13/07/2025 journal-neo.su  5min #284059

Black-out diplomatique européen : face à l'inaptitude de Kallas et sous la menace de la Cpi pour Gaza, l'Ue perd son autorité morale

 Ricardo Martins,

Kaja Kallas dévoile son inaptitude diplomatique au moment même où l'Europe applaudit un génocide. Ursula von der Leyen a détourné la politique étrangère de l'UE pour la mettre au service d'un agenda néocolonial et fascisant, auquel Kallas a souscrit sans broncher.

Confrontée à de potentielles inculpations pour complicité de génocide devant la Cour pénale internationale, l'Union européenne traverse une profonde crise diplomatique.

La cheffe de la diplomatie européenne, Kaja Kallas, montre une inquiétante absence de compétence diplomatique, tandis qu'Ursula von der Leyen a littéralement confisqué la politique extérieure de l'Union, en la transformant en bras armé d'un projet autoritaire et de plus en plus fascisant, au service d'un soutien inconditionnel à l'État d'apartheid israélien, à ses crimes de guerre et à son entreprise génocidaire.

Par ailleurs, l'UE a soutenu les bombardements illégaux menés par Israël et les États-Unis contre l'Iran et ses installations nucléaires - des actes pourtant explicitement interdits par le droit international, en raison des risques majeurs de radiation nucléaire.

Dans cette fuite en avant, l'UE et ses dirigeants ont dilapidé ce qui restait de leur capital moral et de leur soft power sur la scène internationale.

Si Kaja Kallas espère un jour atteindre le niveau attendu d'une Haute Représentante de l'UE, il lui faudra surmonter une insécurité manifeste et acquérir cette stature de leadership dont la diplomatie européenne manque cruellement aujourd'hui.

Le fossé est abyssal entre les diplomates européens actuels et les grandes figures françaises et allemandes d'antan. Dominique de Villepin, Hubert Védrine, Joschka Fischer, Hans-Dietrich Genscher... Ces hommes incarnaient une profonde compréhension de la place de l'Europe dans le monde et de ses dynamiques de pouvoir, capables d'agir avec une autorité et un poids que les ministres actuels semblent incapables d'atteindre.

Comparer Kaja Kallas à des diplomates aguerris comme Sergueï Lavrov (Russie), Wang Yi (Chine) ou S. Jaishankar (Inde) suffit à mettre en lumière son immaturité pour le poste. En tant qu'ancienne Première ministre d'Estonie, Kallas n'a jamais été véritablement diplomate de métier, même si elle possède une expérience politique internationale. Cela dit, en termes de population et de puissance économique, l'Estonie n'est guère plus qu'une ville chinoise de taille moyenne.

Mais la taille d'un pays n'est pas tout. Des États comme le Qatar ou les Émirats arabes unis sont devenus des puissances incontournables dans la diplomatie de médiation moderne, ainsi comme des pays plus vastes comme la Turquie ou l'Arabie saoudite.

Face à de telles figures diplomatiques, il est difficile de prétendre que Kallas soit à la hauteur. Son langage corporel, son expression orale, son manque d'assurance et de culture diplomatique ne véhiculent ni autorité, ni légitimité, ni la densité historique qu'avaient, par exemple, Gérard Araud, Jean-Marc Ayrault ou Sigmar Gabriel.

Si la posture actuelle de Kallas se caractérise par l'hésitation, l'incertitude, et une compréhension fragile des relations internationales comme des valeurs européennes mises de côté pour des raisons obscures, elle est peut-être, tristement, assez représentative de la médiocrité ambiante - surtout si l'on considère les profils de diplomates récents comme Jean-Noël Barrot, Annalena Baerbock ou même Liz Truss lorsqu'elle dirigeait le Foreign Office britannique.

Un échange entre Liz Truss et Sergueï Lavrov avait d'ailleurs été décrit par ce dernier et par la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, comme le jour le plus embarrassant de toute la carrière diplomatique de Lavrov - en raison de l'ignorance manifeste de Truss sur des sujets fondamentaux comme les Accords de Minsk ou des notions de géographie élémentaire, notamment la localisation de la mer Noire et de la mer Baltique, qui faisaient pourtant partie de leurs discussions.

La diplomatie européenne est aujourd'hui dans un état lamentable - et l'on pourrait en dire autant des États-Unis. Actuellement, c'est certainement le Polonais Radosław Sikorski qui se distingue le plus honorablement parmi ses homologues européens.

En soutenant un génocide et l'incendie délibéré d'enfants dans leurs tentes à Gaza, Kaja Kallas est quasiment assurée de se retrouver devant la Cour internationale de Justice aux côtés d'Ursula von der Leyen, alors que des procédures contre elles deux sont déjà en préparation. Ce faisant, Kallas a non seulement contribué à anéantir ce qui restait du capital moral et de la puissance d'influence de l'Europe, mais, en ne s'opposant pas aux dérives autoritaires et fascisantes de von der Leyen, elle s'est rendue pleinement complice.

En guise de défense, je conseillerais à Kallas de s'aligner davantage sur le président du Conseil européen, António Costa - qui détient, lui, le mandat de représenter l'UE à l'étranger - et de prendre clairement ses distances avec les instincts autoritaires d'Ursula von der Leyen, actuellement visée par une enquête et confrontée à une motion de censure au Parlement européen pour des accusations de corruption.

La question est de savoir si Kallas est capable de surmonter ses limites - ou si son style, et peut-être même sa nature, sont fondamentalement incompatibles avec les exigences de la fonction.

Ricardo Martins - Docteur en sociologie, spécialiste des politiques européennes et internationales ainsi que de la géopolitique

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