13/12/2025 2 articles ismfrance.org  7min #298876

Karim Khan, de la Cpi, affirme qu'un haut responsable britannique l'a menacé au sujet de l'enquête sur Israël

Sondos Asem et Imran Mulla, 12 décembre 2025. Karim Khan, procureur général britannique de la Cour pénale internationale, accuse un haut responsable du gouvernement britannique de l'avoir menacé de retirer le financement et le soutien du Royaume-Uni à la Cour s'il demandait des mandats d'arrêt contre des dirigeants israéliens.

Selon Middle East Eye, il s'agirait de David Cameron, alors ministre des Affaires étrangères et ancien Premier ministre.

Cette allégation figure dans une déclaration soumise par M. Khan à la Cour, qui détaille une campagne de menaces dont le procureur aurait été victime avant que son bureau ne demande des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense Yoav Gallant en mai 2024 pour des crimes de guerre présumés à Gaza. La déclaration, soumise mercredi à la Chambre d'appel de la CPI en réponse à une demande israélienne visant à dessaisir Khan de l'enquête et à annuler les mandats d'arrêt, semble corroborer les révélations précédentes de MEE qui avaient mis au jour de nombreux détails sur les tentatives de discréditer Khan, notamment l 'appel téléphonique explosif de Cameron au procureur.

Israël allègue que Khan a précipité l'émission des mandats d'arrêt après avoir été informé des accusations d'inconduite sexuelle portées contre lui. Mais la déclaration de Khan rejette les accusations israéliennes, les qualifiant de fondées sur « un brouillard de conjectures orientées et d'affirmations trompeuses ou fausses », et sur « un miasme de reportages spéculatifs ».

Sa déclaration expose en détail la chronologie des événements qui ont conduit son bureau à demander des mandats d'arrêt contre les deux Israéliens, ainsi que contre des dirigeants du Hamas, le 20 mai 2024, après des mois de ce qu'il a décrit comme « un processus méticuleux » mené par son bureau. Khan est en congé depuis mai dernier, dans l'attente des conclusions d'une enquête pour inconduite sexuelle menée par une équipe dirigée par l'ONU. Il nie catégoriquement les allégations portées contre lui.

Les allégations d'inconduite sexuelle ont été révélées pour la première fois à Khan en personne par des membres de son équipe le 2 mai 2024, le jour même où il prévoyait d'annoncer les mandats d'arrêt visant Netanyahu et Gallant, selon la chronologie des événements présentée dans le document.

Dans sa demande de récusation du procureur, déposée le 17 novembre, Israël a affirmé que ce dernier manquait d'impartialité et était motivé par des considérations personnelles qui l'avaient poussé à déposer les mandats à la hâte.

Mais Khan a déclaré que les demandes de mandat avaient déjà été préparées avant les allégations d'inconduite et que son enquête sur les crimes de guerre présumés commis par Israël et le Hamas avait débuté en octobre 2023, peu après les attaques du Hamas contre Israël.

Dans sa déclaration, comme l'a précédemment rapporté MEE, Khan a expliqué qu'à la fin de 2023, ses enquêtes étaient suffisamment avancées pour qu'il puisse réunir un panel indépendant de sept experts juridiques, parmi lesquels les avocates britanniques spécialisées dans les droits de l'homme Amal Clooney et Helena Kennedy, ainsi que le juriste israélien Theodor Meron. Le panel a été officiellement créé en janvier 2024 afin de déterminer si les conditions légales pour l'émission de mandats d'arrêt étaient remplies, et plus précisément s'il existait des « motifs raisonnables de croire » que les personnes nommées avaient commis des crimes relevant de la compétence du tribunal.

En mars 2024, Khan a déclaré que le panel avait conclu à l'unanimité que son bureau avait rassemblé suffisamment d'éléments pour demander des mandats et que la procédure avait été « équitable, rigoureuse et indépendante ».

Le 24 mars 2024, Khan s'est rendu aux États-Unis, où il a informé de hauts responsables américains de son intention de demander des mandats d'arrêt dans le cadre de la situation en Palestine et que les demandes devraient être déposées avant la fin avril.

Pressions exercées par des responsables pour l'abandon des demandes de mandats

Alors que la préparation des mandats se poursuivait, Khan a indiqué que son bureau subissait des pressions diplomatiques croissantes de la part de plusieurs États l'exhortant à retarder ou à abandonner les demandes visant des responsables israéliens.

Cela comprenait un appel téléphonique, le 19 avril, d'un haut responsable américain mettant en garde contre les « conséquences désastreuses » qu'entraînerait l'exécution des mandats d'arrêt. Khan affirme avoir rejeté cet appel, invoquant le manque de coopération concrète d'Israël et l'absence de changement dans sa conduite des hostilités à Gaza.

Des pressions supplémentaires ont suivi, notamment un appel téléphonique, le 23 avril, à Khan de la part d'un « haut responsable du gouvernement britannique » qui a averti que des mandats d'arrêt contre des dirigeants israéliens seraient disproportionnés et pourraient entraîner le retrait du financement britannique du tribunal.

MEE confirme, comme déjà rapporté, que l'appel téléphonique mentionné par Khan a bien eu lieu avec Cameron.

Au cours de cet appel, selon des sources proches du dossier, Cameron a déclaré à Khan que demander des mandats d'arrêt contre Netanyahu et Gallant reviendrait à « larguer une bombe H ».

Cameron a affirmé qu'il était une chose d'enquêter sur la Russie et de la poursuivre pour une « guerre d'agression » contre l'Ukraine, mais tout autre chose de poursuivre Israël alors qu'il « se défendait des attaques du 7 octobre ».

Cameron n'a pas répondu aux demandes de commentaires de MEE. Dans le récit de cet épisode paru dans le livre du journaliste de MEE, Peter Oborne, intitulé  Complicit: Britain's Role in the Destruction of Gaza, (Complicité : Le rôle de la Grande-Bretagne dans la destruction de Gaza), une source proche de Cameron a confirmé que l'appel avec Khan avait bien eu lieu et qu'il avait été « ferme ».

Cette même source a toutefois précisé qu'au lieu de proférer une menace, Cameron avait souligné que des voix influentes au sein du Parti conservateur feraient pression pour le retrait du financement de la CPI et le retrait du Statut de Rome, la charte fondatrice de la Cour.

En juin, l'ancien Premier ministre écossais, Humza Yousaf, a déclaré à MEE que la commission des affaires étrangères du Parlement britannique devrait enquêter sur le contenu de cet appel téléphonique.

Mumza Yousaf était Premier ministre écossais lorsque Cameron était ministre britannique des Affaires étrangères.

Il a affirmé : « Lord Cameron doit rendre des comptes. Il s'agit d'une affaire extrêmement grave. Nous devons savoir si un ministre britannique des Affaires étrangères en exercice a menacé de couper les fonds à la Cour pénale internationale. » En août, le député indépendant Jeremy Corbyn, ancien chef du Parti travailliste, a également appelé le gouvernement britannique à enquêter sur la conversation téléphonique entre Cameron et Khan.

« Je pense que nous devons savoir, et nous avons le droit de savoir », a déclaré Corbyn à MEE.

Sanctions contre le procureur

Suite à l'appel de Cameron, Khan a énuméré d'autres tentatives de pression pour l'empêcher de déposer les demandes.

Plus tard en avril, dix sénateurs américains ont écrit à Khan pour le menacer de sanctions, ainsi que la CPI, si des mandats étaient émis. Le 26 avril, Netanyahu a publiquement critiqué la CPI sur les réseaux sociaux, rejetant toute tentative de porter atteinte au droit d'Israël à la légitime défense.

Khan a également décrit des réunions, les 30 avril et 1er mai, avec des représentants d'États occidentaux et des responsables américains, qu'il qualifie de tentatives de le dissuader de poursuivre la procédure. Lors d'un appel téléphonique le 1er mai, le sénateur américain Lindsey Graham a averti que l'émission de mandats contre des responsables israéliens entraînerait des sanctions américaines.

Les États-Unis ont imposé des sanctions à Khan en février. D'autres membres de son cabinet et plusieurs juges ont également été visés.

Dans sa requête déposée mercredi, Khan a contesté la recevabilité de la demande israélienne, la jugeant irrecevable faute de qualité pour agir. Il a toutefois précisé qu'il se devait, « par souci de transparence », de rétablir la chronologie des événements.

Article original en anglais sur  Middle East Eye / Traduction MR

 ismfrance.org

Articles enfants
13/12/2025 ssofidelis.substack.com  3min #298900

 Karim Khan, de la Cpi, affirme qu'un haut responsable britannique l'a menacé au sujet de l'enquête sur Israël

Le Royaume-Uni a menacé la Cpi de représailles après l'émission du mandat d'arrêt contre Netanyahu

Par Quds News Network, le 12 décembre 2025

Londres - Le gouvernement britannique a menacé de retirer son financement à la Cour pénale internationale et de se retirer du Statut de Rome si elle donnait suite au mandat d'arrêt contre Benjamin Netanyahu. Le procureur de la CPI, Karim Khan, a révélé cette information dans un nouveau document soutenant sa décision de poursuivre le Premier ministre israélien, rapporte The Guardian.