13/10/2025 legrandsoir.info  18min #293308

Faut-il quitter l'Union européenne pour recouvrer notre souveraineté ?

Thomas ERPÉ

Aujourd'hui, si l'on en croit la plupart des sondages, le « Frexit » n'est soutenu ni par la majorité de la population ni par les grands partis. Est-ce parce que finalement tout ne va pas si mal et qu'il n'y a donc pas lieu de chercher à améliorer la situation ou, comme le prétendent certains, ce serait l'apocalypse si nous le faisions ? Sur cette question fondamentale, il existe nombre de propositions, d'actions et initiatives, ainsi qu'une littérature abondante, parfaitement éclairantes. Mais, sans un minimum d'effort pour s'informer à différentes sources afin d'exercer son jugement critique, on ne peut qu'adhérer au narratif dominant diffusé par les « médias officiels », il est impossible d'y échapper. Ce petit texte, sans prétention, se propose d'aller à l'essentiel en se focalisant sur l'instrument monétaire qui, dans le cadre de la zone euro, ne relève plus de la compétence des gouvernements.

Les partis souverainistes (très minoritaires à ce jour) militent pour quitter l'Union européenne, l'Otan etc., organisations qui constituent pour eux des obstacles majeurs à l'exercice d'une vraie démocratie. On ne peut être que d'accord avec cette position, la souveraineté d'un Etat ne se partage pas, elle doit être pleine et entière, et non soumise à des institutions supranationales (1, 2). Beaucoup pensent que le clivage classique droite-gauche est aujourd'hui obsolète et que la vraie ligne de séparation se situe entre les souverainistes et les mondialistes. L'idée d'une gouvernance mondiale ne date pas d'hier : « Nous sommes reconnaissants au Waghington Post, au New York Times, au magazine Time, et aux autres autres grandes publications dont les directeurs ont assisté à nos réunions et respecté leurs promesses de discrétion depuis presque quarante ans. Il aurait été impossible de développer notre projet pour le monde si nous avions été exposés aux lumières de la publicité durant ces années. Mais le monde est aujourd'hui plus complexe et préparé à l'entrée dans un gouvernement mondial. La souveraineté supranationale d'une élite intellectuelle et de banquiers mondiaux est assurément préférable à l'autodétermination nationale des siècles passés ». (David Rockefeller, Commision Trilatérale, 1991)

Le projet européen devait apporter à tous ses membres « paix et prospérité ». Est-ce la réalité, on peut en douter. La construction européenne apparaît plutôt comme un véritable carcan, un moyen de limiter la démocratie, voire même de la court-circuiter. Les citoyens ordinaires, hors élections, ont-ils encore voix au chapitre ? Pas vraiment, les décisions prises par les plus hautes instances européennes n'offrant la plupart du temps qu'un pâle reflet des opinions et intérêts des populations.

Dans la zone euro, la monnaie unique a aussi des effets néfastes sur l'économie, l'impossibilité de dévaluer si nécessaire, et surtout l'interdiction par les traités de financer les déficits publics par la Banque centrale, cadre réglementaire dans lequel l'Etat est devenu un acteur de marché comme les autres, qui crée et vend des produits de dette, construisant sa propre prison et donc celle de son peuple, et pour le plus grand bien des possédants à la recherche d'un placement sûr et rémunérateur. En effet, l'endettement (« fabriqué ») des Etats ne sert qu'à transférer la richesse aux prêteurs et aux financiers au détriment de l'économie réelle et des salariés. De plus, il faut préciser que les titres souverains sont souvent utilisés comme « collatéraux » (garanties) dans diverses transactions financières, et constituent la « matière première » indispensable que les banques, chargées de commercialiser (les SVT, Spécialistes en Valeur du Trésor) transforment en divers produits d'épargne (Frédéric Lemaire, "Cette dette dont les créanciers raffolent" Le Monde diplomatique, septembre 2021).

Á la suite de la crise des subprimes des politiques dites non conventionnelles (l'assouplissement quantitatif, « Quantitative Easing ») ont été menées par la Banque centrale consistant à émettre de grands quantités de liquidité pour l'achat de titres souverains ou financiers sur le marché secondaire afin de venir en aide aux banques en difficulté et dans l'espoir de relancer l'économie productive. Malgré les sommes colossales déversées, cela n'a pas eu d'effet sensible sur l'économie réelle, les liquidités ayant irrigué principalement le secteur financier avec pour conséquence l'envolée des prix des actifs financiers (la Bourse est au plus haut). Il semble plus plausible que le but véritable du Q.E. vise à un transfert de pertes, sans le dire, des banques et autres investisseurs vers la BCE, dans le rôle de « bad bank », avec sans doute à terme un effacement pur et simple de ces pertes.

Comment la finance a-t-elle réussi à imposer son emprise sur les États eux-mêmes ? Selon Michael Hudson, économiste étasunien, considéré par ses pairs comme l'un des meilleurs au monde : « C'est par le système monétaire que les peuples sont asservis. La finance, sans le système monétaire qui lui est entièrement favorable, ne représenterait plus un danger pour l'économie productive. C'est la sur-liquidité qui autorise toutes les dérives de la finance. La haute finance mondialisée ne peut prospérer sans l'existence d'un gigantesque marché planétaire de la dette publique. Le seul moyen de sortir de l'emprise des marchés est d'écarter les marchés du financement de l'État. La plus grande arnaque du XXe s a été la privatisation de la monnaie » (Dette, rente et prédation néolibérale, Le Bord de l'eau).

La plupart des gens sont peu au fait des mécanismes monétaires de base, et se font une fausse idée de la réalité de l'argent, de ses caractéristiques et potentialités (3). Ils sont persuadés que l'État doit gérer son budget comme celui d'un ménage et qu'il n'a pas d'autres sources d'argent que l'argent que nous gagnions. Si l'État veut dépenser plus, il doit nous emprunter ou augmenter nos impôts. Cette vision est fausse et, bien sûr, tout a été fait pour qu'elle soit bien ancrée dans les esprits (4). La vérité est que les Etats souverains en matière monétaire ne peuvent pas être à court d'argent (5), puisqu'ils sont émetteurs de monnaie (première fonction régalienne, celle de battre monnaie), mais ce n'est plus le cas des pays membres de la zone euro, (comme l'explique parfaitement Stephanie Kelton dans son livre Le mythe du déficit, Les Liens Qui Libèrent). La France avait le contrôle de sa dette publique sous le "circuit du Trésor" (financement administré des déficits), tout a changé avec le renouveau de l'idéologie libérale dont étaient imprégnés les hauts fonctionnaires du Trésor et des hommes politiques de droite comme de gauche qui considéraient que ce processus de financement était inapproprié et générateur d'inflation. Ainsi donc, pas à pas, il a été démantelé à partir des années 70 et, en même temps, la dynamique de la dérégulation des banques et de la finance a été amorcée, avec ses caractéristiques principales, à savoir la fin de la séparation des activités de dépôt et d'affaires des banques, le libre-échange et la libre circulation des capitaux. Cette dynamique n'a pas touché seulement la France, elle a été générale. Le livre de Benjamin Lemoine (L'ordre de la dette : enquête sur les infortunes de l'État et la prospérité du marché, La Découverte) retrace avec précision les différentes étapes de la mise en marché de la dette publique.

En bref, la monnaie moderne depuis qu'elle est "dématérialisée" (fin de la convertibilité du dollar en or, en 1971) est une source inépuisable, limitée seulement par les règles que nous nous imposons ou plus justement qui nous ont été imposées. Elle n'est cependant pas la panacée, elle est un moyen et non une fin, son émission doit être régulée finement, par la création ou la destruction, pour s'ajuster à la marche de l'économie en fonction des capacités de notre système productif (6) : s'il y a trop de monnaie, il y a inflation, pas assez c'est la déflation. Seul l'État est en mesure d'opérer cette régulation. Ce qui compte vraiment, ce sont nos ressources en "hommes et matière". Quant aux dépenses d'investissement de patrimoine public et d'infrastructure, donc de long terme (représentant la presque totalité des déficits primaires, c'est-à-dire hors intérêts »), « elles ne devraient être couvertes ni par les impôts et taxes et ni par des emprunts, mais par de la monnaie centrale permanente qui n'a pas à être remboursée, l'État se prêtant à lui-même. « Ceci mettrait fin à l'intervention des marchés financiers et des agences de notation sur une dette souveraine qui ne courait plus aucun risque de défaut de paiement. Et pour cause, il n'y aurait plus de dette souveraine sur les marchés ! » (Jean-Bayard, Politique Macro(n)économique, politiquement incorrect, « La Monnaie source de vie économique » Edilivre, 7). De plus, n'est-il pas paradoxal que les banques de dépôt privées soient autorisées légalement à créer de la monnaie à partir de « rien », à destination des agents non bancaire (ANB), par un simple jeu d'écritures à l'occasion des crédits octroyés (ce que Maurice Allais, notre premier prix Nobel d'économie, dénonçait en son temps comme de la « fausse monnaie » 8), alors que les Etats de la zone euro ont perdu cette faculté, ils se sont en quelque sorte « auto-expropriés ». Précisons tout de même que le processus de création monétaire par les banques n'est pas gratuit, il représente un coût réel : frais administratifs, infrastructures.

Le principal argument des opposants de la reprise du contrôle de la Banque centrale par l'État, c'est que cela constitue la porte ouverte à la "gabegie monétaire" qui conduit à l'inflation. Alors comment peut-on qualifier la dette publique astronomique générée par le système actuel ? Certes, l'inflation monétaire peut être l'une des causes de la hausse des prix, mais elle est loin d'être la seule. Le plus souvent, elle résulte de la croissance des coûts des matières premières, de l'énergie, des produits agricoles en cas de mauvaises récoltes etc., et aussi des impôts et taxes. « Il y a bien longtemps que la masse monétaire n'a plus d'effet sur les prix dès lors que l'offre s'ajuste rapidement à la demande, ce qui est le cas dans les pays développés. La hausse des prix s'explique essentiellement par le comportements des agents qui ont le pouvoir d'agir sur les prix afin d'améliorer leur pouvoir d'achat ». (Jean Bayard). Dernière précision, le plus souvent omise, même par les experts : la monnaie centrale scripturale ne circule qu'entre titulaires d'avoirs au sein de l'Institut d'émission, le Trésor et les banques de dépôt, elle ne peut donc irriguer directement l'économie réelle. Pour cela, elle doit passer par le canal du Trésor et des banques qui la "convertissent" en monnaie secondaire. Pour exercer leur activité de crédit, les banques, contrairement à ce que l'on veut nous faire croire, ne se "refinancent" pas auprès de la Banque centrale. Si elles doivent se procurer de la monnaie centrale contre des titres éligibles (et en certaines circonstances même des titres « dévalués » sont acceptés à leur valeur faciale), c'est pour répondre aux besoins d'approvisionnement de monnaie fiduciaire - billets et pièces - (nécessité économique), de réserves obligatoires (exigence légale), et aussi pour la compensation et le règlement interbancaire.

En attendant de trouver un consensus et une volonté politique pour nous défaire de la domination de la finance, nous continuerons à faire « rouler » notre dette, ce qui s'apparente à de la cavalerie, au profit d'une minorité de privilégiés et à la grande satisfaction des marchés (seuls les intérêts sont remboursés, à échéance le principal est couvert par un nouvel emprunt). Précisons qu'il existe une dette négociable, c'est-à-dire contractée sous forme d'instruments financiers échangeables sur les marchés financiers (obligations et bons du Trésor) et une dette non-négociable, correspondant aux dépôts de certains organismes publics (collectivité territoriales, établissements publics, etc.) sur le compte du Trésor et qui constitue, elle aussi, un moyen de financement de l'État (Agence France Trésor). L'encours de la dette négociable au 30 septembre 2025 s'élevait à 2 556,3 Md€ (Agence France Trésor). A la fin du deuxième trimestre 2025, la dette publique au sens de Maastricht s'établissait à 3 416,3 Md€ (Insee). Seule la dette négociable serait véritablement exigible, difficile d'avoir plus d'informations sur ce point (9).

Les enjeux sont pourtant cruciaux pour l'humanité et la planète, car accepter l'héritage de la dette revient à obérer l'avenir en prolongeant indéfiniment l'austérité et en rendant impossible les investissements publics nécessaires à la transition écologique.

Enfin, la grande question qui vient à l'esprit est : pourquoi même les pays qui ont conservé leur souveraineté monétaire (par exemple les Etats-Unis, le Royaume Uni, le Japon etc.) continuent malgré tout à recourir au marché pour couvrir leurs déficits ? Á l'évidence, parce que cette configuration favorise les intérêts des détenteurs de capitaux en excès qui sont heureux de voir se creuser le déficit public qui leur procure une rente perpétuelle. « Les détenteurs de titres publics (bons du Trésor, obligations) préfèrent tenir les gouvernements "en laisse", avec des Banques centrales qui ne créent de la monnaie que pour renflouer les banques, et non l'économie » (Michael Hudson).

Collectivement nous devons donc améliorer nos connaissances dans ce domaine si nous voulons construire une économie qui travaille pour tous, et pas seulement en faveur d'une petite minorité de privilégiée qui accumule sans fin, en captant le fruit de l'activité réelle (assimilable à une "extraction de rente", comme le qualifie Michael Hudson, et d'autres économistes). Un levier politique est indispensable pour inverser le rapport de forces, les meilleures idées ne servent à rien si on n'accède pas au pouvoir. Partout, la dette publique a explosé, ce qui a conduit à des politiques d'austérité, à la dégradation des services publics et à leur démantèlement continu. Le poids de la dette est aussi un argument "commode", utilisé par les politiques comme prétexte pour ne pas répondre favorablement aux revendications des peuples. Les créanciers adorent l'approche qui blâme les victimes de la dette plutôt que la finance prédatrice.

Le problème est que le système monétaire est un sujet "tabou". Il est interdit d'en parler, et il est rarement débattu de façon accessible à la télévision et dans la presse. La préservation des intérêts du "grand capital" exige qu'une chose aussi centrale que l'argent soit absolument mystifié, de peur que sa fonction soit réellement comprise, sans cela les capitalistes ne pourraient exercer leur puissance absolue. Déjà, à son époque, Henry Ford avait fait ce constat : « Si les gens de cette nation comprenaient notre système bancaire et monétaire, je crois qu'il y aurait une révolution avant demain matin ».

De plus en plus d'économistes dans le monde, dont de nombreux français, se joignent à la lutte pour tenter de mettre fin à l'emprise excessive des banques et de la finance sur la société. Pour le moment, ils ne reçoivent que peu d'échos, ce qui n'a rien de surprenant puisque les médias conventionnels et les dirigeants en place se gardent bien d'en faire état. Vouloir éveiller les consciences et instruire une majorité sur une question aussi sensible est une entreprise ardue, et non dénuée de risque, comme le souligne Stéphanie Kelton : « Il n'y a qu'une manière acceptable de parler de la monnaie, des impôts et de la dette publique. Les impôts apportent des ressources à l'État, et c'est l'argent du contribuable qui finance notre État. Emprunter enfonce le pays dans la dette qui va peser sur nos enfants et petits-enfants. Vous pouvez prononcer sans risque l'une de ses phrases et vous passerez pour un intellectuel sérieux. Mais si vous vous écartez de la pensée conventionnelle, vous serez aussitôt marginalisé par un cercle rapproché de spécialistes auto-proclamés du budget, de parlementaires et d'experts qui, délibérément ou non, répandent le mythe du déficit. Prêcher les vertus de l'austérité budgétaire et toujours sans danger. Contester ses articles de foi est une hérésie. Les politiques, même s'ils ont compris le mode de fonctionnement de la monnaie moderne, ne s'en feront pas les messagers, ils n'en parleront pas, c'est trop risqué pour leur carrière ».

Amputés de leur politique monétaire, les gouvernements ne peuvent plus exercer pleinement leur souveraineté, ils sont désarmés et entravés pour répondre aux besoins des populations et réduire le fossé des inégalités. La maîtrise de la monnaie est une condition d'un vrai changement et c'est aussi nécessaire pour mettre un terme à la frénésie financière et à la logique de l'accumulation sans fin. Refaire de la monnaie un bien public ne ne résoudra pas pour autant tous nos problèmes, loin s'en faut, mais sans cet outil, il est impossible de faire prévaloir le bien commun sur les intérêts particuliers. La sortie de l'U.E. s'impose donc, d'autant qu'une réforme interne, que certains préconisent, ne paraît pas possible en l'état. Bien entendu, il y a bien d'autres arguments, que l'argument monétaire, pour justifier cette décision.

Note : Ce texte a été établi à partir de la bibliographie citée dans l'article :  Pouvoir monétaire et dette publique.

- 1- « L'abdication d'une démocratie peut prendre deux formes, soit le recours à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit la délégation de ces pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle, au nom de la technique, exercera en réalité la puissance politique, car au nom d'une saine économie, on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement - une politique - au sens le plus large du mot, nationale et internationale » (Pierre Mendès-France, Discours à l'Assemblée nationale, le 18 janvier 1957).

- 2- « La démocratie ne peut abdiquer entre les mains de quelques personnes censées compétentes, et dont les décisions peuvent comporter des conséquences sortant du cadre de leurs attributions et débordant largement sur le plan politique » (Clement Attlee, Premier ministre britannique, qui se déclarait contre toutes diminutions de souveraineté au profit d'institutions européennes dominées par des conservateurs).

- 3- Il est en de même dans le monde politique. Une enquête récente (2019) menée par le groupe de recherche  Positive Money a révélé le chiffre incroyable de 85 % des parlementaires britanniques qui n'ont aucune idée de la provenance de la monnaie.  Positive Money milite pour une réforme du système monétaire et bancaire qui permette une économie équitable, démocratique et durable.

- 4- « L'État n'a aucune source d'argent autre que l'argent que les gens gagnent eux-mêmes. Si l'État veut dépenser plus, il ne peut le faire qu'en empruntant votre épargne ou en augmentant vos impôts » (Discours de Margaret Thatcher en 1983). « Dans tout le pays, les familles se serrent la ceinture et prennent des décisions douloureuses. L'État Fédéral doit en faire autant » (Président Obama, discours sur l' État de l'Union en 2010). Déclarations citées par Stephanie Kelton dans son livre  Le mythe du déficit.

- 5- « Rien n'empêche l'État Fédéral de créer autant de monnaie qu'il veut et de payer quelqu'un avec » (Alan Greespan, président de la FED de 1987 à 2006). Son successeur, Ben Bernanke (de 2006 à 2014), est allé plus loin en expliquant comment l'État paie vraiment ses factures : « Ce n'est pas l'argent du contribuable. Nous utilisons simplement l'ordinateur pour augmenter le solde des comptes ». (Déclarations citées par Stephanie Kelton dans son livre Le mythe du déficit).

- 6- « La politique monétaire est essentielle pour dégager des ressources et venir en renfort de la politique budgétaire. Il reste beaucoup à faire pour convaincre du bien-fondé et de la nécessité de l'utilisation de l'arme monétaire. Les deux ressources fondamentales (hommes et matières) doivent se conjuguer avec la troisième (la monnaie) qui imprime à l'univers économique son mouvement, la monnaie est en quelque sorte son carburant. L'objet de l'économie est l'utilisation rationnelle de ces trois élément fondamentaux. La monnaie, contrairement à l'idée communément admise, est une ressource inépuisable, ses seules restrictions sont celles fixées arbitrairement par les autorités monétaires » (Jean Bayard).

- 7- La particularité de la « méthode » de Jean Bayard, qui n'est pas un économiste de formation, mais qui a exercé comme responsable financier dans une multinationale, est de fonder toute sa démonstration sur les circuits et schémas comptables, ce qui lui confère une « rigueur incontestable ». L'introduction de sa note « Les 7 plaies de l'économie. Cinq causes monétaires et deux causes internationales », éclaire la façon dont la classe supérieure a capté le pouvoir monétaire : « Profitant depuis toujours d'une position dominante, qu'il s'est attaché à renforcer au cours des décennies, d'abord par la loi, puis par le bourrage de crâne sur l'inflation et par la diffusion d'informations tronquées, le pouvoir monétaire a bâti une véritable bastille, devenue imprenable depuis qu'il a obtenu l'indépendance. Enfin, en forme d'apothéose, sublime tour de force, il a réussi à faire signer le Traité de Maastricht par la plupart des gouvernements d'Europe, disposant ainsi de tous les moyens coercitifs de l'oppression par la monnaie lutte contre une inflation imaginaire s'appuyant sur un taux fixé arbitrairement pour l'inflation (2%), pour le déficit budgétaire (3%) et pour l'endettement de l'État (60%). Les mots ne sont pas assez forts pour traduire le sentiment de révolte que tout être humain peut ressentir face à l'étendue des maux dont souffre notre société, maux dont les causes profondes résident dans les restrictions monétaire que nous imposent la toute-puissance monétaire et les groupes de pression qui lui sont associés pour leur seul profit. Il est urgent de libérer les populations laborieuses de cette nouvelle forme d'esclavage économique ». A noter que le site de Jean-Bayard « macroéconomie » n'apparaît plus sur Internet.

- 8- « Il est aujourd'hui pour le moins paradoxal de constater que lorsque, pendant des siècles, l'Ancien Régime avait préservé jalousement le droit de l'État de battre monnaie et le privilège exclusif d'en garder le bénéfice, la République démocratique a abandonné pour une grande part ce droit et ce privilège à des intérêts privés ». (Maurice Allais)

- 9- « Rappelons qu'au début de ce chapitre nous avons souligné l'existence de deux parties de la dette publique, dont personne (ou presque) étonnamment ne parle : la partie négociable et celle qui ne l'est pas. La première est la seule dette véritablement exigible, ce qui la ramène à 75 % du PIB au lieu de 100 % (à fin 2016), la seconde n'étant plus qu'une question de trésorerie nationale entre l'État et ses organismes publics et semi-publics. On ne voit pas pourquoi cette dernière devrait faire l'objet d'un remboursement quelconque. Il est tout de même surprenant que les deux soient cumulées pour servir de base au critère de Maastricht » (Jean Bayard, Politique Macro(n)économique, politiquement incorrect, chapitre « Dette publique », page 165).

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