
par François Meylan
Plusieurs milliers de manifestants se sont réunis à Madrid samedi dernier. Pour fustiger la politique du président du gouvernement actuel, le socialiste Pedro Sánchez, soupçonné d'implication dans une affaire de corruption.
En Espagne, à l'appel du parti d'opposition du centre droite, le Parti populaire (PP), des milliers de personnes se sont rassemblées au centre de Madrid, pour dénoncer la politique du Premier ministre Pedro Sánchez, sous un slogan pompeux mais probablement inadéquat «Mafia ou démocratie». 1
«Nous sommes ici pour défendre notre pays et notre dignité démocratique», a déclaré Alberto Núñez Feijóo, chef de file de l'opposition, dans un discours dans lequel il a appelé à de nouvelles élections.
Le rassemblement, qui a débuté en fin de matinée, a également été ponctué par les discours de la présidente de la Communauté de Madrid, Isabel Díaz Ayuso et du maire de la capitale, José Luis Martínez-Almeida - que votre serviteur a eu l'occasion de rencontrer au printemps 2021 à Barcelone - ainsi que par la présence des anciens présidents de gouvernement José María Aznar et Mariano Rajoy. Selon le PP, cette action aurait mobilisé 100 000 personnes. Alors que la Préfecture de Madrid a arrêté un chiffre officiel de 40 000. Élément qu'elle a communiqué à l'AFP.
Le PP qui n'a jamais fait amende honorable de son passé sulfureux est-il une alternative sérieuse ?
En 2025, le Parti populaire (PP) reste sous l'influence du controversé José María Aznar. Il est le marionnettiste. Il préfère Ayuso à Feijóo, qu'il estime faible, gesticulateur, inefficace dans ses campagnes électorales reposant essentiellement sur des slogans marketing et dépourvues de substance. En plus, Feijóo a un charisme à coucher dehors. Selon des cadres de son parti, personne ne le suivrait à la guerre.
Lorsqu'Aznar arrive au pouvoir en 1996, son parti, le Parti populaire (PP), est minoritaire au Parlement. Pour former un gouvernement, il a besoin du soutien des nationalistes catalans du parti politique Convergence et Union (CiU), menés par Jordi Pujol.
• Le pacte Majestic (1996) : C'est lors de réunions à l'hôtel Majestic de Barcelone qu'Aznar et Pujol scellent leur accord législatif. En échange du soutien de CiU - c'est-à-dire au nationalisme catalan - Aznar accède à plusieurs revendications catalanes, notamment :
- Une augmentation des financements pour la Catalogne.
- Le transfert de compétences, comme la gestion des prisons.
- Une reconnaissance implicite de la spécificité catalane.
Autant dire que le séparatisme catalan tel qu'observé lors de la tentative de sécession du 1er octobre 2017 avait déjà pris son élan avec Aznar.
Mais c'est aussi lors des prémices de la guerre illégale en Irak en 2003, menée sans résolution de l'ONU, qu'Aznar confirme et signe sa toxicité aux intérêts de la population espagnole :
- Soutien indéfectible à la position américaine de George W. Bush ;
- Participation au groupe des «Quatre d'Azor» (Bush, Blair, Aznar et Barroso) en mars 2003 ;
- Défense de l'argument des «armes de destruction massive» pour justifier la guerre. Aujourd'hui, nous savons que tout cela n'était que mensonge.
Principales conséquences politiques :
- Selon les sondages, 90% de la population espagnole était opposée à la guerre ;
- Manifestations historiques le 15 février 2003 (plus d'un million de personnes).
Conséquence : les attentats de la gare d'Atocha à Madrid. Les attaques terroristes les plus terribles qu'ait connues l'Europe. Cette position pro-guerre a marqué un tournant dans la politique étrangère espagnole et demeure l'un des aspects les plus sombres de la présidence d'Aznar. Il a agi comme «ambassadeur» du clan de George W. Bush et des faucons de la Maison-Blanche auprès des pays d'Europe centrale, les incitant à entrer en guerre.
Résultats : mensonges, manipulation des masses et massacre de la population irakienne pour des intérêts économiques précis, à savoir le pétrole et les intérêts de l'industrie de l'armement américaine. Aznar a agi contre les intérêts espagnols. Il a entraîné le pays, contre la volonté de son peuple, dans une guerre illégale. Il travaillait alors pour une puissance étrangère ou même plus particulièrement pour les affairistes du clan Bush.
Qu'en est-il des articles 473 à 484 du Code pénal espagnol, qui sanctionnent les crimes de trahison et les crimes contre la paix ou l'indépendance de l'État ?
Ce PP n'est probablement pas l'alternative rassembleuse et animée d'un réel projet politique que l'Espagne a besoin actuellement.
- Le terme Mafia répond à un contexte et à une zone géographique bien précise. Il trop souvent employé à tort.