25/01/2012 silviacattori.net  6min #62589

 Les disciples de Goebbels à l'oeuvre contre la Syrie

Des vérités sur la Syrie

Un article de Jeremy Salt

Dans son discours à l'Université de Damas, la semaine dernière [le 10 janvier], Bashar al-Assad a évoqué un complot contre la Syrie. Vous pouvez chercher un autre mot, et bien sûr il y en a un. Les fantassins de cette campagne pour abattre le gouvernement syrien sont des hommes armés qui s'appellent l'Armée Libre de Syrie et des gangs en armes, ramassés au hasard. Aucun de ces groupes ne pourrait poursuivre les violences constatées sans un soutien extérieur.

24 janvier 2012

L'Occident est à l'affût d'une nouvelle guerre au Moyen-Orient. 

A moins d'une intervention armée directe, ils ne peuvent pas renverser le régime syrien. Ce qu'ils peuvent faire, c'est continuer de tuer et de déstabiliser en espérant qu'il s'effondrera.

Seul point d'accord : détruire le régime baasiste

Leurs parrains sont les États-Unis, la France, la Grande-Bretagne, l'Arabie Saoudite, le Qatar, les Frères Musulmans, le Conseil National Syrien, un assortiment d'« exilés », certains très étroitement liés au Foreign Office britannique et au Département d'État, et aux salafistes de la région.
Les réformes ne sont pas l'enjeu et même si leurs agendas divergent, ils convergent tous sur un point : leur volonté de détruire le régime baasiste.
Pour les États-Unis, la France et la Grande-Bretagne - « l'Occident » - l'objectif est de se débarrasser d'un gouvernement et d'un parti politique qui se sont mis sur leur chemin, depuis trop longtemps.
Pour l'Arabie Saoudite, il s'agit de confronter l'Iran et de contenir l'expansion du chiisme dans la région.
Pour les Frères Musulmans, la répression de leur mouvement par Hafez al- Assad en 1982 doit être vengée par la mise à bas d'un gouvernement séculier et l'installation, en remplacement, d'une domination fondée sur la charia.
Pour les salafistes et les Frères, la question est aussi de détruire les Alaouites comme force socio-politique en Syrie.

Les États-Unis tout comme l'Arabie saoudite considèrent l'Iran, la Syrie et le Hezbollah comme les facettes d'un même problème. L'Arabie saoudite voit en l'Iran la « tête du serpent » et cherchait, dans les dernières années de l'administration Bush, à ce qu'il soit attaqué, mais une guerre ouverte, levant le voile sur la guerre souterraine qui se déroule déjà, aurait été catastrophique pour les pays y prenant part.

(...)

Depuis le début de l'année, la carte géopolitique de la région a été dramatiquement redessinée. Les partis islamistes sont au gouvernement, ou en feront partie, que ce soit au Maroc, en Tunisie et en Égypte. Ils obtiendront de bons résultats en Libye lors des prochaines élections. Ce que les partis politiques disent en tant qu'opposants et ce qu'ils accomplissent une fois au pouvoir sont généralement deux choses différentes et les partis islamistes ne font pas exception.
Sur la question épineuse des relations avec Israël, Rachid Ghanouchi, le chef du parti Al-Nahda, a eu des entretiens discrets avec les Israéliens à Washington et il a indiqué que la Palestine ne serait pas une question prioritaire pour le nouveau gouvernement tunisien.

(...)

L'Occident est à l'affût d'une nouvelle guerre au Moyen-Orient

Dans ce paysage politique en constant changement, la Syrie est un État qui tient. Il résiste aux États-Unis et Israël d'une part, et aux islamistes/salafistes de l'autre. L'opposition pacifique a, depuis longtemps, été balayée par la violence, avec l'armée se battant contre « des déserteurs » et des gangs armés qui sont, selon les médias, une invention du gouvernement.
La presse doit toujours interviewer les familles des milliers de soldats et de civils qui sont tombés sous les balles de ces « déserteurs » et autres bandes armées pour savoir ce qu'ils pensent des événements dans leur pays. Ne se fondant que sur les accusations non vérifiées d' « activistes » et de sources suspectes, elle a joué un rôle critique dans la propagation de nouvelles fausses. La semaine dernière, The Guardian a touché le fond en publiant une accusation fournie par un « activiste » basé à Londres accusant les forces de sécurité syriennes d'enfourner des détenus dans des containers qu'elles jetaient ensuite à la mer... Aucune preuve n'a été apportée, mais cela donne un exemple de la manière dont The Guardian a informé ses lecteurs de bout en bout. Quand Damas a été victime d'un attentat à la bombe, le Guardian et la BBC ont entonné l'accusation que ces attentats étaient, selon les opposants, le fait du gouvernement Aucune preuve n'a été donnée à l'appui alors même que les Syriens étaient encore en train de laver le sang des rues et de ramasser les débris des corps de ceux qui avaient été tués.
Quand la Ligue arabe a émis une déclaration provisoire sur la mission de ses émissaires en Syrie dans laquelle elle demandait au gouvernement syrien et aux bandes armées de faire cesser la violence, la BBC sur sa page web tronquait l'appel pour ne le concentrer que sur l'appel destiné au gouvernement.

L'Occident est à l'affût d'une nouvelle guerre au Moyen-Orient car telle est l'essence de la campagne contre la Syrie. L'Iran reçoit des provocations tous les jours de sorte qu'un scientifique nucléaire iranien a été assassiné dans l'espoir que l'Iran réagirait et enclencherait la nouvelle intervention militaire qu'en Israël et aux États-Unis beaucoup souhaitent.

Il ne fait aucun doute que la Syrie doit procéder à des réformes mais, contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce n'est pas ce qui motive les États-Unis, la France, l'Arabie saoudite, la Grande-Bretagne et le Qatar. Ceux qui le pensent font un doux rêve. Chaque information provenant des activistes aussi énormes soit-elle, a une audience respectueuse des médias, correspondant à leurs attentes. La fin de la violence n'est pas au programme de ces protagonistes. Ils veulent qu'elle continue jusqu'à la chute du gouvernement syrien et ils en ont les moyens, presque indéfinis. S'ils plongent et provoquent une attaque ouverte contre la Syrie ou l'Iran, ils enclencheront une guerre régionale et, de l'avis de certains, une guerre générale. Dans leurs costumes gris et leurs cravates pastel, ces gens sont fous comme l'étaient les nazis en chemises brunes.

Jeremy Salt
The Palestine Chronicle, 12 janvier 2012.


Jeremy Salt enseigne l'histoire du Moyen Orient moderne dans le département de science politique de Bilkent University, Ankara. Auparavant il a enseigné à Bogazici (Bosporus) University à Istanboul à l'Université de Melbourne. Il a publié divers ouvrages dont The Unmaking of the Middle East : A History of Western Disorder in Arab Lands (University of California Press, 2008). Il collabore au site Palestinechronicle.com

Traduction [partielle], Xavière Jardez - Titre et sous titres, AFI-Flash (24.01.2012) :
 france-irak-actualite.com

Texte original en anglais (12.01.2012) :
 http://www.palestinechronicle.com/view_article_details.php ?id=17384

Toutes les versions de cet article :
-  Truth about Syria: Crazy Men in Grey Suits

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