05/11/2025 reseauinternational.net  9min #295416

Un ancien ministre britannique regrette publiquement d'avoir servi la propagande sioniste

En Grande Bretagne comme dans d'autres pays occidentaux, quand un crime sioniste a un certain retentissement médiatique, le gouvernement, par la voix du ministère des Affaires étrangères, appelle les autorités sionistes à enquêter sur les circonstances du drame afin d'établir les responsabilités.

Que l'enquête soit menée ou pas ne change rien à l'affaire car dans le meilleur des cas le pouvoir sioniste annonce avoir identifié un responsable et l'avoir sanctionné, la sanction relevant plus de la justice-fiction que d'autre chose. Le cas de loin le plus fréquent cependant est que les autorités sionistes affirment que leurs forces armées ont agi en état de légitime défense ou contre des individus armés voire que leur victime reconnue inoffensive avait été tuée accidentellement. Ou encore qu'elle servait volontairement ou non de bouclier humain à des combattants palestiniens.

C'est cette dernière version qui avait été avancée «après enquête» par le pouvoir sioniste au sujet de la mort de  Razan al-Najjar tuée le 1er juin 2018 par un sniper de la Haganah alors qu'ele portait secours à un blessé.

Razan al-Najjar.

La version sioniste a été contredite depuis par une enquête de l'ONU sans provoquer de réaction particulière dans les chancelleries.

Aujourd'hui, alors que les tueries et destructions à Gaza depuis octobre 2023 se poursuivent à un rythme il est vrai moins soutenu, le contexte a bien changé par rapport à 2018. Aujourd'hui, le visage hideux du sionisme rendu présentable à coups de rappels mémoriels sur les crimes nazis, l'antisémitisme d'hier et d'aujourd'hui et par les VRP chargés à titre gracieux ou onéreux de vendre la seule démocratie du Proche-Orient ou la pointe avancée de la civilisation occidentale, apparaît dans sa vérité crue : un projet et une idéologie suprémacistes et génocidaires.

C'est ce changement de contexte qui amène certaines personnes ayant exercé d'importantes responsabilités politiques à faire leur lea culpa et à dire regretter d'avoir fait confiance à la parole du régime sioniste.

Tel est le cas d'Alistair Burt ancien ministre des Affaires étrangères britannique en charge du Moyen-Orient et l'Afrique du Nord de 2017 à 2019 qui reconnaît avoir eu tort de ne pas avoir qualifié la mort de Razan Al-Najjar de crime de guerre et d'avoir même mis en cause la responsabilité des Palestiniens eux-mêmes.

C'est un peu tard me direz-vous mais mieux vaut tard que jamais et les regrets mortifiés d'Alistair Burt sont un signe parmi d'autres que l'image de l'entité sioniste a été profondément altérée par deux années de tueries et de destructions et que l'heure des comptes sonnera pour les criminels. Tôt ou tard.

Mounadil al Djazaïri

*

Un ancien ministre présente des excuses extraordinaires pour avoir fait confiance à Israël concernant le meurtre de «l'ange de la miséricorde» de la Palestine

par Simon Walters

Alistair Burt admet qu'il «aurait dû être plus direct» dans sa dénonciation d'Israël concernant la mort d'une ambulancière âgée de 21 ans, abattue près de la frontière entre Israël et Gaza alors qu'elle se précipitait au secours d'un blessé.

Un ancien ministre conservateur a accusé le gouvernement de  Benjamin Netanyahou d'avoir «assassiné» une jeune secouriste palestinienne - surnommée «l'ange de la miséricorde» - opérant un revirement extraordinaire, après avoir auparavant refusé de critiquer Israël suite à ce décès.

 Alistair Burt a également accusé  Israël de mener de pseudo enquêtes sur sa mort et celle d'autres Palestiniens impliquant les  forces de défense israéliennes (FDI) dans le but de «dissimuler des meurtres».

Burt, qui a été ministre chargé du Moyen-Orient dans le gouvernement conservateur de Theresa May, affirme que lui et son gouvernement ont eu tort de ne pas «dénoncer» Israël suite à la mort de l'ambulancière Razan al-Najjar, 21 ans, lors des manifestations palestiniennes à la frontière de Gaza avec Israël en 2018.

Elle avait été  mortellement blessée par balle alors qu'elle portait secours à un manifestant blessé, provoquant l'indignation internationale et une célébrité posthume pour la charismatique Najjar.

Une enquête des Nations unies a conclu à l'existence de «motifs raisonnables» de croire qu'elle avait été abattue délibérément par les Forces de défense israéliennes (FDI).

Lorsque l'incident s'était produit, Burt, alors ministre des Affaires étrangères chargé du Moyen-Orient, avait refusé de critiquer Israël, se contentant de l'exhorter à enquêter sur l'affaire.

De plus, il avait pointé du doigt les Palestiniens, affirmant que «des éléments extrémistes avaient exploité les manifestations à des fins violentes».

Cependant, dans une confession publique remarquable, Burt déclare aujourd'hui regretter sa réaction «peu reluisante», affirmant être désormais certain que Najjar a été «clairement ciblée et assassinée» par Israël.

Il a ajouté que les promesses israéliennes d'«enquêter» sur ce meurtre et d'autres de ce genre étaient fallacieuses, et que lui et le gouvernement britannique avaient eu tort de faire confiance aux démentis israéliens.

Interrogé sur les raisons pour lesquelles il n'avait pas condamné les actions d'Israël lors de la mort de Najjar, Burt, visiblement affecté, a déclaré : «Je sais exactement ce que j'ai fait. Je sais pourquoi je l'ai fait. Et c'est terrible».

Il a poursuivi : «J'y ai beaucoup réfléchi. Le souvenir le plus marquant que j'en garde est celui de la jeune ambulancière Razan al-Najjar, abattue. Elle a clairement été ciblée et assassinée par les Israéliens».

Burt a déclaré que lui et le gouvernement britannique avaient commis une grave erreur en prenant au mot l'administration Netanyahou lorsqu'elle avait affirmé qu'elle enquêterait et assumerait sa responsabilité si elle constatait que Tsahal était responsable de la mort de Najjar.

Ce n'était absolument pas son intention, affirme-t-il. Cette enquête, ainsi que d'autres enquêtes officielles promises, se sont avérées «vaines», voire pire, un simple stratagème cynique pour dissimuler la vérité.

«Nous nous sommes fiés à la réponse israélienne selon laquelle ils connaissent tous les détails de chaque tir effectué par Tsahal. Je soupçonnais alors - et cela s'est confirmé depuis - que ces enquêtes étaient en réalité inutiles et servaient de couverture aux Israéliens pour ces meurtres et les dissimulations qui en découlent».

«Le Royaume-Uni et moi-même aurions dû dénoncer cela avec plus de fermeté».

Les propos de Burt interviennent dans un contexte d'une autre controverse en Israël concernant la divulgation d'images vidéo qui  montreraient des soldats de Tsahal pratiquant la torture au camp israélien de détention pour prisonniers palestinien de Sde Teiman.

Le revirement de Burt est révélé dans un nouveau livre sur le rôle de la Grande-Bretagne dans les événements entourant le conflit israélo-gazaoui [le régime sioniste ne fait pas la guerre qu'à Gaza mais à l'ensemble de la Palestine, NdT], écrit par le journaliste et auteur Peter Oborne et intitulé «Complices : le rôle de la Grande-Bretagne dans la destruction de Gaza».

Les propos francs de Burt, et en particulier le récit saisissant de son «triste» souvenir d'avoir fait confiance à tort au gouvernement Netanyahou concernant la mort de Najjar et d'autres Palestiniens, seront perçus par les critiques d'Israël comme un signe supplémentaire du recul de l'influence internationale de cet État suite au conflit de Gaza.

Une enquête interne menée par Tsahal sur la mort de Najjar en 2018 avait conclu qu'elle n'avait pas été visée intentionnellement.

L'armée israélienne avait été accusée de mener une campagne diffamatoire après la diffusion d'un film prétendant montrer que, lors d'une interview télévisée, Najjar avait admis être un «bouclier humain».

Un porte-parole de Tsahal avait déclaré qu'elle n'était «pas l'ange de la miséricorde dépeint par la propagande du Hamas dépeint».

Il s'est avéré par la suite que la vidéo avait été manipulée : Najjar avait déclaré qu'elle était un «bouclier humain pour protéger les blessés». Les mots «pour protéger les blessés» avaient été supprimés.

L'ambassadeur d'Israël au Royaume-Uni au moment des faits avait mis en doute lque Najjar était vraiment une soignante et déclaré que sa mort était une preuve supplémentaire de la brutalité du Hamas.

Avant sa mort, Najjar était devenue une icône parmi les Palestiniens, des photos d'elle circulant sur les réseaux sociaux la montrant coiffée de foulards colorés, le visage marqué d'une expression déterminée.

Razan icône du peuple palestinien.

Au moment de sa mort, elle portait une tunique blanche et avait les mains au-dessus de la tête, un geste reconnu par tous les participants au conflit comme signalant qu'il s'agissait d'un personnel soignant qui ne devait pas être pris pour cible.

L'enquête menée par la Commission des Droits de l'Homme des Nations unies (CDHNU) sur sa mort a conclu qu'elle était clairement identifiée comme infirmière et qu'elle «ne représentait pas une menace pour la vie ou l'intégrité physique des soldats israéliens lorsqu'elle a été abattue».

La CHDNU «a trouvé des motifs raisonnables de croire que des tireurs d'élite israéliens ont intentionnellement tiré sur des personnels de santé alors qu'ils étaient clairement identifiés comme tels».

Dans une interview accordée au New York Times un mois avant sa mort, Najjar avait évoqué son rôle de femme secouriste bénévole.

Elle avait déclaré : «Être secouriste n'est pas seulement un métier d'homme. C'est aussi un métier pour les femmes. Nous avons un seul objectif : sauver des vies et évacuer les personnes. Et envoyer un message au monde entier : sans armes, nous pouvons tout faire».

Son décès en juin 2018 est survenu peu de temps avant qu'elle et son fiancé Izzat Shatat n'annoncent leurs fiançailles à la fin du Ramadan.

Des milliers de Gazaouis ont assisté à ses funérailles. Le corps de Najjar était enveloppé dans un drapeau palestinien. Son père portait sa blouse médicale tachée de sang.

Burt a cité un autre meurtre présumé commis par Tsahal, lorsqu'un soldat israélien a tiré une grenade lacrymogène au visage d'un manifestant palestinien, Mustafa al-Tamimi, en Cisjordanie occupée par Israël en 2011.

Burt a déclaré : «Nous avons demandé une enquête. On m'a promis une réponse. Rien. Je ne me souviens d'aucune réponse».

Le journal The Independent a contacté l'armée israélienne pour obtenir ses commentaires.

source :  The Independent via  Mounadil Al Djazaïri

 reseauinternational.net