Il y a cinquante ans jour pour jour, le 17 octobre 1961, à l'appel du Front de Libération Nationale algérien (FLN), 20 000 à 30 000 Algériens de Paris manifestent contre la terreur d'Etat et le couvre-feu qui leur est imposé, contre les violences policières qu'ils subissent quotidiennement et pour affirmer la revendication d'indépendance nationale de l'Algérie, à cette époque acquise de manière certaine.
Disposant d'un permis de tuer, la police française se déchaîne sur les manifestants, les arrête, les tabasse, les tue, jette leurs corps dans la Seine. Aucun chiffre précis ne peut être avancé à ce jour, du fait de l'opacité et des négations de l'État français, mais il est admis par les études les plus sérieuses que, en septembre et octobre 1961, plusieurs centaines d'Algériens ont été tués par la police parisienne. Les parents des victimes sont nombreux aujourd'hui à se poser la question suivante : Si les finalités n'étaient pas les mêmes, comment ne pas établir un parallèle entre les techniques de police utilisées par Vichy et celles utilisées pour traquer les militants algériens de Paris dans les années 1950 et au début des années 1960 ? Les deux systèmes ont en effet plusieurs points communs. Soumis à une législation d'exception, traqués, raflés, transportés dans des véhicules mis à disposition de la police par la RATP, les Algériens étaient conduits dans des camps et des « centres de tri». Ils y étaient parfois détenus de longues semaines, recensés, questionnés, passés à tabac, torturés, quand ils n'étaient pas tués à la sauvette, le tout sous la direction de Maurice Papon, passé de la traque des Juifs et des résistants en France à celle des anticolonialistes dès 1945 en Algérie et au Maroc. Papon a dirigé, à partir de mars 1958, une préfecture de Police de Paris rapidement transformée en machine de guerre contre le FLN et l'ensemble des Algériens.
Comment donc ne pas voir que ce qui se joue dans le souvenir d'octobre 1961 a des résonances profondes aujourd'hui ? En France, la police semble souvent continuer à jouir d'une impunité lorsqu'elle cause la mort de jeunes hommes, le plus souvent basanés, le plus souvent habitant des quartiers populaires, au nom du prétendu combat de l'Etat contre «l'ennemi intérieur».
Octobre 1961 est la date d'un massacre, celui commis par Etat qui n'hésite pas aujourd'hui, du moment que ses intérêts le dictent, à déclencher les guerres en terre de l'Islam et ce, au nom de la Liberté, de la démocratie et pire encore de l'humanitaire! Si le président Sarkozy demande à la Tuqruie de reconnaitre le "génocide arménien de 1915é, qu'il le fasse, mais qu'au moins il ait le courage de faire ce que ses prédecessurs n'ont fait à dévoiler cet autre visage de la France, celui dont le souvenir ne s'effacera jamais des mémoires des Algériens. Pour un homme politqiue si viséralement attaché à son image, ce sera un premier pas pour entrer dans l'Histoire!