Source: AFP
Légionnaire français lors des exercices de l'OTAN en Norvège en mars 2024 (image d'illustration).
Si des troupes françaises sont envoyées en Ukraine, la Russie prendra des mesures de représailles. «Vous vous interrogez sur notre éventuelle réaction diplomatique, mais il est évident que si un tel scénario se réalise, les mesures de réponse se situeront bien au-delà du plan politique», a prévenu Artem Stoudennikov, directeur du premier département européen du ministère des Affaires étrangères, dans un entretien à RIA Novosti. «La partie française a été directement avertie à plusieurs reprises», a-t-il ajouté.
Aussi le diplomate a-t-il noté que Moscou ne pouvait s'empêcher de prendre les déclarations françaises au sérieux, même si la «rhétorique de plus en plus belliqueuse» du président français Emmanuel Macron ne trouve pas un large soutien parmi les alliés de l'UE et de l'OTAN et qu'elle est rejetée par la majorité des Français.
Selon lui, la France sera de facto considérée comme co-belligérante si elle envoie des troupes en Ukraine, ce qui augmentera considérablement le risque d'affrontement entre deux puissances nucléaires sur le champ de bataille. Les militaires français «deviendront des cibles légitimes» pour l'armée russe, a-t-il ajouté.
«Il me semble que Paris officiel a de quoi réfléchir»
«Les Français sont-ils prêts à mourir pour les intérêts du régime néo-nazi ukrainien et des Anglo-Saxons qui le supervisent ? Que vont expliquer les autorités françaises aux familles des victimes ?», a questionné le diplomate. «Il me semble que Paris officiel a de quoi réfléchir», a-t-il fait remarquer.
Artem Stoudennikov a exprimé l'espoir que «sinon la raison, du moins l'instinct de conservation» prévaudra dans les cercles dirigeants français. Avant toutefois de prévenir : «D'une manière ou d'une autre, nous sommes prêts à toute évolution des événements».
Des exercices avec des armes nucléaires non stratégiques
Ces propos s'inscrivent dans un contexte d'exacerbation des tensions entre la France et la Russie, cette dernière dénonçant l'implication croissante de Paris en Ukraine depuis l'annonce mi-janvier de la livraison aux forces de Kiev de missiles de croisière Scalp supplémentaires. Le refus d'Emmanuel Macron au nom d'une «ambiguïté stratégique» d'exclure un envoi de troupes occidentales en Ukraine, plusieurs fois répété depuis le 26 février, n'a rien arrangé. Le 2 mai dans The Economist, le président français a souligné la condition d'une demande de Kiev.
Le 21 mai, l'armée russe a annoncé avoir débuté ses tests d'utilisation d'armes nucléaires non stratégiques. Ces exercices interviennent «en réponse aux déclarations provocatrices et aux menaces de responsables occidentaux contre la Fédération de Russie», ajoute l'armée russe. Une raison déjà précisée le 6 mai dernier lorsque l'armée russe avait annoncé qu'elle mènerait ces exercices.
Le Kremlin avait également indiqué qu'ils étaient liés aux déclarations d'Emmanuel Macron sur un envoi éventuel de troupes occidentales en Ukraine et du ministre britannique des Affaires étrangères David Cameron qui a soutenu, le 2 mai dernier, les frappes que les forces ukrainiennes pourraient mener sur le sol russe avec des armes britanniques.