par Mikhail Gamandiy-Egorov
Dans le cadre des événements contemporains à l'échelle mondiale, le camp des nostalgiques de l'unipolarité - conformément à sa posture d'hystérie et de rage largement grandissante, continue à miser sur les options visant à limiter encore plus la liberté d'expression - aussi bien dans le petit espace occidental qu'il contrôle, que dans l'idéal (pour lui) à une échelle plus large. Face à cela, il est aujourd'hui probablement impératif pour les partisans de la multipolarité de se préparer à des mesures de rétorsion efficaces et sur le long-terme.
Au moment où s'éloigne de plus en plus l'option d'un ordre multipolaire inclusif, qui inclurait le petit espace occidental au sein de l'ordre international contemporain, et que la multipolarité post-occidentale apparait de plus en plus comme une nécessité et une prochaine étape pour l'humanité, il est peut-être également grand temps à lancer le débat sur la manière de contrer la propagande qui émane de l'extrême minorité planétaire à travers des mesures supplémentaires et efficaces.
Il est vrai que les processus de rétorsion sont déjà en cours - cela avait déjà été abordé récemment par Observateur Continental. Néanmoins, il devient aujourd'hui assez évident qu'à l'heure actuelle il est nécessaire de ne pas s'arrêter en si bon chemin. En ce sens d'ailleurs, les décisions courageuses de plusieurs pays africains, y compris membres de l'Alliance des États du Sahel (AES), devraient certainement inspirer d'autres grandes régions de la majorité non-occidentale.
Cela est d'autant plus nécessaire que face à la rage des régimes occidentaux, des nostalgiques de l'unipolarité et de leurs lobbys respectifs - après avoir déjà interdit plusieurs médias non-occidentaux, notamment russes, dans le petit espace occidental - les éléments concernés s'acharnent sur les autres grands médias issus de la majorité non-occidentale, et dont la ligne éditoriale déplait si fortement aux représentants de l'évidente minorité planétaire. Parmi les médias dans le viseur des haineux révisionnistes occidentaux - des médias chinois, iraniens, latino-américains et africains.
En parlant justement du continent africain - tout récemment la chaîne de télévision panafricaine Afrique Média - très populaire et suivie en Afrique comme au sein de la diaspora africaine - s'est vue supprimée sa page sur Facebook, appartenant au groupe étasunien Meta. Pour information, la page comptait plus d'un million d'abonnés. Confirmant une fois de plus l'absence de liberté d'expression au sein d'instruments à la solde de l'establishment otano-occidental, mais aussi et peut-être surtout le désespoir de ces derniers. Etant incapables de détruire la popularité d'un grand média continental et international - la censure, une fois de plus, reste pratiquement le seul instrument à la disponibilité de la minorité planétaire. Les campagnes de diffamation, de pressions politico-diplomatiques et de tentatives de soudoiement - n'ayant toutes rien apporté à leurs instigateurs.
S'il n'y a aucun doute que la direction d'Afrique Média prendra les mesures efficaces nécessaires et continuera sur sa lancée panafricaine et pro-multipolaire, il n'en demeure pas moins que la majorité mondiale doit dès à présent réfléchir à des mesures de rétorsion supplémentaires, et certainement radicales vis-à-vis de l'arrogant petit monde occidental et de sa propagande agressive. Surtout au moment où les acteurs et éléments néocolonialistes ne cachent plus leur désir de miser sur la désinformation et une nouvelle colonisation.
Aussi et en termes de perspectives à venir, il est intéressant de se pencher sur la posture que devrait adopter à terme le réseau social qui continue son impressionnante montée en puissance à l'échelle globale - Telegram. À ce titre, la récente interview du journaliste américain Tucker Carlson avec Pavel Dourov - créateur et propriétaire de Telegram est particulièrement intéressante.
Si dans l'interview en question - Dourov, l'un des grands génies russes du high-tech, apporte beaucoup d'informations intéressantes, le point peut-être particulièrement intéressant concerne sa vision vis-à-vis de la liberté d'expression et du respect de la vie privée des utilisateurs de sa plateforme. En résumé - Pavel Dourov considère que Telegram doit rester ouvert à toutes les opinions, aussi différentes soient-elles. En d'autres termes - aux partisans comme aux ennemis de l'ordre multipolaire international contemporain.
D'un côté, cela fait partie des valeurs certainement justes lorsqu'il s'agit de parler de liberté d'expression, dans sa composante la plus réelle. Néanmoins et connaissant les agissements de la minorité mondiale et des nostalgiques de l'unipolarité - cette approche pourra-t-elle être appliquée sur le long-terme ? Rien n'est moins sûr. D'autant plus que Telegram lui-même fait aujourd'hui partie des cibles privilégiées des régimes et des multinationales de l'Occident. Et que face à cela, Pavel Dourov, peut-être, devrait réfléchir dans un avenir plus ou moins proche, possiblement beaucoup plus proche que lointain, à prendre lui aussi des mesures vis-à-vis de la propagande occidentale et affiliée, qui ne cache pas sa rage et sa haine vis-à-vis des partisans et des plateformes propres à l'ère multipolaire actuelle.
Oui, cela représenterait une nouvelle étape d'évolution et de mesures très nécessaires vis-à-vis de ceux qui refusent obstinément de s'adapter aux réalités contemporaines mondiales, s'accrochant jusqu'au bout dans l'objectif de faire revenir leur diktat unipolaire, raciste et néocolonial. Chaque chose en son temps.
Mikhail Gamandiy-Egorov
source : Observateur Continental