Xavier Azalbert, France-Soir
Marine Luther King : I have a dream ! Ou Marine Le Pen : l'agent clé d'une opposition contrôlée (Partie 2)
Résumé : le Rassemblement National, faux champion de l'opposition, pave la voie aux candidats du système, comme Emmanuel Macron en 2017 et 2022. Marine Le Pen, condamnée en 2025 pour détournement de fonds, s'est sabordée par des reniements – adieu la sortie de l'euro, silence sur l'immigration – et un soutien tacite au gouvernement Bayrou, refusant de censurer une loi de finances écrasant les classes moyennes. Cette condamnation, loin d'un complot, devient une aubaine : Orban, Salvini, le Kremlin, Ciotti, et les électeurs d'Hénin-Beaumont la hissent en martyre, tandis que Bayrou, relaxé pour des faits similaires, expose une justice à deux vitesses. Cette comédie, dopée par un tapage médiatique, repeint Le Pen en héroïne, comme son père Jean-Marie, qui torpillait ses chances avec des provocations. Avec LFI et la Macronie, elle nourrit une convergence d'intérêts, un théâtre d'ombres où les Français sont bernés. Mais l'appel de 2026 menace : sans candidat pour 2027, le RN risque l'implosion.
Bien que j'en aie déjà fait part dans cette rubrique de manière détaillée, il est utile de le refaire ici au regard de l'actualité récente. Front National ou Rassemblement National, qu'importe, ce parti a été à dessein, est, et sera probablement toujours la garantie de l'élection du candidat officiel du système. Et, par là, la garantie, pour le parti ou la coalition politique au pouvoir officiellement (comme actuellement celle formée autour du gouvernement Bayrou), de mener la politique décidée par les responsables en chef de la convergence d'intérêt qui dirige la France en sous-main – les marionnettistes qui en coulisse tirent les ficelles.
Les présidentielles de 2017 et 2022 furent l'illustration criante de cette réalité écœurante. Pour permettre l'élection puis la réélection d'Emmanuel Macron, Marine Le Pen s'est méthodiquement sabordée. En 2017, son revirement sur la sortie de l'euro, après un débat télévisé désastreux face à Macron, a désorienté ses électeurs. En 2022, son silence relatif sur les affaires visant la Macronie, les relations occultes avec McKinsey, la gestion de la crise sanitaire déplorable, ainsi que l'immigration et l'islam, pourtant piliers du RN, a dilué son message. En renonçant à des fondamentaux comme le rôle de l'UE, l'opposition au « wokisme », à la politique « expansionniste » d'Israël, ou à l'escalade d'engagements guerriers avec la Russie. Il s'est ajouté à cela, en 2025, le refus de censurer le gouvernement Bayrou à l'occasion de la loi de finances 2025, comportant 60 milliards d'impôts supplémentaires pour les classes moyennes, la base électorale du RN. Ce refus est intervenu après que, trois mois plus tôt, le RN ait censuré le gouvernement Barnier pour une loi de finances imposant 30 milliards d'impôts supplémentaires, soit moitié moins. Cette loi de finances 2025, adoptée grâce à la consigne de Le Pen de ne pas voter la motion de censure déposée par LFI, illustre une convergence d'intérêts avec le système, au détriment des Français.
C'est parce que cette collusion est devenue évidente, même pour les électeurs « purs et durs » du RN, que Marine Le Pen est l'alliée en chef de la prétendue opposition d'extrême droite ; que c'est de la poudre aux yeux, quand elle clame que « le Rassemblement National est le premier parti d'opposition en France ». Les « spin doctors », spécialistes de la communication, devant la montée de la désillusion et la prise de conscience des Français de la situation ( 67 % estiment qu'aucune personnalité politique actuelle n'incarne un futur positif pour la France), n'avait d'autres solutions que de considérer l'usage de la technique éprouvée de la victimisation ; afin de détourner l'attention des réels problèmes qui risquent d'enrayer la mécanique habituelle. Souvenez-vous la montée dans l'opinion publique aux États-Unis de Donald Trump après la tentative d'assassinat dont il fut l'objet. Une campagne médiatique de victimisation politique et judiciaire de Marine Le Pen présentait de nombreux avantages.
En communiquant de manière biaisée sa condamnation du 31 mars 2025 – 4 ans de prison (dont 2 ferme), 100 000 euros d'amende, et cinq ans d'inéligibilité pour détournement de fonds publics – comme la cible d'une « dictature des juges ». Ce narratif, amplifiée par un tapage médiatique en France, serait sans nul doute soutenu par ceux que les médias classifient à l'extrême droite avec comme objectif affiché de redonner un semblant d'air au président et à son gouvernement. À l'étranger, de Viktor Orban (« Je suis Marine »), à Matteo Salvini (« justice politisée »), en passant par le Kremlin (« violation des normes démocratiques »), et Donald Trump Jr. (« chasse aux sorcières »), ils répondirent présent au rendez-vous. En France, Eric Ciotti évoque une « cabale judiciaire », et à Hénin-Beaumont, les électeurs crient à l'injustice. Cette victimisation est d'autant plus efficace que Le Pen peut pointer une inégalité de traitement : François Bayrou, relaxé en 2024 pour des faits similaires, a échappé à toute sanction, alimentant les accusations d'une justice à deux vitesses. La loi Sapin II, imposant l'inéligibilité automatique, renforce cette perception d'un acharnement ciblé, même si elle s'applique à tous les élus condamnés pour détournement.
Cette « mascarade » vise à réhabiliter Le Pen dans le statut d'opposante qu'elle revendique frauduleusement, pour entretenir l'illusion d'une pluralité politique exigée par les Français pour croire en la démocratie. Elle ramène le RN au nombre de voix requis pour atteindre le second tour en 2027, où il s'y sabordera (jamais deux sans trois selon le dicton), permettant l'élection du successeur choisi par le système. L'appel de la condamnation, prévu pour l'été 2026, comporte toutefois des risques : si la peine est confirmée, le RN pourrait se retrouver sans candidat viable, précipitant une crise interne. Jordan Bardella, réticent à un « plan B », pourrait affronter une guerre des chefs, fragilisant le parti.
Cette tartuferie politique prolonge celle de Jean-Marie Le Pen, qui, avec des phrases comme « Je crois en la hiérarchie des races » ou « Les chambres à gaz sont un détail de l'Histoire », s'était sabordé pour contribuer à la victoire des candidats du système. Marine Le Pen, dans cette séance d'auto-flagellation publique, n'a qu'un seul « fait d'armes » manquant pour rendre visible, même aux plus aveugles, sa soumission aux ficelles du système : une conversion spectaculaire, mais gageons qu'elle ira jusqu'au bout si cela sert ses commanditaires.
Pardonnez-moi de le répéter, car on ne le fera jamais assez : ce que l'école et les médias nous vendent comme une démocratie est en réalité une convergence d'intérêts politiques servant des intérêts privés contraires à ceux de la France et des Français. Le RN de Le Pen, LFI de Mélenchon, la Macronie, et les « traîtres » de droite et de gauche (comme Rachida Dati les a nommés) mènent le pays vers un avenir obscur, pour ne pas dire dans le mur, délibérément. Depuis des décennies, les Français croient à une pluralité politique qui n'est qu'un théâtre d'ombres.
Retrouvez-moi dans mes prochains éditos pour décrypter cette comédie politique.