Par Lorenzo Maria Pacini, le 3 août 2025
De petites élites occupent des postes clés dans les relations avec les États-Unis et conservent pouvoir et richesses, tandis que le reste de la société s'appauvrit.
Le dominant & le dominé
Parfois, la balance tangue et quelqu'un ou quelque chose doit venir rétablir l'équilibre.
C'est précisément ce qui s'est passé lors de la rencontre entre Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, et Donald Trump.
Il faut reconnaître qu'il est malgré tout très cohérent sur un point. Il défend bec et ongles les intérêts économiques de son pays. Comme l'a fait remarquer Dmitri Medvedev :
"L'accord actuel avec l'Union européenne :
- est une humiliation totale pour les Européens, car seuls les États-Unis en tirent profit : il supprime la protection du marché européen et les droits de douane sur les produits américains
- entraîne des coûts supplémentaires colossaux pour l'industrie et l'agriculture de nombreux pays de l'UE, en raison du prix élevé des combustibles énergétiques américains
- provoque un important transfert d'investissements de l'Europe vers les États-Unis".
Ce fut un épisode pitoyable de plus. Rien de plus que ce qui s'est déjà produit par le passé, mais rien de moins non plus de ce à quoi on pouvait s'attendre.
Ursula von der Leyen a déclaré approuver toutes les propositions de Trump : 15 % de droits de douane, l'achat de 750 milliards de dollars de pétrole et de gaz naturel liquéfié (GNL), ainsi que l'investissement de 600 milliards de dollars dans l'économie américaine.
En d'autres termes, ce seront une fois plus les citoyens de l'Union européenne les perdants : ils devront payer plusieurs milliards de dollars aux États-Unis pour les droits de douane, l'achat de gaz, d'armes et d'investissements. Et ils devront supporter la majeure partie des coûts de la guerre en Ukraine voulue par les États-Unis.
Bref, un véritable désastre. L'équivalent d'une défaite militaire. Une fois de plus.
Ursula von der Leyen est complice de la destruction de l'Europe, avec la circonstance aggravante d'occuper la plus haute fonction institutionnelle. Selon l'usage ancien, l'utilisation du préfixe "von" dans les noms de famille est une préposition noble qui signifie littéralement "de" ou "en provenant de" et indique l'origine géographique ou la dépendance à un seigneur. Rien ne pourrait être plus approprié : Ursula sert davantage le seigneur américain qu'elle ne sert l'Europe.
Les peuples européens n'ont pas été consultés sur cette perspective désastreuse, alors qu'il ressort de plus en plus clairement que les dirigeants européens, issus de l'élite, ne répondent en rien aux besoins de la population.
La signification politique d'événements tels que celui-ci doit être prise au sérieux, ils témoignent de changements profonds dans l'ordre des choses et ont un impact à court, moyen et long terme sur l'ensemble du continent européen et sur l'Occident collectif. Il y a encore quelques jours, l'UE poussait à la guerre, finançait et adoptait une rhétorique partiellement anti-américaine pour satisfaire son allégeance à l'OTAN. Aujourd'hui, elle lèche les bottes de l'occupant de Washington.
Le président américain a qualifié cet accord de "plus grand accord jamais conclu". Von der Leyen a déclaré que cet accord apporterait stabilité et prévisibilité.
Trump a bouffé Ursula au petit-déjeuner, mais c'est l'Europe qui risque l'indigestion.
Une course à la servilité
S'il peut prêter à sourire (ou à pleurer), le texte du nouvel "accord" entre l'Union européenne et les États-Unis n'a pas encore été publié.
Les chefs d'État et de gouvernement de l'UE ignorent toujours ce que Mme Ursula a décidé pour eux au nom de l'UE.
Après sa soumission flagrante au président Trump, un doute semble s'être glissé même parmi certains soutiens inconditionnels d'un européanisme aveugle. Mais l'hésitation n'est que passagère : en bons laquais, ils ne tarderont pas à vanter les mérites du projet européen, de la guerre contre la Russie et de la dévotion à l'OTAN.
Représentant peut-être un quart de la population, ils servent de bouclier protecteur au pouvoir réel, celui qui nous opprime. Ils ne font pas partie de l'élite privilégiée et ne tirent pas directement profit de ces faveurs distribuées entre oligarques. Cependant, nourris des miettes idéologiques que leur jettent les classes dirigeantes, ils les défendent avec ferveur, qualifiant toute voix critique des épithètes d'usage : souverainiste, populiste, fasciste, communiste, rouge-brun, complotiste, etc.
Les Européens se livrent à une sorte de compétition dans la servilité vraiment impressionnante.
Parler de « capitulation » de la part de von der Leyen est partiellement exact, mais aussi trompeur. Il n'y a pas eu de défaite, car les intérêts en jeu étaient précisément ceux qu'il fallait préserver. Pour parler de capitulation, encore faudrait-il croire qu'ils sont là pour protéger les intérêts de l'Europe. Mais c'est pure illusion.
Les individus comme elle font partie d'une élite restreinte, étroitement liée à de grands groupes économiques supranationaux (qui contrôlent également les médias), dont les objectifs sont diamétralement opposés à ceux des peuples européens. Faites confiance aux experts, ouvrez vos portefeuilles et ne posez pas trop de questions.
Ce qui se passe en Europe ne constitue pas un recul, mais un mécanisme bien connu : de petites élites accaparent des positions clés dans les interactions avec les États-Unis, conservant ainsi le pouvoir et les richesses, tandis que le reste de la société s'appauvrit. Ce processus conduit à la destruction progressive de la classe moyenne et favorise l'émergence d'un petit cercle de super-riches évoluant au-dessus des lois. Lorsque les inégalités atteignent des niveaux extrêmes, tous courent le risque d'être mis sous pression, et le pouvoir économique a tôt fait de se transformer en pouvoir politique, judiciaire et culturel.
De plus, l'UE se livre à des batailles sociales coûteuses, comme celle du système de verrouillage des bouteilles ou des chargeurs universels pour smartphones, tout en sanctionnant légalement une personne qui voyage avec un cendrier ou qui s'identifie à une licorne. À chaque choix ses conséquences.
Ce nouveau coup porté à l'Europe risque d'être vraiment dramatique. Les premières répercussions de ce revers se font déjà sentir.
Traduit par Spirit of Free Speech