28/07/2024 legrandsoir.info  5min #253622

 Carnage d'enfants dans le village de Majdal Shams (territoire syrien annexé par Israël)

Les dirigeants druzes libanais critiquent l'« exploitation » par Israël des victimes de Majdel Shams

L'Orient Le Jour

« La tragédie de Majdel Shams n'a rien à voir avec la résistance » a rétorqué le cheikh chiite jaafarite Ahmad Kabalan.

Tout en exprimant leurs condoléances pour les victimes de l'attaque samedi contre le village druze de Majdel Shams, sur le plateau du Golan annexé par Israël, qui a tué 12 enfants et en a blessé des dizaines d'autres, les dirigeants de la communauté druze du Liban ont répondu d'une même voix en critiquant Israël pour ce qu'ils considèrent comme une exploitation de la tragédie pour servir ses propres intérêts.

L'armée israélienne a indiqué qu'un terrain de football dans le village arabe druze de Majdel Shams avait été touché par une roquette fabriquée en Iran et portant une ogive de 50 kilogrammes, accusant le Hezbollah d'être à l'origine de l'attaque. Celui-ci a toutefois nié toute responsabilité dans l'incident. Les autorités locales au Golan ont précisé que les victimes étaient âgées de 10 à 16 ans.

"Inacceptable" pour Joumblatt

Le leader druze Walid Joumblatt, ancien chef du Parti socialiste progressiste (PSP), a réagi samedi à "l'incident tragique de Majdel Shams" dans une déclaration où il a vivement critiqué Israël. "Viser des civils est inacceptable et condamnable, que ce soit en Palestine occupée, dans le Golan occupé ou au Liban-Sud", a-t-il écrit.

"L'histoire et l'actualité de l'ennemi israélien sont riches en massacres qu'il a commis et continue de commettre contre les civils", a poursuivi M. Joumblatt, appelant à éviter "tout dérapage". Il a également appelé à "empêcher la guerre de s'étendre et à mettre fin immédiatement à l'agression et aux attaques" israéliennes contre le Liban-Sud.

Prenant note de la déclaration du Hezbollah qui nie toute implication dans l'incident meurtrier de Majdel Shams, M. Joumblatt a souligné qu'Israël "cherche depuis longtemps à déclencher des conflits et à fragmenter la région".

Le député Wael Abou Faour, membre du PSP, a condamné l'incident dimanche, accusant Israël d'hypocrisie. "L'État d'occupation israélien pleure les enfants martyrs du Golan syrien occupé - c'est le comble de l'obscénité et de l'hypocrisie", a-t-il déclaré. Il a reproché à Israël d'occuper le territoire depuis des années, de refuser les droits fondamentaux à son peuple et de l'utiliser comme un pion dans sa stratégie globale. « Aujourd'hui, ils les pleurent pour semer la discorde entre eux et leurs frères arabes et islamiques, tandis que le criminel de guerre (le Premier ministre israélien Benjamin) Netanyahu veut utiliser la tragédie du Golan pour annuler toute négociation et poursuivre sa guerre agressive contre le peuple palestinien, après cette comédie honteuse au Congrès", a-t-il ajouté, faisant référence au discours de Netanyahou au Congrès américain mercredi, où il a reçu un accueil enthousiaste.

S'adressant directement à la population éplorée de Majdel Shams, le cheikh Abou Youssef Amine al-Sayegh, chef spirituel au sein de la communauté druze au Liban, a exhorté la communauté à rester fidèle à ses valeurs et à ne pas se laisser influencer par les tentatives d'exploitation de cet événement tragique pour créer des divisions internes.

Cheikh Sayegh a souligné l'unité du peuple druze et a mis en garde contre les efforts visant à créer des divisions. "La communauté druze a toujours été un pilier de l'arabisme, à l'avant-garde de la défense des causes arabes", a-t-il déclaré.

Talal Arslane, chef du Parti démocratique libanais, le deuxième parti druze le plus populaire au Liban, a également dénoncé l'incident comme une tentative ratée de séparer le Golan syrien de ses liens géographiques et familiaux naturels, et de son identité arabe syrienne. "Le Golan ne tombera pas dans le piège du projet israélien visant à prétendre protéger les minorités pour protéger ses frontières artificielles", a-t-il affirmé. Il a réitéré le rejet par la communauté des actions d'Israël, réaffirmant son engagement à résister jusqu'à la libération totale des terres occupées.

Les coups de fil de Ali el-Khatib

Ces prises de position de la part des différentes autorités druzes du Liban ont été accueillies avec satisfaction dans la communauté chiite. Le cheikh Ali el-Khatib, président du Conseil supérieur chiite (CSC) a appelé tour à tour dimanche le cheikh Akl druze, cheikh Sami Abi el-Mona, ainsi que MM Joumblatt et Arslane, afin de rendre hommage à "leurs prises de position courageuses et patriotiques à l'encontre de la tuerie de Majdel Shams".

Ces positions "sont un signe de maturité et de profonde connaissance des intentions de l'ennemi israélien, qui veut élargir la guerre avec le Liban à tout prix", a martelé cheikh Khatib dans un communiqué. Selon lui, "la résistance ne vise jamais les villages arabes et les citoyens qui restent attachés à leur identité arabe et syrienne".

Même son de cloche chez le cheikh Ahmad Kabalan, mufti jaafarite, qui a adressé dimanche un message à la communauté druze. "La tragédie de Majdel Shams n'a rien à voir avec la résistance, c'est clair.... Le récit israélien des événements de Majdel Shams est celui d'un tueur qui tente d'effacer ses crimes avec des larmes", a-t-il assené. Selon lui, "personne n'a payé le prix de la libération du Golan et de la Palestine autant que la résistance".

S'adressant à Tel-Aviv avec des menaces à peine voilées, cheikh Kabalan a assuré que "l'envie d'une bataille historique est sans limite, et les barrages de roquettes lourdes qui pourraient inonder Tel-Aviv et les villes israéliennes de destruction et de feu sont prêts". "Tout pari insensé fera l'objet d'une riposte écrasante, atteignant les villes et les infrastructures israéliennes, fermant facilement la Méditerranée et d'autres artères vitales", a-t-il affirmé.

En 1981, Israël a annexé unilatéralement le plateau du Golan. Malgré les objections internationales, notamment de la Syrie, et plusieurs résolutions des Nations unies condamnant l'annexion, Israël a maintenu son contrôle sur le plateau du Golan, justifiant sa décision par les menaces qui pèsent sur sa sécurité et l'instabilité de la région.

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