24/12/2025 francais.rt.com  3min #299851

Washington interdit de visa cinq Européens, dont l'ancien commissaire français Thierry Breton

© Capture d'écran LCI

Thierry Breton le 30 novembre 2025. [Photo d'illustration]

Les États-Unis ont sanctionné cinq personnalités européennes, dont Thierry Breton, pour leur rôle dans la régulation du numérique. Washington dénonce une «censure» extraterritoriale via le Digital Services Act (DSA), tandis que Paris et l'intéressé fustigent un «vent de maccarthysme».

L'annonce, le 23 décembre, par le département d'État, d'évincer cinq personnalités européennes de l'obtention de visa, dont l'ancien commissaire européen français Thierry Breton, vise des acteurs qui se disent engagés contre la désinformation et la haine en ligne. Cette mesure exacerbe les tensions transatlantiques sur la souveraineté digitale, alors que l'administration Trump affirme vouloir contrer une menace pour la liberté d'expression.

Les sanctions interdisent l'entrée sur le territoire américain à Thierry Breton, ancien commissaire européen au Marché intérieur (2019-2024), et à quatre représentants d'ONG : Imran Ahmed (Center for Countering Digital Hate, Royaume-Uni), Clare Melford (Global Disinformation Index, Royaume-Uni), Anna-Lena von Hodenberg et Josephine Ballon (HateAid, Allemagne).

Le secrétaire d'État Marco Rubio a  justifié ces mesures sur X, accusant ces « idéologues européens » de contraindre les plateformes américaines à « sanctionner les opinions américaines ». Il dénonce un « complexe industriel mondial de la censure », ciblant particulièrement le Digital Services Act (DSA), loi européenne adoptée à l'unanimité par les 27 États membres et par 90 % du Parlement européen pour réguler les contenus illégaux en ligne.

Chasse aux sorcières contre la tech européenne ou l'arroseur arrosé ?

Thierry Breton, artisan clé du DSA et  devenu hostile à Washington depuis la victoire de Donald Trump, a réagi  vivement sur X : « Un vent de maccarthysme souffle-t-il à nouveau ? », en référence à la persécution anticommuniste des années 1950. Il rappelle que le DSA n'a « aucune portée extraterritoriale » et ne vise pas les États-Unis, mais protège les utilisateurs européens. Le commissaire européen avait cependant  été largement critiqué lors du vote du DSA, perçu comme une manière de brider la liberté d'expression en ligne en Europe.

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a  dénoncé « avec la plus grande fermeté » cette restriction de visa, affirmant que « les peuples de l'Europe sont libres et souverains ». Benjamin Haddad, ministre délégué à l'Europe, a ajouté : « Notre État de droit, notre souveraineté ne peuvent, en aucun cas, être remis en question par des acteurs extérieurs. »

Cette offensive américaine s'inscrit dans une stratégie plus large de Donald Trump concernant la tech européenne et la liberté d'expression, qu'il estime bridée en Europe. D'un côté, l'UE défend sa régulation comme un rempart démocratique, de l'autre, les États-Unis y voient une ingérence liberticide.

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