Y a quand même un truc qu'on peut pas du tout leur enlever, aux journaleux qui font L'Express : c'est leur aigu sens de l'équité.
(Ces grands pros témoignent d'une si parfaite impartialité dans le traitement de l'info, coco, qu'il ne messiérait point qu'on les montrât en exemple dans les écoles où se fabrique leur relève.)
Ainsi, quand, par exemple, des terroristes islamistes commettent des attentats dans la moitié occidentale de notre si complexe monde : L'Express en fait sa couverture - non sans la doubler, dans ses pages d'intérieur, d'exhaustifs dossiers d'où ressort, plus ou moins nettement (mais plutôt plus que moins, en règle générale), qu'entre les populations de l'Arabo-mahométanie et nous, qui sommes (de) l'Occident des Lumières, mâme Dupont ?
Ça sera de toute façon très (très) compliqué - soit dit sans islamophobie aucune, vous nous connaissez, mâme Dupont, vous savez qu'on n'est pas comme ça.
D'ailleurs : même quand ces foutus islamistes nous laissent un peu souffler, et restent plus d'un mois sans nous mettre des bombes dans King's Road ?
Les journaleux qui font L'Express, légitimement soucieux de ce que ce calme trompeur ne nous émollie point trop la vigilance against muslims, nous balancent tout de même des couvertures, doublées dans leurs pages d'intérieur d'exhaustifs dossiers où leurs christianmakarians peuvent librement donner (sans crainte des tabous) la pleine mesure de leur talent, d'où monte qu'il serait bon, mâââme Duuupont, de ne pas trop négliger que, non loin des fil(le)s d'Allah ?
Vous aurez toujours « le retour de la menace terroriste » - ou à tout le moins la menace du retour de la menace, et ça, convenez : c'est anxiogène.
De la même manière : quand un terror... Un « tueur » pas musulman (du tout) commet quant à lui des attentats qui font en Norvège deux fois plus de victimes (ou presque) que n'en a fait en juillet 2005 l'alqaidé massacre de Londres ?
Les journaleux de L'Express procèdent comme ils procèdent toujours quand des bombes explosent dans des cités de l'Occident : ils balancent une couverture à grand spectacle, façon war on terror.
Et, comme d'hab : ils la doublent d'un épais dossier.
Et, bon, là, c'est vrai que la couverture est sans doute un tout petit peu moins spectaculaire qu'à l'accoutumée...
...Et que le dossier, itou, est un peu moins épais que d'habitude - puisqu'il ne fait qu'une double page, en fait.
Mais c'est aussi que les situations ne sont pas du tout les mêmes, et que, quand ce sont des islamistes qui massacrent des passant(e)s, on sait qu'ils ont derrière eux ce que le réputé mahométanologue Jean Daniel a fort justement appelé « la connivence secrète des musulmans avec les terroristes même quand ils les désavouent publiquement » - alors que, par contraste : le terr... « Le tueur d'Oslo » [1] vient quant à lui, c'est la conclusion de la double page de L'Express, d'un courant qui, certes, « gagnerait du terrain au sein de l'extrême droite en Norvège et dans les autres pays nordiques » (le truc, dûment lesté d'un rassurant conditionnel, reste donc circonscrit dans un périmètre scandinave, et ne nous concerne qu'assez peu), mais qui cependant reste « ultra-minoritaire ».
(Et derrière quoi, même en cherchant bien - jusque dans les recoins de la presse hebdomadaire -, tu ne trouveras, comme t'as compris, pas même l'ombre du commencement d'une quelconque « connivence » islamophobe des oligarchies occidentales.)
Dès lors, il est tout à fait logique, et normal, que les journaleux de L'Express, constatant que le carnage d'Oslo, nonobstant qu'il a fait beaucoup plus de mort(e)s que les bombes de Londres, ne menace nullement (l'avenir de) l'Occident, lui consacrent (beaucoup) moins de place qu'à l'éternel « retour de la menace terroriste » islamiste : leur aigu sens de l'équité se double en somme, là, tu l'auras saisi, d'un louable souci de ne pas alarmer inutilement un lectorat qui aimerait qu'on le laisse profiter, sans trop le stresser de ses congés, siouplaît - merci.
Notes[1] Le mot « terroriste » n'apparaît nulle part, dans l'exemplaire article de L'Express...