03/10/2024 lesakerfrancophone.fr  9min #257779

 L'Iran exécute remarquablement la promesse de représailles contre l'entité sioniste

L'Iran n'a attaqué Israël que lorsque les États-Unis ont rejeté sa position modérée

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Par  Moon of Alabama - Le 2 octobre 2024

Hier, un barrage massif de missiles balistiques iraniens a frappé Israël. Cette attaque est intervenue après l'échec de plusieurs mois d'efforts sérieux de l'Iran (Prof. Jeffrey Sachs: Israeli Extremists Prevail ) pour améliorer ses relations avec les États-Unis. Israël a réussi à saboter ces efforts au détriment de son allié américain.

Pour comprendre ce qui s'est passé et, surtout, pourquoi cette attaque a été lancée aujourd'hui, il faut revenir en arrière.

Le 20 mai 2024, Ebrahim Raisi, alors président de l'Iran, est décédé  dans un accident d'hélicoptère.

De nouvelles élections ont été organisées en Iran et, à la surprise générale, Masoud Pezeshkian, un modéré, l'a emporté avec une majorité décente. Pezeshkian est un spécialiste de la chirurgie cardiaque qui n'a aucune expérience en matière de politique étrangère. Il avait fait campagne sur le rétablissement des liens avec l'Occident, la levée des sanctions contre l'Iran et une politique généralement plus libérale.

Le 30 juillet :

Ismail Haniyeh, le chef politique du Hamas, est assassiné avec son garde du corps personnel dans la capitale iranienne, Téhéran, dans une attaque supposément israélienne. Haniyeh a été tué dans son logement dans une maison d'hôtes gérée par l'armée après avoir assisté à la cérémonie d'investiture du président iranien Masoud Pezeshkian.

L'assassinat de Haniyeh est une atteinte majeure à la souveraineté de la République islamique d'Iran. Il s'agit également d'une offense personnelle à la présidence de Masoud Pezeshkian.

Le guide suprême de l'Iran, l'ayatollah Khomeini, et la direction du Corps des gardiens de la révolution iranienne (IRGC) ont demandé des représailles. Mais le nouveau président a continué à défendre l'idée de ne pas riposter et de chercher un compromis par le biais de négociations. À l'époque, il espérait toujours que les États-Unis organiseraient un cessez-le-feu à Gaza et voulait éviter que l'Iran soit tenu pour responsable de l'échec de ces négociations.

Le président Pezeshkian a poursuivi sur la voie de la modération. Le 23 septembre, lors de sa participation à l'Assemblée générale des Nations unies à New York,  il a de nouveau tendu la main à un nouvel arrangement avec les États-Unis sur le programme nucléaire iranien :

Le président iranien Masoud Pezeshkian a souligné lundi son ouverture à un nouvel accord international sur le programme nucléaire de son pays - un sujet qui alimente les tensions mondiales depuis des années, au risque d'une guerre potentiellement catastrophique entre l'Iran et les États-Unis.

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Interrogé sur la reprise des négociations nucléaires, M. Pezeshkian a déclaré par l'intermédiaire d'un traducteur : « J'espère que nous pourrons parvenir à un accord ».

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Il a déclaré que l'Iran avait respecté sa part de l'accord nucléaire contrairement aux États-Unis - une évaluation que la plupart des experts extérieurs partagent, bien qu'il existe des préoccupations de longue date quant au respect de l'accord par l'Iran - et a souligné que les diplomates américains répétaient sans cesse qu'un accord de cessez-le-feu à Gaza, susceptible de stimuler la stabilité dans tout le Moyen-Orient, n'était plus qu'à une semaine de distance.

En Iran, cette approche modérée était perçue avec méfiance :

Le manque de confiance affecte particulièrement le calcul du guide suprême de l'Iran, l'ayatollah Ali Khamenei, a-t-il poursuivi, reconnaissant tacitement que Khamenei, qui n'est pas élu, a le dernier mot sur les politiques de l'Iran.

Son Éminence dit : « Ils disent une chose, ils en font une autre », a déclaré Pezeshkian. En août, Khamenei lui a donné un feu vert prudent pour négocier avec les États-Unis. Un autre centre de pouvoir dans le pays - les Gardiens de la révolution - est extrêmement méfiant à l'égard de tels pourparlers.

Quatre jours plus tard, des frappes aériennes israéliennes tuaient Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah et l'un des principaux architectes de l'axe de résistance dirigé par l'Iran. Plusieurs autres dirigeants du Hezbollah ainsi que le commandant adjoint du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), le général Abbas Nilforoushan, ont également été tués lors de la frappe.

Pezeshkian a noté avec amertume que l'ordre du Premier ministre israélien Netanyahou de tuer Nasrallah  avait été donné depuis New York :

Le président iranien Masoud Pezeshkian a déclaré que la communauté internationale n'oubliera pas que l'ordre d'Israël d'assassiner le secrétaire général du mouvement de résistance libanais Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, a été donné depuis New York.

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Dans un message de condoléances samedi, Pezeshkian a déclaré que les États-Unis ne pouvaient s'exonérer de leur complicité avec les sionistes dans l'attaque terroriste contre le chef du Hezbollah.

L'assassinat de Nasrallah a démontré que la politique de modération de Pezeshkian avait échoué.

A son retour à Téhéran,  le ton de Pezeshkian avait changé :

Le président iranien Masoud Pezeshkian déclare que le monde doit savoir que le sang de Sayyed Hassan Nasrallah et de ses compagnons continuera à bouillir et à se transformer en un rempart contre la tyrannie et l'oppression.

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S'adressant à une session du cabinet dimanche, Pezeshkian a déclaré qu'il était impératif pour Téhéran de donner une réponse « décisive » au régime criminel d'Israël.

Les plans de représailles de l'Iran contre Israël nécessitent une coordination avec ses alliés. Le lundi 30 septembre,  le premier ministre russe, Mikhail Mishustin, s'est rendu à Téhéran pour des discussions prévues de longue date sur la coopération économique :

Le président iranien Masoud Pezeshkian déclare que la mise en œuvre de projets cruciaux entre l'Iran et la Russie produira une énorme capacité à contrer les cruelles sanctions occidentales contre les deux pays.

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Dans ses remarques, le président iranien a averti qu'Israël intensifie les tensions avec le soutien direct des États-Unis afin de préparer le terrain pour accroître la présence des États-Unis dans la région.

Cela constitue une « menace commune pour les intérêts des pays et des nations de la région », a-t-il déclaré.

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Le premier ministre russe s'est dit préoccupé par l'escalade des tensions dans la région et a déclaré que les États-Unis soutenaient la montée des conflits dans différentes parties du monde dans le but de garantir leurs propres intérêts.

C'est pourquoi, a-t-il souligné, les pays indépendants comme l'Iran et la Russie devraient accélérer leur coopération pour contrer de telles mesures.

Moscou a donc probablement été informée des frappes contre Israël. La Chine a également  été rassurée et informée :

Le président iranien Masoud Pezeshkian a déclaré que l'amitié traditionnelle entre les nations iranienne et chinoise avait évolué vers des relations « profondes, stables et stratégiques ».

« J'exprime mon désir de travailler aux côtés de Votre Excellence pour développer davantage les relations globales entre l'Iran et la Chine », a déclaré le président Pezeshkian dans son message au président Xi Jinping, rédigé à l'occasion du 75e anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine (RPC).

Quelques heures plus tard, après le départ de Mishustin, le corps des gardiens de la révolution iranienne a lancé une volée de quelque 250 missiles balistiques 𝕏 en direction d'Israël :

Chef d'état-major des forces armées iraniennes :

Parmi nos cibles figuraient les trois principales bases aériennes d'Israël, le QG terroriste du Mossad, les sites radars et les sites de rassemblement de véhicules blindés autour de la bande de Gaza, responsables du génocide à Gaza.

La défense antimissile israélienne « Dôme de fer » n'a pas été en mesure d'intercepter un nombre significatif de missiles iraniens.

Elijah J. Magnier 🇪🇺 @ejmalrai - 𝕏 17:06 UTC - Oct 1, 2024

Plus de 250 missiles balistiques iraniens ont touché #Israël. De nombreux bâtiments en Israël sont endommagés. La possibilité d'une guerre régionale s'accroît. On s'attend à ce que les Israéliens ripostent et à ce que l'Iran riposte aux ripostes....

𝕏 Des vidéos vérifiées montrent des dizaines d'impacts de missiles iraniens contre des cibles en Israël. Plusieurs frappes ont touché le quartier général du Mossad à Tel Aviv. Une plate-forme gazière située sur la côte d'Ashkelon aurait également été touchée. 𝕏 Cette vidéo montre qu'elle est en feu.

D'autres cibles ont  également été détruites :

Un tir massif de missiles balistiques iraniens sur des cibles en Israël, lancé le 1er octobre, a visé la base aérienne de Nevatim, parmi d'autres cibles clés dans le pays. Cette base accueille les deux escadrons de chasseurs de cinquième génération F-35 de l'armée de l'air israélienne, et devait auparavant accueillir un troisième escadron de ces chasseurs après leur livraison. Les médias iraniens ont indiqué que l'installation avait été « complètement détruite » lors de l'attaque. Des images en provenance d'Israël ont confirmé l'impact de dizaines de missiles balistiques que le réseau de défense aérienne israélien n'a pas réussi à abattre. Parmi les cibles touchées, le siège de l'agence de renseignement Mossad, situé à Tel-Aviv, a été rasé par l'attaque.

Fait remarquable, aucune victime civile n'a été signalée.

Israël et l'Iran ont proféré des menaces et des contre-menaces d'escalade.

Mais le plus important sera la position qu'adoptera le gouvernement américain.

Se joindre à Israël dans une guerre ouverte contre l'Iran, ce que  Netanyahou veut depuis un certain temps, enliserait les États-Unis dans une nouvelle guerre ingagnable au Moyen-Orient qui nuirait à leurs intérêts pendant des années.

Cela donnerait le temps à la Chine et à la Russie d'étendre leur coalition multilatérale au détriment de la suprématie américaine.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

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