Par Moon of Alabama - Le 22 juillet 2025
Vendredi dernier, j'ai rapporté une dispute entre le régime Zelenski d'un côté et certains oligarques et organisations non gouvernementales alignées sur les États-Unis de l'autre côté.
Une intense opération d'information a été lancée pour destituer le (ancien) président ukrainien Vladimir Zelenski de ses fonctions. Derrière cela se cache une cabale de personnalités de l'opposition ukrainienne en coordination avec les médias occidentaux et certaines parties de l'administration Trump.La campagne actuelle fait suite à une précédente campagne dirigée contre le principal conseiller de Zelenski et chef du bureau du président, Andrei Yermak.
Des articles dans les médias occidentaux avaient attaqué le régime Zelenski en l'accusant de chercher à contrôler les institutions indépendantes de lutte contre la corruption qui avaient été créées après le coup d'État de Maidan. Une enquête anticorruption avait récemment été ouverte sur certaines personnes proches de Zelenski lui-même.
Explication :
Dans la plupart des pays, on trouvera une construction judiciaire verticale sous la forme d'enquêtes criminelles menées par la police, de procureurs dirigeant la police tout en construisant des poursuites judiciaires contre les auteurs et d'une hiérarchie de tribunaux pour juger de ceux-ci.
Après le coup d'État dirigé par les États-Unis à Maidan en 2014, le gouvernement américain, sous la forme du vice-président de l'époque, Joe Biden, a entrepris de prendre le contrôle total de l'Ukraine.
Il a insisté pour créer une deuxième structure juridique complètement distincte axée uniquement sur la corruption en Ukraine.
Le Bureau National de lutte contre la Corruption (NABU) enquête sur les cas de corruption, en particulier des hauts fonctionnaires. Le Bureau du Procureur spécialisé dans la Lutte contre la Corruption (SAPO) rassemble les affaires pour les porter devant les tribunaux. La Haute Cour anticorruption d'Ukraine les juge.
La structure a été conçue pour être indépendante du gouvernement et de l'État ukrainiens. Un Conseil spécial de surveillance civile - et non le Parlement - en a nominalement le contrôle. Mais le contrôle effectif venait toujours de l'ambassade des États-Unis à Kiev, en utilisant les diverses ONG et médias anticorruption qu'elle finançait en Ukraine.
En 2020, la Cour constitutionnelle d'Ukraine a jugé qu'une grande partie de la réforme anticorruption de 2014 en Ukraine et la nouvelle structure qui en découlait étaient inconstitutionnelles. Cela a conduit à une crise constitutionnelle qui n'est toujours pas résolue.
Au fil du temps, la structure anticorruption s'est avérée aussi corrompue que les politiciens et les hauts fonctionnaires qu'elle était censée garder sous contrôle.
Fin de l'explication
L'opposition à Zelenski utilisait le complexe anticorruption, les ONG et les médias attachés pour maintenir une certaine pression sur le gouvernement.
L'attaque de relations publiques de la semaine dernière par l'opposition contre Zelenski, via le Financial Times et d'autres médias, était censée lui apporter le soutien des gouvernements américain et européen. Cependant, tout au long du week-end, aucun soutien occidental sous forme de déclarations publiques, etc., n'a été reçu.
Le régime Zelenski a interprété cela comme un feu vert pour démanteler la dernière institution en Ukraine qui n'est pas sous son contrôle direct.
Lundi, il a lancé son assaut tous azimuts :
Les institutions indépendantes ukrainiennes de lutte contre la corruption ont connu un lundi difficile.Le Bureau du Procureur général, le Service de sécurité ukrainien (SBU) et le Bureau d'enquête de l'État ont effectué au moins 70 perquisitions dans des locaux liés au Bureau national de lutte contre la corruption (NABU), qui enquête sur la corruption au plus haut niveau.
Les enquêtes ont ciblé au moins 15 employés du NABU. La plupart des cas concernent des accidents de la circulation, tandis que certains des employés du NABU sont également accusés d'avoir des liens avec la Russie.
Le Service de sécurité a également perquisitionné le Bureau du Procureur spécial anti-corruption (SAPO), qui enquête sur la corruption.
Les perquisitions de grande envergure, qui concernent une variété d'affaires, sont considérées comme une tentative des autorités de placer des institutions indépendantes de lutte contre la corruption sous le contrôle du gouvernement.
« L'opération spéciale a tous les signes d'une tentative de démantèlement de l'infrastructure anticorruption«, a déclaré Daria Kaleniuk, directrice exécutive du Centre d'action anticorruption, au Kyiv Independent. « Nous assistons à une décennie de démantèlement des efforts de lutte contre la corruption en Ukraine. C'est un virage à 180 degrés contre l'intégration européenne. »
Le chef du Centre d'action anti-corruption, Vitaliy Shabunin, a lui-même été inculpé le 11 juillet d'évasion du service militaire et de fraude.
Aujourd'hui, le Parlement ukrainien a voté pour placer l'ensemble du complexe anticorruption « indépendant » sous le contrôle direct du gouvernement :
Le Parlement ukrainien a soutenu une décision du bureau présidentiel de Kiev de s'accorder un plus grand contrôle sur les organes indépendants de lutte contre la corruption du pays, une décision qui, selon les critiques, donnerait au cercle du président Volodymyr Zelensky plus d'influence sur les enquêtes.Les législateurs ont voté mardi en faveur d'une législation qui éliminerait de facto l'indépendance du Bureau national de lutte contre la Corruption (le NABU) et de son organisation partenaire, le Bureau du Procureur spécialisé dans la lutte contre la Corruption (le SAPO), selon quatre législateurs et fonctionnaires qui ont parlé au Financial Times lors du vote.
Le Parlement a également voté en faveur de l'accélération de la signature du président.
Le NABU et le SAPO sont désormais sous le contrôle du Procureur général qui est nommé directement par le président.
Ces pouvoirs incluent l'autorité sur le SAPO, l'accès aux dossiers et la possibilité de réaffecter ou de rediriger les enquêtes du NABU, a déclaré le NABU mardi.Plusieurs députés des partis d'opposition, dont l'ancienne Première ministre Ioulia Timochenko, se sont prononcés en faveur de la législation, selon les législateurs. Timochenko accusait les partenaires occidentaux de l'Ukraine d'essayer de contrôler Kiev en utilisant le NABU et le SAPO.
L'attaque contre les organisations anticorruption (accusations et perquisitions le lundi, nouvelle loi les démantelant le mardi) par le régime Zelenski visait à surprendre ceux qui pourraient avoir intérêt à maintenir certaines institutions indépendantes en Ukraine. Il est maintenant trop tard pour s'y opposer.
Cela empêche également le NABU et le SAPO d'enquêter sur des affaires de corruption contre les hommes de Zelenski ainsi que contre le président lui-même.
Moon of Alabama
Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Sacre Francophone.