11/12/2025 dedefensa.org  10min #298727

Inversion transatlantique

 Bloc-Notes  

• L'importance du document NSS-2025 se révèle peu à peu, notamment parce qu'il explore un domaine inédit : la culture, le sociétal, voire la spiritualité. • Dans le détail, on apprend que l'administration Trump veut aider les minorités traditionnalistes ("néo-tradi") dans plusieurs pays. • Les Allemands du parti populiste AfD veulent le secours de Trump face aux tentatives de l'interdire en Allemagne. • Les relations UISA-Europe, marquées par une féroce hostilité de Washington D.C. contre l'Europe-UE bousculent les positions idéologiques.

Quoi qu'il en soit du sort géopolitique du tournant envisagé par le rapport NSS-2025, il est un domaine, - qui est selon nous le plus important, - où ses effets, très puissants et très déstructurants, se font déjà sentir. Cela signifie que l'effet métapolitique du rapport est d'ores et déjà un fait acquis, et cela effectivement dans le domaine que nous jugeons le plus important : la culturel, le sociétal, et même le spirituel si ce mot a sa place ici.

En fait, il s'agit selon nous du véritable cœur du problème, à identifier d'une façon objective, sans parti-pris ni choix idéologique conventionnel, tels qu'ils sont proposé à l'intérieur du simulacre, à l'intérieur du Système, c'est-à-dire en jouant le jeu du Système. C'est là que se situe une véritable rupture et qu'il va falloir s'y adapter, - et que ce ne sera pas facile.

Le site 'ReMix' ('rmx.news'), qui publie en plusieurs langues des nouvelles d'Europe, et surtout d'Europe centrale, consacre  un article à des nouvelles venues du site polonais 'wiadomosci'. Cela concerne la partie culturelle et civilisationnelle (plutôt qu'idéologique) de NSS-2025.

« Au-delà de l'appel lancé aux membres européens de l'OTAN à réduire leur dépendance au soutien militaire américain, cette stratégie propose de nouveaux mécanismes de leadership mondial et une approche différente pour influencer l'avenir de l'Europe en s'appuyant sur des valeurs culturelles, rapporte le portail d'information polonais 'Wiadomosci'.

» La stratégie officielle évoque certes les "familles fortes et traditionnelles" et le "renouveau de la santé spirituelle et culturelle de l'Amérique", mais il est clair que l'administration Trump souhaite aller plus loin.

» Partant du principe que l'Europe est confrontée à un "effacement civilisationnel" en raison des politiques migratoires et de la "censure de la liberté d'expression", la NSS propose de concentrer les relations des États-Unis avec l'Europe sur quelques pays dont les gouvernements et les mouvements politiques actuels partagent des valeurs similaires.

» La version plus longue identifierait l'Autriche, la Hongrie, l'Italie et la Pologne comme des pays avec lesquels les États-Unis devraient "collaborer plus étroitement... afin de les éloigner de l'Union européenne".

» "Nous devrions également soutenir les partis, les mouvements et les personnalités intellectuelles et culturelles qui œuvrent pour la souveraineté et la préservation ou la restauration des modes de vie traditionnels européens... tout en restant pro-américains", indique le document, cité par 'Wiadomosci'. »

La même publication nous informe que le parti AfD, - potentiellement le premier parti en Allemagne, et menacé s'interdiction par les institutions-Système extrêmement démocratiques du pays, - a décidé d'officialiser sa demande d'aide à l'administration Trump dans sa démarche civilisationnelle s'opposant à l'Europe-UE et aux diverses mesures favorisant l'immigration, la destruction des identités nationales et tout ce qui relève d'un programme-Woke, y compris bien entendu son soutien démentiel à la direction ultra-corrompue de l'Ukraine.  Le texte dont nous donnons des extraits indique que l'AfD poursuit un effort de contacts et de communication avec l'administration Trump depuis l'installation du président.

« Le parti [AfD] "élargit son réseau de contacts" avec le Parti républicain et l'entourage du président américain Donald Trump "pour persuader les États-Unis de faire pression sur le gouvernement allemand et obtenir le soutien de Washington face à une éventuelle interdiction", selon 'Der Spiegel', cité par 'Do Rzeczy'.

» Le soutien à cette "organisation d'extrême droite" ne cesse de croître en Allemagne, un sondage d'octobre la créditant de 27 %, son meilleur score à ce jour. Cela en fait le parti le plus populaire du pays, et son électorat potentiel est également en augmentation, ce qui lui laisse une marge de progression.

» Lundi, 'Der Spiegel' a rapporté que, depuis le début de l'année, des responsables politiques de l'AfD se rendent régulièrement aux États-Unis, où ils rencontrent des républicains, des représentants de l'administration américaine, des conseillers de Trump, ainsi que des militants conservateurs, des commentateurs et des représentants d'organisations non gouvernementales.

» "Depuis des mois, une phrase résonne au sein du parti : Washington est la clé", écrit l'hebdomadaire, citant des sources au sein de l'AfD. L'hebdomadaire estime que les voyages de la délégation de l'AfD aux États-Unis "semblent être plus que de simples visites de courtoisie entre alliés idéologiques".

» Il note également que ces rencontres ont lieu dans un contexte de "détérioration rapide des relations" entre les États-Unis et l'Europe, la nouvelle stratégie de sécurité américaine, publiée il y a quelques jours, suscitant des inquiétudes dans les pays européens. »

Il est vrai que, désormais, pour les USA, on peu aller jusqu'à suggérer que « Les États-Unis voient désormais l'UE comme un ennemi », comme dit Scott Ritter interrogé par Glenn Diesen. Néanmoins, cette affirmation faite dans ce cas dans les domaines économique, militaire, etc., - tout ce qui définit le géopolitique, - oublie d'embrasser ce qui fait la grande originalité de la NSS-2025, et probablement sa durabilité parce que la chose concerne des domaines essentiels pour l'opinion publique américaine qui en a assez d'être américaniste, - c'est-à-dire les gens qui votent et élisent leurs représentants au Congrès. C'est une vision qu'on rencontre souvent, - justement, celle de Ritter, qui reprend curieusement tous les arguments neocon en parlant de "l'empire US" qu'il faut prolonger (!), - tous ces arguments qui sont justement dans la logique de l'idéologie de l'Europe-UE. C'est grandement, c'est fondamentalement une falsification de la vérité métapolitique de NSS-2025.

Le document NSS-2025 ne part pas en guerre contre les pays européens sous le fallacieux prétexte de "diviser pour régner", il part en guerre contre l'Europe-UE qui avait réussi, jusqu'à l'arrivée de Trump, à rassembler tous les pays européens pour les engager dans un acte collectif de soumission aux USA. Il est curieux d'entendre certains commentateurs US, y compris chez les dissidents qui se retrouvent alors complètement neocon, accuser l'Europe-UE, fabriquée par les USA-CIA, façonnés par ce monstre qui a accouché de la " politiqueSystème", d'avoir été constamment antiaméricaine.

Note de PhG-Bis : « C'est là un délire complet de soupçonner l'Europe-UE d'antiaméricanisme, je dirais un cas patent de dementia selinis pour celui qui, dans le hall d'accueil de la Commission, a, - ou "avait", PhG ignorant s'il s'y trouve encore, ne fréquentant plus guère ces lieux, - l'habitude de voir flotter langoureusement une rassurante bannière étoilée (autant d'étoiles que d'États de l'Union, pas des pays-membres de l'UE) au côté des glorieuses bannières bleus à étoiles jaunes (faites excuse) dans le plus pur chic ukrainien dont on sait l'affection pour tout ce qui est "étoile jaune". »

Comment 'Ukrisis' a libéré tout le reste

Il y a un fait majeur à rappeler pour mieux comprendre la crise entre les USA et l'Europe, c'est la transmutations qui s'est immédiatement opérée entre l'OMS (Opération Militaire Spéciale) en Ukraine et ce que nous avons rapidement et pour un temps baptisé 'Ukrisis'. Il s'agit du moment où la guerre en Ukraine est entrée de plain-pied dans la structure de la  GrandeCrise (ou, même chose,  GCES), et par conséquent dépassant largement le cadre géopolitique, et même le cadre "Russie contre OTAN" (sans abandonner ni l'un ni l'autre, d'ailleurs) pour devenir une crise civilisationnelle comme antichambre avec accès direct à la GrandeCrise. Rappelez-vous, par exemple, le  3 avril 2022, - on n'a pas eu à attendre longtemps...

"• Il est désormais assuré que toute notre attention doit être portée sur le"spectacle global"dont Ukrisis a accouché, et non plus sur la seule Ukraine, qui devient secondaire sinon accessoire. • L'incendie se répand à une vitesse extraordinaire, exacerbée par une hyper-activité communicationnelle qui laisse le jour de crise du 11 septembre 2001 au magasin des accessoires. • En d'autres mots & acronymes, nous voulons dire que Ukrisis devient GCES et que c'est une transmutation, et que c'est une transmutation catastrophique, et qu'enfin il était temps ! »

Anatomie du conflit USA-Europe

Autrement dit, ce qu'il faut, c'est considérer NSS-2025 et le conflit USA-Europe d'un point de vue civilisationnel et non d'un point de vue géopolitique ou de politique pure. De ce point de vue, il nous revient nécessairement l'évidence que Trump, dans sa version NSS-2025, chapitre critique civilisationnelle de l'Europe, est l'allié de tous ceux en Europe qui s'insurgent et se rebellent contre la malfaisance diabolique et corrompue de l'Europe-UE et des diablotins qui l'animent (de von La Hyène-la-Kallas, aux diablotins Macron-Merz-Starmer).

Cela pose-t-il un problème aux antiaméricanistes primaires que nous sommes  ? Pas vraiment, pour tout dire, car nous savons bien faire notre choix entre cette saleté de l'américanisme et les dissidents américains, si nombreux aux USA jusqu'à croire à certains moments qu'il n'y a que des dissidents, - à commencer, surprise surprise mais pas pour nous, -  par la littérature et même  les beatniks.

Une remarque ironique pour clore ce cas : nous sommes, n'est-ce pas, tout le monde le sait, complètement américanisés  ? C'est par la culture que s'est faite notre américanisation-en-modernité, complètement représentée par l'Europe-UE (rappelez-vous les accords Blum-Marshall sur le cinéma US en France, - just saying). Et c'est par la culture que les USA foldingues de Trump veulent susciter chez nous un mouvement néo-tradi (traditionalisme antimoderne), qui exprimerait ainsi une certaine forme de dé(s)-américanisation... !

Vous pouvez reprendre votre souffle, maintenant.

Anatomie des rapports USA-Russie

Le cas de la Russie est encore plus intéressant. Il n'est que de rappeler la fameuse phrase de Patrick Buchanan «  Is Putin One of Us ? », - question d'un paléo-conservateur à propos des tendances très néo-tradi de la Russie de Poutine, lesquelles n'ont fait que s'affirmer depuis décembre 2013... Et ce qu'il écrivait alors peut sans doute ne guère intéresser Trump mais ce ne sera pas le cas de son électorat et de nombre de personnes dans son entourage, - et là, dans le cadre de NSS-2025, qui devient aussi respectable et sacrée qu'une bulle papale :

« Alors que la plupart des médias américains et occidentaux le présentent comme un autoritaire et un réactionnaire, un homme du passé, Poutine perçoit peut-être l'avenir avec plus de lucidité que les Américains encore prisonniers du paradigme de la Guerre froide. Si la lutte décisive de la seconde moitié du XXe siècle était verticale, Est contre Ouest, celle du XXIe siècle pourrait être horizontale, opposant les conservateurs et les traditionalistes de chaque pays au laïcisme militant d'une élite multiculturelle et transnationale. Et bien que l'élite américaine se trouve au cœur de l'anti-conservatisme et de l'anti-traditionalisme, le peuple américain n'a jamais été aussi aliéné ni aussi divisé sur les plans culturel, social et moral.

» Nous sommes deux nations, désormais... »

Anatomie de la guerre civile

La dernière phrase de Buchanan vaut toujours aujourd'hui, et même dix fois plus. D'ailleurs,  nous dit Tucker Carlson, sans même aller chercher nos assurances néo-tradi, la Russie est le meilleurs allié possible pour les USA...

« Dans un podcast diffusé jeudi sur sa chaîne YouTube, Carlson a suggéré que,"en se plaçant strictement du point de vue des intérêts des États-Unis, dans une perspective 'America First' », la Russie serait le partenaire le plus "évident" pour Washington.

» "Pourquoi  ? Parce que c'est le plus grand pays du monde. Il possède d'énormes gisements de minerais et de ressources énergétiques... et une armée redoutable, de loin la plus importante du continent", a déclaré Carlson. "Si vous aviez besoin d'un allié pour vous aider dans un conflit... la Russie serait, bien sûr, le meilleur choix." »

Mis en ligne le 11 décembre 2025 à 18H00

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