France-Soir avec AFP
Photo d'illustration
Pexels
À l'heure où l'on doute des solutions alternatives quant à la production électrique, qui pour certaines seraient même responsable du plus grand blackout de la péninsule hyberique en avril dernier, voilà que la plus grande centrale nucléaire d'Europe occidentale, située dans le nord de la France, est à l'arrêt en raison d'une présence massive de méduses dans les stations de pompage de l'eau servant au refroidissement de ses réacteurs.
Serait-ce encore une histoire de réchauffement, que toutes ces technologies sont censées combattre, ou juste une malchance de plus concernant nos centrales.
Une chose est sûre, quatre unités de production se sont automatiquement arrêtées entre la nuit de dimanche et lundi matin, un incident rare, à cause d'une "présence massive et non prévisible" de méduses dans les tambours filtrants des stations de pompage, a annoncé EDF.
Cela n'a "pas eu de conséquence sur la sûreté des installations, la sécurité du personnel ou sur l'environnement", assure l'opérateur sur son site, rappelant que les stations de pompage se situent dans la partie non nucléaire de la centrale.
La centrale de Gravelines est ainsi provisoirement à l'arrêt, car ses deux autres unités de production sont actuellement en maintenance.
Selon EDF, trois unités de production se sont arrêtées automatiquement dimanche entre 23H00 et minuit (entre 21H00 et 22H00 GMT), "conformément aux dispositifs de sûreté et de protection", et une autre unité "s'est arrêtée automatiquement à son tour" lundi à 06H20 (4H20 GMT).
"Les équipes de la centrale sont mobilisées et procèdent actuellement aux diagnostics et interventions nécessaires pour pouvoir redémarrer les unités de production en toute sûreté", assure encore EDF.
Située au bord de la mer du nord face à l'Angleterre, Gravelines est la plus grande centrale nucléaire d'Europe occidentale par son nombre de réacteurs et sa capacité de production (6 réacteurs à eau pressurisée de 900 mégawatts chacun).
La centrale doit par ailleurs accueillir deux réacteurs de nouvelle génération (EPR2) de 1.600 MW chacun à l'horizon 2040.
"Les équipes de la centrale sont mobilisées et procèdent actuellement aux diagnostics et interventions nécessaires pour pouvoir redémarrer les unités de production en toute sûreté", assure encore EDF.
Leur redémarrage est prévu, l'une après l'autre, dans les prochains jours, a précisé ultérieurement EDF.
"Il n'y a pas de risque de pénurie" pour le réseau électrique français à cause de cet incident, a affirmé à l'AFP une porte-parole du groupe, car d'autres centrales nucléaires et d'autres sources d'énergie fonctionnent en ce moment, comme le solaire. Solaire qui pour une fois viendra au secours de l'atome, c'est assez étonnant pour pouvoir le mentionner.
Des réacteurs nucléaires paralysés à cause d'une invasion de méduses, c'est "assez rare", mais EDF a déjà connu ça "dans les années 1990", toujours selon la porte-parole du groupe interrogée par l'AFP.
Des cas similaires se sont déjà produits, notamment dans les années 2010, aux États-Unis, en Écosse, en Suède ou encore au Japon.
La prolifération de ces animaux marins gélatineux et urticants est due à plusieurs facteurs, dont la surpêche, qui élimine certains de leurs prédateurs directs comme le thon.
La présence de méduses sur le littoral du nord de la France "est régulière et saisonnière", explique à l'AFP Dominique Mallevoy, responsable aquariologie au centre national de la mer Nausicaá à Boulogne-sur-Mer, non loin de Gravelines.
Les méduses de la région ont un cycle de vie très court : elles naissent au printemps et "vont quasiment toutes mourir entre l'automne et l'hiver", ajoute-t-il.
"Quasiment tous les étés maintenant, il y a des signalements de grands bancs de méduses." Avec la raréfaction du poisson, elles ont moins de prédateurs et davantage de plancton disponible pour leur alimentation, donc "elles vont croître sans problème", relève cet expert.