22/07/2025 reseauinternational.net  4min #284893

Irak - Archéologie : les secrets des premières cités de Mésopotamie révélés dans un documentaire

par Elise Neyret

Pendant des décennies, les conflits qui ont ravagé l'Irak ont, logiquement, empêché les archéologues d'accéder à des sites mésopotamiens renfermant des vestiges d'une richesse inouïe. Depuis quelques années, des scientifiques du monde entier ont relancé les explorations. Le documentaire «Mésopotamie, la redécouverte des trésors d'Irak», disponible sur  arte.tv et diffusé sur Arte le 26 juillet à 20h55, présente leurs découvertes.

Depuis 2019, plus de cinquante équipes d'archéologues venues du monde entier explorent le sous-sol de l'Irak. Du nord au sud du pays, de nombreux sites sont passés au crible, afin de percer leurs secrets. Un travail essentiel réalisé dans un contexte tout à fait singulier : les tragédies successives des dernières décennies - guerre contre l'Iran, guerres du Golfe, émergence de l'État islamique -, ont empêché les scientifiques de se rendre sur le terrain et de nombreux vestiges ont été dévastés ou pillés. Il était donc urgent de préserver les traces d'un passé d'une richesse unique, dont il reste encore beaucoup à découvrir.

C'est au milieu du XIXe siècle que les premiers trésors de Mésopotamie ont été mis au jour par les archéologues : d'immenses palais et temples en brique crue ont alors été retrouvés, ainsi que des dizaines de milliers de textes en cunéiforme. Ces exceptionnelles découvertes ont permis de jeter un nouveau regard sur la région, berceau des premières cités - apparues dès 3500 avant notre ère - et de la plus ancienne écriture. Certains sites identifiés à l'époque sont réinvestis aujourd'hui par les chercheurs : c'est le cas de l'antique Ninive, dernière capitale de l'empire assyrien, sur lequel se trouve aujourd'hui, en partie, la ville de Mossoul.

Un nouveau parc archéologique

Afin de protéger le site, une équipe constituée de scientifiques issus notamment des universités de Bologne et Mossoul ont lancé un projet ambitieux : la création d'un parc archéologique, dans l'espoir d'attirer des touristes. Première étape symbolique de cette mission : la reconstruction de l'une des portes de la ville antique - déjà rebâtie dans les années 1960, avant d'être rasée par Daech en 2014.

À une quinzaine de kilomètres de Mossoul, un autre secteur attire l'attention des archéologues : celui de Dur-Sharrukin - aujourd'hui Khorsabad, premier site assyrien découvert au XIXe siècle. Des taureaux à têtes humaines, protégeant les portes d'un ancien palais gigantesque, y avaient été mis au jour et sont aujourd'hui exposés au Louvre. Cette ville antique, érigée en 707 avant J.-C. par le roi Sargon II, demeure toutefois mystérieuse pour les archéologues : a-t-elle vraiment été habitée et, si oui, pendant combien de temps ?

Variété de techniques modernes

Pour répondre à ces questions et tenter de comprendre comment les aménagements militaires contemporains ont bouleversé la topographie du secteur, les scientifiques font appel à une variété de techniques récentes : relevés géomagnétiques, imagerie satellite, étude systématique des tessons... Ils aboutissent ainsi à des conclusions déterminantes sur l'histoire de la ville : celle-ci a bien été peuplée, et ce durant une longue période !

Ces outils modernes, qui permettent parfois de déceler l'invisible, sont également utilisés dans le sud du pays, comme sur le site de Lagash. Cette cité était bien plus ancienne que Ninive ou Dur-Sharrukin, puisqu'elle a connu son apogée au IIIe millénaire avant J.-C. Elle a été bâtie par une civilisation antérieure aux Assyriens, les Sumériens. Les conclusions des premières études menées par les chercheurs sur le secteur, dont l'analyse des réseaux hydrauliques, semblent d'ailleurs bouleverser la compréhension qu'ils avaient jusque-là des premières installations dans la région...

Le documentaire réalisé par Olivier Julien montre bien à quel point le travail des chercheurs d'aujourd'hui est différent de celui de leurs prédécesseurs. Il souligne également la nécessité de leur mobilisation : «L'archéologie a une importance fondamentale, pas seulement sur le plan scientifique et de la recherche, mais aussi sur le plan identitaire et culturel. Il est l'une des composantes de la reconstruction de l'Irak», résume Régis Vallet, chercheur au CNRS et directeur de la mission Larsa.

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Le documentaire «Mésopotamie, la redécouverte des trésors d'Irak», réalisé par Olivier Julien, est disponible sur  arte.tv jusqu'au 23 septembre et diffusé sur Arte le 26/07/2025 à 20.55, le 02/08/2025 à 15.50 et le 05/08/2025 à 9.25. Première diffusion : 15 juin 2024

source :  Historia via  France-Irak Actualité

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