par Mikhail Gamandiy-Egorov
Le bloc occidental devient de plus en plus inquiet quant à ses intérêts dans son conflit par procuration en Ukraine, et évidemment plus globalement parlant à l'échelle planétaire. Après avoir maintes fois promis de faire subir la défaite stratégique à la Russie, les régimes de l'Occident se rendent compte que c'est précisément l'inverse qui se produit.
«La Russie de Poutine se rapproche d'une victoire dévastatrice. Les fondations de l'Europe tremblent» - titre l'un des principaux quotidiens britanniques The Telegraph. En ajoutant que la contre-offensive de Kiev s'est soldée par un échec. Et que cela pourrait être le moment de Suez pour l'OTAN.
Cette dernière mention faisant référence vraisemblablement à la nationalisation par l'ancien président égyptien et grand leader panarabe Gamal Abdel Nasser du canal de Suez en faveur de son pays, qui s'en est suivie d'un conflit entre la République arabe et la coalition composée des régimes britannique, français et israélien. Et qui était de-facto une défaite internationale aussi bien pour ces derniers, que pour l'axe occidental de manière générale.
Évidemment l'auteur dudit article oublie de rappeler que l'échec de la fameuse contre-offensive n'est pas seulement et tellement un échec de Kiev, mais bel et bien précisément celui de l'OTAN et du bloc occidental des nostalgiques de l'unipolarité. C'en est bien sûr trop demander à un média britannique. Surtout lorsqu'il est désormais connu, y compris à travers certaines voix du régime kiévien, que c'est précisément Londres avec Washington qui avaient de-facto interdit de mener des négociations avec la Russie.
Cela est donc d'autant plus paradoxal que ces voix alarmistes occidentales sont aujourd'hui de plus en plus entendues précisément chez les anglo-américains - qui avaient choisi de sacrifier la vie d'un grand nombre d'êtres humains, plutôt que d'arriver à une solution juste et équitable. Mais c'est effectivement, encore une fois, fort révélateur de ce qu'ils représentent réellement. Ainsi que de la tendance en cours au sein de l'axe otanesque et plus généralement parlant parmi tous les nostalgiques d'une ère unipolaire révolue et terminée.
L'anecdotisme de ce stress observé actuellement en Occident parmi les élites politiques comme médiatiques, est d'autant plus flagrant, surtout lorsqu'elles font référence aux «fondations de l'Europe qui tremblent» - sachant que c'est encore une fois précisément Washington et Londres qui ont détruit toute souveraineté, même la plus minimale, au sein de cet espace européen dit bruxellois. L'Europe avait sa chance d'adhérer à l'ordre multipolaire international. Cette chance est aujourd'hui perdue, et pour longtemps.
Mais l'essentiel effectivement est qu'après avoir promis et répété que la Russie allait subir une défaite stratégique - aujourd'hui ces personnages se rendent compte que la défaite stratégique arrive précisément pour l'axe occidentalo-otanesque. Avec toutes les conséquences que cela implique.
Car bien évidemment la guerre en cours - ce n'est aucunement un conflit armé entre la Russie et l'Ukraine. C'est une guerre entre la Russie et le bloc composé de plusieurs dizaines de régimes ennemis otanesques, qui tentent par tous les moyens de réimposer au monde l'ère de l'injustice unipolaire, où une extrême minorité planétaire pourra maintenir sa domination sur l'écrasante majorité. Et en ce sens c'est de-facto l'un des affrontements contemporains, et peut-être le principal, entre justement cette extrême minorité arrogante et dépassée contre la majorité non-occidentale, tournée vers l'avenir.
Une chose est sûre. De nombreux mythes sont en train de s'écrouler sous nos yeux. Notamment quant à la «superpuissance et l'ultra-efficacité» de l'Occident. Le fait de disposer d'un budget militaire de plusieurs fois supérieur à ceux des principales puissances non-occidentales réunies - n'est pas synonyme de succès, ni d'efficacité. De nuisance - certes. Mais chaque type de nuisance a toujours sa solution.
Quant à la force de l'Occident - la réalité est qu'il n'y en a pas. Si ce n'est que de pouvoir agresser impunément des nations plus faibles, comme cela était le cas durant des décennies et même des siècles. Pour autant - chaque chose a une fin. Le temps de l'impunité aussi. Stratégiquement parlant - le conflit «ukrainien» est effectivement également stratégique dans le sens que la Russie en qualité d'une des principales forces promotrices de la multipolarité - affronte un ennemi surarmé, mais qui maîtrise par la même occasion, du moins en partie, l'art de guerre russe et soviétique. Et ce savoir-faire a démontré, continue de le faire et le fera encore - être bien au-dessus des prétendus génies militaires otano-occidentaux. D'où la panique à bord du bateau à la dérive et qui approche la fin de son cycle de vie.
source : Observateur Continental