par Djamel Labidi
Le spectacle de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques ne cesse d'alimenter polémiques et controverses. C'est le cas en France mais aussi dans le monde entier.
En France, l'épiscopat français qui n'a pourtant pas l'habitude de se mêler des «choses profanes», a dénoncé «l'outrance et la provocation» de certains passages d'une cérémonie qui «a malheureusement inclus des scènes de dérision et de moquerie du christianisme». Le Vatican s'est dit «attristé». En Égypte, El Azhar, principale autorité religieuse musulmane, a condamné dans un communiqué «les scènes d'irrespect envers le Christ» et «de promotion de l'homosexualité». Younan Hano, archevêque syriaque catholique de Mossoul, a dénoncé une «insulte à la religion mais aussi à l'humanité». Elon Musk a parlé de spectacle «extrêmement irrespectueux envers les chrétiens». L'ex-président Donald Trump l'a qualifié de «honte». Le président Erdogan a condamné «l'immoralité commise contre le monde chrétien». Le président Poutine lui s'est contenté de dire laconiquement «heureusement que je n'y étais pas invité».
Un spectacle borderline
C'est sans précédent pour une cérémonie censée traditionnellement célébrer l'olympisme, c'est-à-dire, à travers le sport, la concorde et la paix. C'est dire que le sujet n'est pas anecdotique. On ne peut le réduire à une affaire banale de scandales de mœurs, à un simple spectacle borderline, osé et choquant pour «les esprits conservateurs» ? Il faut donc aller plus au fond des choses. Il faut peut-être prendre au sérieux ce spectacle, en le considérant comme un spectacle qui parle, qui en dit long sur la société qu'il déshabille et qu'il exhibe. Ce sera beaucoup plus intéressant qu'un discours moralisant, ou fait de considérations morales même si celles-ci ont évidemment leur importance.
Il est en soi significatif que la question des mœurs, ou plus exactement des «nouvelles mœurs», et de la tolérance à leur égard, ait pris autant de place dans le spectacle : Drag-queen, LGBT, homosexualité, couples du même genre etc.
Une homosexualité assumée
Ce qui est ainsi exprimé dans le spectacle reflète une réalité sociale. Il faut noter la présence de plus en plus dans les cercles du pouvoir occidental de personnes assumant au grand jour leur homosexualité. En France, c'est le cas du premier ministre, Gabriel Attal, et de son ministre des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné. Ils s'étaient d'ailleurs officiellement unis dans un mariage régi par le PACS («pacte civil de solidarité»). Sa prédécesseure, Elisabeth Borne, est réputée, elle aussi, selon la presse française, homosexuelle, ce qu'elle dément, mais, bizarrement, mollement. D'autres membres du «gouvernement Attal» ont révélé leur homosexualité : la secrétaire d'État chargée de la jeunesse et du service national Sarah El Haïry, qui a dévoilé aussi son union avec une femme. Le ministre du travail Olivier Dussopt ainsi que le ministre du Commerce extérieur, Frank Riester, auparavant ministre de la Culture. Il faut alors se souvenir de l'énorme scandale politique qui avait marqué le début du mandat du président Macron, celui de ses relations controversées avec son garde du corps Alexandre Benalla (1). Aux dernières nouvelles, la première ministre proposée par le Nouveau Front populaire (NFP), Lucie Castets, a déclaré, elle aussi, son homosexualité.
Ce phénomène de société existe largement dans tout l'Occident. Ce sont d'ailleurs les États-Unis, qui ont les premiers légalisé le mariage homosexuel avant d'être suivi par l'Occident tout entier. Le président Joe Biden a même, de plus, le 13 décembre 2022, promulgué une loi interdisant à la Cour suprême de remettre en cause le mariage entre personnes du même genre. L'administration Biden compte un nombre important de responsables homosexuels : Pete Buttigieg, secrétaire aux Transports et ex-candidat à l'investiture démocrate aux élections présidentielles, Ned Price, porte-parole du département d'État, Karine Jean-Pierre, la première secrétaire de presse de la Maison-Blanche noire et ouvertement gay, l'amirale Rachel Levine, secrétaire adjointe à la Santé au ministère de la Santé et des Services sociaux des États-Unis, etc.
On peut citer aussi, en Australie, Penny Wong, sénatrice et ministre des Affaires étrangères. En 2017, Leo Varadkar est devenu, le premier ministre gay d'Irlande. En Islande, la Première ministre Johanna Sigurdardottir a épousé sa compagne. Au Royaume-Uni la population «LGBT» est estimé à 2,5% de l'ensemble de la population mais 45 députés de la chambre des communes se définissent eux-mêmes homosexuels, soit près de 7% de la chambre des communes.
La liste risque donc d'être longue et fastidieuse et transformer cet article en une sorte de recensement des homosexuels au pouvoir en Occident. Tel n'est ni notre intention, ni notre propos. Il est surtout de s'interroger sur un phénomène de sur-représentativité homosexuelle dans les organes de pouvoir politique en Occident et sa signification. On a donc ainsi une question qui, de sexuel s'est transformé en question politique. Il ne faut pas alors s'étonner qu'elle envahisse un spectacle comme celui des jeux olympiques, particulièrement en France où cette sur-représentativité est actuellement manifeste.
Les minorités et le pouvoir
Le groupe des homosexuels est une minorité très réduite voire infime de la population. Il représente en moyenne 2 à 3% de la population occidentale, d'autres statistiques disent 1%. Il faut bien le distinguer des «LGBT», car, autrement, ce serait une extension abusive. (2)
La question de la minorité homosexuelle pose celle plus générale des minorités et de leur rapport avec la démocratie. Le respect des droits des minorités, de diffèrent ordre, ethniques, nationales religieuses, économiques représente une dimension essentielle de la démocratie. Mais lorsqu'une minorité domine, il s'agit tout simplement de dictature. Ceci explique la réaction très forte au spectacle, d'une grande partie de l'opinion, comme celui du soupçon qu'une minorité, ici homosexuelle, veut imposer ou diffuser sa vision du monde.
Il faut donc s'interroger sur le pourquoi de tout cela, pourquoi cela ne reste pas un problème moral ou sexuel, mais devient un problème de pouvoir ? Pourquoi brusquement la sur- représentativité de cette minorité dans les institutions de pouvoir en Occident ?
Ce problème de sur-représentativité politique mérite réflexion. Il transforme un fait social ou plus exactement sociétal en fait politique. Il transforme, projeté dans la cérémonie d'ouverture, une manifestation artistique en manifeste politique. Notre intention ici n'est pas d'apporter des réponses mais de présenter des faits, de susciter un questionnement.
Cette question de sur-représentativité politique n'est-elle pas à rapprocher, bien que sur un tout autre plan, de celle concernant les lobbies sionistes dans différents pays où ils sont mentionnés, notamment les États-Unis, en France, le Royaume-Uni. C'est un tout autre sujet certes. Mais il est relié à la question générale de ces phénomènes de sur-représentativité politique de minorités ou de groupes sociaux qui s'accentuent à notre époque, et qui pose un problème sérieux de démocratie. Quelle est leur signification ? N'est-on pas en face, à travers elle, d'un des aspects de la crise générale de la démocratie et de sa prise en main et sa confiscation par des minorités de différente nature, économique (par exemple les oligarchies), ou construites et organisées autour d'autres paramètres, d'identité sexuelle, culturelle et cultuelle (3), religieuse et ethnique ? Cette lecture, à travers l'influence ou le pouvoir de minorités agissantes pourrait être fructueuse. Mais elle demande une plus vaste recherche.
Le clivage mondial sur la question de l'homosexualité
Mais poursuivons. Les dictatures de minorités s'emboitent. Ainsi, sous cette lecture que nous faisons, l'Occident peut être, à son tour, vu, globalement, comme une minorité dans le monde. La cérémonie d'ouverture des jeux est purement occidentale comme l'est d'ailleurs la domination sur le CIO.
Autre dimension et autre question intéressante, le clivage s'est approfondi sur ces questions entre l'Occident et l'autre partie, celle la plus grande, du monde. S'agit-il simplement d'un différend, avec d'un côté la «civilisation», la tolérance, le respect des droits de l'homme, et de l'autre côté le «conservatisme» le «totalitarisme» ou «l'autoritarisme». II faut noter que ce clivage sur les questions sexuelles et leur prolongement social interfère, se croise, avec tous les autres clivages. Citons pêlemêle la question de l'hégémonie occidentale, les questions économiques, l'Ukraine, la Palestine etc. Ce serait une question intéressante à explorer. C'est à un point où le positionnement sur la question des «LGBT» est devenu un critère de l'adhésion à l'Union européenne ou de l'appartenance au monde occidental. L'Ukraine et Israël ont tenu ostensiblement à marquer leur différence avec le monde non occidental sur cette question en organisant des défilés gays, des gay pride. Mais comique de situation, en Ukraine la population n'était probablement pas encore préparée, puisque le défilé a été obligé rapidement de se disperser sous la menace des spectateurs. Tandis qu'en Israël, aussi, le défilé s'est heurté à une opposition violente des milieux traditionnalistes. Ils n'étaient probablement pas encore assez civilisés.
Il reste cependant que ce discours peut influer des groupes sociaux homosexuels marginalisés ou réprimés dans le monde non occidental. Cette tolérance envers leur identité sexuelle est évidemment pour eux très séduisante. Se posant comme modèle, comme refuge, l'Occident peut, alors, du même coup, y trouver des défenseurs de l'occidentalisme, notamment à des postes influents. Il va de soi que c'est là un cheval de Troie efficace de la pénétration occidentale. C'est le cas notamment dans les pays arabes où l'homosexualité est fortement réprimée. On peut soupçonner aussi beaucoup de groupes de l'opposition russe d'être surdéterminés par leur sentiment de persécution en tant qu'homosexuels.
Questions sociales et questions sociétales
Il est notable que c'est la question de l'homosexualité, qu'elle soit féminine ou masculine, qui structure toutes les questions sociétales en Occident : PACS, «mariage pour tous», procréation médicalement assistée (PAM).
Est-ce que les questions de l'homosexualité se sont à ce point banalisées, normalisées, qu'elles ne choquent plus l'opinion, «Chacun est libre de faire ce qu'il veut, entend-on alors souvent, et (pour un ministre par exemple) l'essentiel est qu'il fasse son travail». Est-ce parce que ces questions ne sont plus un enjeu, ou est-ce que, bien au contraire, il ne s'agit au fond que d'apparences, et que ces questions donnent lieu à des clivages d'autant plus intenses qu'ils ne disent pas leur nom, qu'ils se déroulent de façon feutrée, et qu'ils accumulent une réprobation morale et sociale, qui finira par éclater d'autant plus fortement qu'elle a été réprimée. Il faut en effet noter, en contre point de la tolérance affichée, que la loi est venue réprimer, dans bien des pays occidentaux, les comportements dits homophobes et obliger beaucoup à observer le silence sur ces questions ou bien à utiliser d'autres façons d'exprimer leur opposition à ce sujet. Ces lois ont d'ailleurs été adoptées, (coïncidence ?), au moment où l'influence du courant LGBT s'est accrue sur les centres de décision.
Il faut alors noter ici que la tolérance occidentale est bien plus grande envers les questions sociétales qu'envers les questions sociales. Sur les questions sociales et celles relatives au maintien de l'hégémonie occidentale sur le monde, la répression peut être impitoyable et d'une cruauté extrême : répression du mouvement des «Gilets jaunes» en France, des minorités noires, mexicaines, aux États-Unis, génocide de Gaza, guerres en Irak, en Lybie en Afghanistan.
Il est alors clair que les questions sociétales ne représentent pas les mêmes enjeux et un danger pour le système existant. Elles présentent même l'avantage de mieux gérer les contradictions à l'intérieur des sociétés occidentales en s'appuyant sur des questions certes réelles, mais en les rendant principales, en les essentialisant en quelque sorte, et en détournant l'énergie réformiste ou révolutionnaire sociale vers ces sujets de société. Ceci a commencé graduellement depuis des décennies : c'est ainsi, par exemple, que le grand mouvement des années 68 de contestation sociale s'est transformé en révolution sexuelle, que l'immense mouvement aux États-Unis contre la guerre du Vietnam et le racisme anti noir s'est adouci et éteint dans le mouvement hippie. Qu'adviendra-t-il actuellement des mouvements équivalents contre la guerre à Gaza ou l'oppression des migrants ?
C'est peut-être là le secret de l'avortement régulier des mouvements sociaux en Occident : il est dans l'interchangeabilité des élites de droite et de gauche dirigeantes entre elles. Elles peuvent passer de droite à gauche et de gauche à droite. La France en est un bon exemple : les présidents Mitterrand, Hollande, Macron, les Premiers ministres Attal, Elisabeth Borne qui commencent à gauche, finissent à droite ou inversement. Il y a un occidentalisme de gauche comme il y a un occidentalisme de droite.
François Mitterrand, président de la gauche unie, a bénéficié du plein soutien de Pierre Berger, un richissime homme d'affaires, à l'homosexualité assumée, et mécène du mouvement gay français. C'est de cette période que date l'accession de personnalités homosexuelles à des postes de pouvoir : Jacques Lang, ministre de la Culture, Delanoë, maire de Paris etc..
Les élites de gauche, notamment des classes moyennes en Occident se laissent souvent séduire par les réformes sociétales, et oublient largement celles sociales. Ce fut le cas du président Hollande travers le «mariage pour tous» au moment où il enterrait tous les projets d'avancée sociale, et aussi où il s'attaquait au Mali et où il projetait de faire la guerre à la Syrie.
De même aux États-Unis ou la compassion pour les questions sociétales tranche avec la cruauté dans la répression chronique du mouvement noir, de l'émigration mexicaine et des luttes de libération des peuples.
La conjonction des élites de gauche et de droite, leur brassage, ne traduit-elle pas, chez elles une plus grande sensibilité partagée sur les questions sociétales, plutôt que sur les questions sociales ou aux luttes nationales des autres peuples
La raison de ces confusions ou de ses convergences, entre les élites de droite et de gauche, est probablement qu'elles présentent beaucoup de porosité réciproque, et de points communs : elles ont souvent reçu la même éducation, fréquentent les mêmes universités et grandes écoles, elles participent en général des mêmes préjugés de mission historique de l'Occident concernant les droits de l'homme et des libertés. Il y a, ancrée dans ces élites, l'idée commune que la tolérance qui règne dans les pays occidentaux sur les questions sociétales, sur l'identité sexuelle, traduit l'appartenance à une «civilisation», à des pays «où on est libre, et où on peut faire ce qu'on veut».
C'était d'ailleurs l'intention essentielle revendiquée par Thomas Joy le directeur artistique du spectacle d'ouverture des Jeux olympiques, mettre en spectacle la tolérance et la diversité. Thomas Joy est lui-même homosexuel, en couple avec un homme. Ce n'est évidemment pas une coïncidence. Il serait intéressant d'ailleurs de savoir qui l'a choisi ou si cela a été une procédure d'appel à projet. Bref, Thomas Joy défend sa chapelle, sa vision, et le spectacle mis en scène devient donc, tout simplement, la propagande d'un mode de vie. Mais peut-on en faire la promotion, et celle de son milieu, en utilisant une manifestation planétaire ? Il y a, en fait, posée là une question de démocratie, de respect des autres, de responsabilité, bref, elle aussi, de tolérance.
Il est, alors, stupéfiant de constater que les mêmes qui se prévalent du principe magnifique de la tolérance se déchainent contre un bout de tissu ou une robe qui s'appelle «hidjab» ou «abaya», et qu'ils en font une question politique majeure, comme l'a fait le Premier ministre Attal, qui plaide pour la tolérance envers l'homosexualité, et n'a d'autre mot que l'interdiction, ou la répression, y compris dans les écoles, quand il s'agit de signes vestimentaires soupçonnés d'islamisme. Tout ceci relativise bien les choses concernant les grandes déclarations sur les droits humains et les diversités culturelles. Le discours sur les libertés n'est en fait qu'un discours libertaire. Il révèle même une incohérence générale, quasi délirante et assez inquiétante du discours occidental sur la tolérance.
Mais s'agit-il bien de l'art dans ce spectacle ?
Osons maintenant quelques ingérences dans le domaine de l'art à propos du spectacle.
Les promoteurs de ce spectacle, ont voulu apparemment mettre à profit les Jeux olympiques pour «envoyer un message au monde». Ils le disent eux-mêmes. Un message sur quoi ? Sur la tolérance sexuelle ? Et ils ont voulu le faire à travers un certain exhibitionnisme d'expressions et de poses sexuelles. S'agit-il de confiner l'art à l'expression sexuelle, même si c'est celle de la différence et de la tolérance. L'art n'est-il pas au contraire la sublimation des instincts sexuels. Ici, on sert ces instincts directement, et même sous un aspect cannibale à travers un corps nu offert à l'appétit dans une Cène, la scène du dernier repas de Jésus-Christ avec les apôtres, transformée en bacchanale. Ce n'est même plus un discours au deuxième degré, ce n'est même plus de la suggestion ? C'est bien peu d'imagination, de créativité.
On a finalement, proposée un monde, l'image fausse d'une France, immense lupanar, ce qui vient confirmer un cliché vendue aux touristes : «la France de l'amour et du sexe» et le premier pays de tourisme. Le spectacle n'aurait-il été qu'un dépliant touristique ? Mais, par contre, quel message a-t-on voulu donner du sport. Rien.
On a voulu faire croire à l'opinion, à travers ce spectacle, qu'elle était à l'avant-garde de de la tolérance, de l'art, de la «civilisation» et du monde. En fait, on lui a servi une vision qui au contraire, s'est répétée travers l'Histoire, de façon morne et toujours stérile, aux moments de décadence et de nihilisme, à chaque crise profonde des sociétés.
Le même président Macron, qui applaudit à ce spectacle, se proposait d'envoyer des troupes en Ukraine au risque de plonger le monde dans une guerre mondiale. Ce danger de nihilisme ne cesse d'inquiéter. On craint de se trouver en face d'élites qui n'ont plus le sens du bien et du mal et qui, comme dans ce spectacle, peuvent faire sauter la planète en se trémoussant, et en hurlant de plaisir jusqu'à la fin.
L'art est au contraire courageux, audacieux, à l'avant-garde, dans la défense des causes justes, dans la dénonciation des souffrances des peuples. N'y aurait-il pas pu avoir des tableaux contre la course aux armements contre le danger de la guerre nucléaire, contre les génocides, contre les guerres ?
Où on regrette Picasso
«Panem et circenses» («du pain et des jeux»), la phrase méprisante de l'aristocratie romaine envers le peuple, revient du fond de l'Histoire. Le plaisir des sens remplace artistiquement le sens de la vie. Le diable concurrence le Bon Dieu. La perte du sens du bien et du mal, fait perdre aussi le sens de la survie et de la vie humaine. Elle érode les capacités morales. «Après moi le déluge» semble être devenu le mot d'ordre des élites mondialistes qui traitent souvent la question de la guerre et de la paix avec une désinvolture stupéfiante. À Gaza on tue les enfants par milliers, sans qu'à Paris cela ne freine le goût effréné de la fête et du plaisir.
De ce point de vue, il ne faut donc pas s'étonner que les grands mouvements pour la paix des années 80, qui s'étaient opposés au déploiement des missiles américains en Europe, aient disparus. Plus inquiétants, ce sont des pacifistes de cette époque comme le chancelier allemand actuel, Olaf Sholz, qui réclament l'installation de missiles nucléaires sur son territoire. C'est le gouvernement qu'il préside qui procède au réarmement et fournit des armes aussi bien à Israël qu'au pouvoir ukrainien. Le réarmement de l'Allemagne aurait été impensable dans les années 70 malgré la propagande, pourtant intense alors, sur la menace soviétique. Que se passe-t-il ? Pourquoi aujourd'hui est-il possible ? Pourquoi des pays qui ont tant souffert du militarisme allemand le demandent à présent, eux-mêmes ? En 1949, Picasso dessinait la colombe de la paix pour le Congrès mondial des partisans de la paix. En 1936, aux jeux olympiques de Berlin, en plein régime nazi, on avait lâché des colombes, comme cela se faisait dans la Grèce antique et c'est de tradition dans les Jeux olympiques. Aujourd'hui, à Paris, on n'y pense même plus.