux ici te dire que notre engagement à vos côtés ne faiblira pas. C'est aussi le sens de l'accord bilatéral de sécurité que nous venons à l'instant de signer. Il vient concrétiser un engagement que nous avions pris avec tous les pays du G7 au sommet de l'OTAN à Vilnius en juillet dernier. Il inscrit non seulement notre soutien dans la durée, mais aussi dans une démarche et une logique collective, puisque le Royaume-Uni et l'Allemagne ont déjà conclu un accord comparable et qu'à terme, tous les autres pays du G7 et 25 autres pays feront de même. Alors que nous allons dans quelques jours entrer dans la troisième année de cette guerre que seule la Russie a voulu,
je n'oublie pas, cher Volodymyr, nos échanges aux premières heures de cette funeste journée du 24 février 2022.
Je veux avoir une pensée pour tous les Ukrainiens, pour tous ceux que la guerre a arraché à leur maison, à leurs familles, pour ceux qui se battent sur le front à Avdiivka en particulier et ailleurs. Les Ukrainiens aujourd'hui se battent non seulement pour leur liberté, mais pour la sécurité européenne, pour la solidité des démocraties libérales
et la défense du droit international.
Cher Volodymyr, nous sommes déterminés à vos côtés à faire échec à la guerre d'agression de la Russie. Le courage de la résistance ukrainienne, le sursaut d'unité que votre juste combat a suscité ont déjà conduit à une série de défaites stratégiques de la Russie.
Il y a deux ans, la Russie nous expliquait mener une opération spéciale qui allait se conclure en quelques semaines. Elle en est réduite à vider ses prisons
• senat.fr
pour remplacer les pertes colossales qu'elle subit sur le front. On nous expliquait que la Russie avait un avenir certain. Beaucoup de jeunes Russes ont préféré la liberté à la guerre et se retrouvent à Belgrade, Tbilissi, Istanbul ou Paris. La Russie a perdu ses talents. Elle préfère financer une guerre inutile, injuste et cruelle plutôt que les services de base
• https://www.lepoint.fr/06/09/2023/urgences-degradation-sans-precedent-des-conditions-d-accueil-cet-ete
• la-croix.com
• lepoint.fr
pour sa propre population ou plutôt que de subventionner le prix des œufs pour les bas salaires.
La Russie était revenue depuis les années 90 autour des différents formats internationaux. Elle a perdu cette place et sa crédibilité sur la scène internationale. Elle l'a perdue parce qu'elle n'y est plus invitée. Elle l'a perdue parce que l'Ukraine rejoindra l'Union européenne
et je l'espère aussi l'OTAN. Elle a perdu stratégiquement, elle, pour qui l'accès aux mers est si décisif. En poussant la Finlande et la Suède à rejoindre l'OTAN et, ce faisant, à faire de la mer Baltique une mer aujourd'hui où les Alliés ont une place prépondérante, elle a perdu stratégiquement enfin, parce qu'elle met au Goulag ses esprits libres, qu'elle les y condamne à mort, à l'instar de Monsieur Navalny, dont je salue la mémoire et l'engagement.
• Les 6 « questions bêtes » sur l'affaire Navalny
• fr.fashionnetwork.com
Je pense ce soir à son épouse,
•
sa famille. Lui qui dément le déclin du courage contre lequel nous mettait si justement en garde Soljenitsyne. Oui, la mort de Monsieur Navalny dit la faiblesse du Kremlin et la peur de tout opposant. Les faits sont têtus, mais il faut toujours les rappeler. Il y a un agressé, l'Ukraine,
• cf2r.org
et un agresseur, la Russie.
Et si cette agression vise principalement l'Ukraine, elle fait de nombreuses autres victimes : l'Ordre et le droit international, la stabilité du monde, la planète entière par les déséquilibres que cette agression a créés, en particulier sur le plan alimentaire.
La Russie, malgré ses revers, s'est lancée dans une fuite en avant durant ces deux dernières années, et elle a, tout particulièrement ces derniers mois, accumulé et durci toutes les postures agressives, pas simplement face à l'Ukraine, mais contre nous tous. Aujourd'hui, c'est une nouvelle phase qui s'ouvre. La Russie de Vladimir POUTINE est devenue un acteur méthodique de la déstabilisation du monde, qui n'hésite pas à menacer son environnement, mais aussi, plus directement, nos intérêts.
La Russie est devenue une puissance impérialiste qui nie la souveraineté de l'Ukraine, de son droit et de sa capacité à faire ses choix, à choisir ses alliances, bref à exister. Et au fond, ce que cherche la Russie, c'est un ordre fondé sur la force. Ce que défend l'Ukraine et nous, avec elle, est le respect des principes fondamentaux du droit international.
• senat.fr
La Russie est devenue une puissance révisionniste de manière croissante ces dernières années. Les propos tenus encore récemment
montrent que cet appétit de réécrire l'histoire n'a plus de limites. Il n'y a pas que les pays qu'elle a récemment envahis comme l'Ukraine ou la Géorgie qui ont des raisons de s'inquiéter.
La Russie bâtit actuellement, devrais-je dire plutôt le régime du Kremlin, car je ne veux pas ici y engager tout un peuple, mais simplement quelques décideurs qui ont décidé précisément de changer, pour le pire, le destin de leur propre nation.
Le régime du Kremlin bâtit actuellement un récit fantasmé pour remettre en cause les frontières héritées de l'Union Soviétique
• npr.org
en reniant sa propre parole et ses propres engagements,
notamment ceux pris à Alma-Ata en 1991, ce qui est une menace pour l'Europe, le Caucase, l'Asie centrale. Elle doit savoir que le monde la regarde, que chacun est en droit de se demander quel nouveau bout tronqué et truqué d'histoires elle invoquera pour poursuivre son agenda, quel nouveau pays sera sa proie, quel autre pays, demain, sera tenté de l'imiter.
La Russie a aussi, ces dernières années, accumulé des interférences dans les élections.
Je n'oublie pas que moi-même, lors de la campagne électorale de 2016-2017, j'avais subi des attaques très directes de la Russie.
J'avais eu l'occasion de m'en expliquer lors de notre première rencontre avec Vladimir POUTINE. Ces derniers mois, partout en Europe, ces manœuvres de désinformation, de manipulation de l'information
mais les attaques sur le plan cyber se sont profondément multipliées, systématisées et intensifiées. La Russie, en effet, a franchi plusieurs seuils sur ce plan, à l'égard des démocraties européennes durant les dernières semaines et les derniers mois. C'est ce qui nous a conduits, avec l'Allemagne
et la Pologne,
à révéler et à attribuer plusieurs de ces attaques, et nous continuerons de faire de même. Ce changement de posture marque très clairement une volonté d'agression, à notre endroit.
Enfin, la Russie a multiplié aussi les zones de confrontation et de déstabilisation en Afrique
• jamestown.org
• clubofmozambique.com
comme au Proche et Moyen-Orient. Il n'est pas jusqu'à l'espace où ne se posent de graves questions, je reste ici prudent, mais les inquiétudes exprimées par certains ces derniers jours
sur le possible déploiement par la Russie d'armes nucléaires dans l'espace ne fait que compléter ce tableau. Ces faits, s'ils étaient confirmés, seraient si graves, si illégaux, si déstabilisants pour le monde et préoccupants pour les citoyens que la Russie doit sans tarder donner des explications. Les institutions internationales doivent très clairement s'en saisir.
Tout ceci montre clairement que si ces dernières années, la Russie sur plusieurs de ces points, avait une forme de continuité - impérialisme, révision de l'histoire, déstabilisation de nos démocraties - l'intensification de ces agressions, le changement de nature et les seuils franchis font qu'il est temps aujourd'hui de le dire : ce changement de posture de la Russie exige un sursaut collectif.
Un message clair venu d'Europe, celui que nous ne laisserons pas faire, mais aussi très clairement, un signal de la communauté internationale. Car ces agressions touchent la stabilité tout entière de la planète
et concernent tous les pays qui ont des responsabilités diplomatiques éminentes.
Que les choses soient claires, la France n'est pas en guerre ni contre la Russie, ni contre le peuple russe. La France a d'ailleurs tout fait pour empêcher la guerre en Ukraine.
Mais nous sommes décidés à faire échec à la guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine et à toutes les agressions dont la Russie pourrait se rendre coupable. Si la Russie pense qu'elle peut affaiblir notre détermination, miser sur telle ou telle élection ou bien sur notre lassitude, alors elle se trompe.
Devant toi, cher Volodymyr, je veux ici redire que la France continuera de soutenir l'Ukraine dans la durée. C'est le sens - je le disais dès le début de mon propos - de l'accord que nous avons conclu pour une durée de 10 ans et qui restera valide tant que l'Ukraine n'aura pas rejoint l'OTAN.
Dans le cadre de cet accord, la France s'est engagée à apporter jusqu'à 3 milliards d'euros d'aides militaires supplémentaires pour l'Ukraine en 2024, après les 1,7 milliards d'euros de 2022 et les 2,1 milliards d'euros de 2023. Cette aide a pour objectif de continuer de fournir à l'Ukraine les moyens de défendre dans la durée sa souveraineté et son intégrité territoriale. La France s'engage aussi à poursuivre le soutien qu'elle apporte à l'Ukraine sur tous les plans : fourniture de matériel militaire, coopération entre industries de défense avec le développement de coproductions, formations, renseignement, aides civiles,
etc. En aidant nos partenaires ukrainiens à se défendre, nous investissons pour la sécurité de l'Europe, le renforcement de la base industrielle, technologique et de défense européenne.
Tout cela représente déjà beaucoup, mais nous sommes déterminés à faire encore davantage, y compris en bousculant les habitudes, le confort de certaines certitudes. Je souhaite en particulier que la France et l'Union européenne continuent de s'adapter au contexte nouveau qui est le nôtre. Cela supposera un effort résolu de réarmement en termes de doctrines et de moyens. Il s'agit là d'un nouveau test pour l'Union européenne.
Mais l'issue de la guerre d'agression de la Russie contre l'Ukraine sera décisive pour nos intérêts, nos valeurs, notre sécurité et notre modèle de société. Dès le sommet de Versailles en mars 2022, convoqué sous présidence française de l'Union européenne, nous avons montré notre capacité, ensemble, à changer de paradigme. Aider l'Ukraine à défendre sa souveraineté va de pair avec notre propre souveraineté
et notre autonomie stratégique.
Et notre endurance, notre détermination seront encore éprouvées, mais nous trouverons l'énergie et les ressources pour continuer de nous transformer.
C'est aussi la raison pour laquelle je veux ici redire mon soutien à la proposition de la Première ministre estonienne, Kaja KALLAS,
d'émettre des financements nécessaires
• nato.int
dans la durée pour notre soutien à l'Ukraine et à la mobilisation de notre base industrielle européenne.
Oui, l'Europe doit investir davantage, encore à une autre échelle, et dans la durée.
Voilà ce que je voulais dire aujourd'hui, Monsieur le Président, cher Volodymyr,
• cda.pl (disponible en anglais sur site polonais)
notre soutien déterminé jusqu'au bout, notre volonté à vos côtés de faire et la conviction que, non seulement ce faisant, nous défendons l'Ukraine, mais nous défendons aussi ce qui nous lie sur un même continent au service des mêmes valeurs.
Vous saurez trouver la France à vos côtés aujourd'hui comme demain,
et je veux vous remercier une nouvelle fois d'être à Paris
aujourd'hui avec notre soutien pour aujourd'hui, demain et aussi longtemps que nécessaire. Je vous remercie.