07/11/2025 ssofidelis.substack.com  7min #295649

Trump doit partir, et vite

Les Servantes écarlates se sont jointes hier à Refuse Fascism à Washington

Au-delà du bourbier électoral, même après la victoire de Mamdani.

Par  Paul Street, le 6 novembre 2025

Même si elle dénonce à juste titre les horreurs du "roi" Trump, la perception prévalante des libéraux et des modérés sur le régime fasciste du président américain témoigne de leur foi irrationnelle en les capacités autodestructrices de ce régime, ainsi que du mythe d'une élection susceptible de faire triompher l'humanité face au fascisme aux commandes de la nation la plus puissante et la plus dangereuse du monde.

Ce qui, en gros, revient à conseiller à celui qui fait une crise cardiaque de prendre deux aspirines et de poursuivre ses consultations de routine chez un médecin incompétent à l'article de la mort.

"Tenir bon jusqu'aux élections de mi-mandat (et même jusqu'en 2028)", tel est le conseil que nous donnent les libéraux, les modérés et de nombreux progressistes. Un conseil désastreux confirmé par les récentes victoires électorales du Parti démocrate.

Trop tard

D'abord, novembre 2026 et 2028, c'est trop loin. Le régime de Trump détruit les règles et les institutions de la société civile à une vitesse et dans une ampleur telles que nous devons refuser de nous embourber dans un cycle électoral américain aux échéances aberrantes. Les fascistes du MAGA progressent à toute allure et avec une détermination impressionnante pour balayer démocratie, décence, diversité, santé publique, contrôle des armes, État de droit, viabilité écologique, vérité et bien commun. Comme en témoigne l'appel de l'organisation Refuse Fascism à la population pour une mobilisation à Washington DC pour chasser le régime du pouvoir en novembre prochain :

"Le régime fasciste de Trump détruit l'État de droit. Il bafoue les procédures légales. Il déploie illégalement l'armée sur le sol américain. Il fait disparaître les immigrants et les personnes à la peau brune dans des camps de concentration barbares. Il ressuscite avec agressivité la suprématie blanche génocidaire. Il anéantit les acquis non seulement des années 1960, mais aussi de la guerre civile et des années de reconstruction. Il asservit les femmes, les soumettant au carcan de la maternité forcée. Il efface les minorités LGBT+ de la société. Il bafoue les droits démocratiques. Il viole le droit international, agresse et menace les politiciens et les juges. Il instaure une terreur sans limites contre le peuple. Il accélère l'effondrement climatique. Il menace de réduire les budgets consacrés à la science et à la médecine, au prix de millions de vies. Il détruit notre héritage culturel et épuise le réservoir de connaissances de l'humanité. Il détruit la vérité. Il étouffe toute forme de rationalité. Il soumet les arts aux dictats cruels et conformistes du fascisme. Il prend pour cible tout ce qui est décent, moral et juste".

Pour ne citer qu'un exemple parmi tant d'autres quant à la gravité de la situation, le New York Times a rapporté il y a deux jours que le régime de Trump

"envisage, selon plusieurs responsables américains, une série d'actions militaires au Venezuela, y compris des attaques directes contre les troupes rapprochées du président Nicolás Maduro, et la prise de contrôle des zones pétrolières du pays".

Autre exemple : le régime a requis l'aval de sa Cour suprême, docile et à la botte de Trump, pour légitimer l'occupation militaire américaine de Chicago et de toutes les autres villes que Trump souhaite investir. Le régime a renoncé à ses précédents arguments statutaires et "constitutionnels" en faveur du déploiement de troupes nationales, et soutient désormais que le pouvoir judiciaire n'a pas le pouvoir d'empêcher le déploiement de troupes américaines dans toute ville ou localité que Trump souhaite terroriser avec les forces armées. S'il n'obtient pas gain de cause auprès de la Haute Cour, il pourrait invoquer la loi sur l'insurrection du XIX^e siècle pour "justifier" la répression militaire des villes démocrates à majorité non blanche.

"Nous ne pouvons pas revivre le scénario de 2020"

Ensuite, le pouvoir en place manipule le système électoral américain de multiples façons et n'a pas l'intention de se laisser détrôner par les urnes. Il le dit ouvertement. M. Trump a récemment déclaré :

"Nous ne pouvons en aucun cas lrevivre le scénario de 2020" et que "tout le monde y veille",

notamment le directeur du FBI, Kash Patel, et la directrice du renseignement national, Tulsi Gabbard. Autrement dit, pas question de perdre une élection majeure et de tolérer ou d'accepter les résultats qui déplairaient au roi.

La manipulation des votes par les républicains fascistes est déjà en cours et prend actuellement trois formes distinctes : un découpage électoral résolument raciste, le remplacement des postes de supervision des bureaux de vote par des partisans pro-MAGA qui refusent d'accepter les résultats électoraux, et des manœuvres de dissuasion qui pourraient rapidement se traduire par la présence de troupes dans les villes dirigées par le Parti démocrate.

"L'opposition inauthentique"

Enfin, l'autre grand parti, les Démocrates, financés par les lobbies et décrits à juste titre par Sheldon Wolin comme "l'opposition inauthentique", ne sont ni disposés ni aptes à lutter efficacement contre le fascisme. Même lorsqu'il accède à des fonctions clés, le Parti démocrate a maintes fois prouvé que son allégeance fondamentale au capitalisme et à l'impérialisme entrave toute mobilisation et toute démarche courageuse au service des électeurs, conditions sine qua non de la défaite des fascistes républicains.

Mardi

La victoire électorale des Démocrates à New York, en Virginie, dans le New Jersey et en Californie, il y a deux jours, vient-elle contredire cette approche ? Pas vraiment. L'élection d'un démocrate progressiste, Zohran Mamdani, à la mairie de New York, et celle de deux démocrates plus traditionnels, Abigail Spanberger en Virginie et Mikie Sherrill dans le New Jersey, ne semble pas suffisante pour bloquer l'avancée implacable et fulgurante du rouleau compresseur Trump MAGA et de son programme fasciste multi-facettes. Le soutien des électeurs californiens à une mesure visant à redécouper les circonscriptions électorales de leur État en faveur du Parti démocrate peut difficilement être comparé à cette offensive républicaine fasciste contre des élections libres et équitables.

Pour aggraver les choses, la victoire des Démocrates mardi dernier a renforcé l'adhésion aveugle de nombreux Américains dévoués à un calendrier électoral chaotique, alors que Trump et son administration poursuivent leur course effrénée, portant des coups potentiellement irréversibles pour l'avenir du pays.

Néanmoins, les élections de mardi ont montré à quel point la haine de Trump et de son clan a gagné du terrain. Cette haine est parfaitement saine ! Elle doit cependant se concentrer sur la destitution de Trump, bien avant les élections de mi-mandat de 2026, sans parler des élections présidentielles de 2028. Les récentes élections peuvent peut-être insuffler l'énergie et l'élan nécessaires à une mobilisation d'envergure pour détrôner le régime au plus vite.

Ce n'est pas que parce qu'il est fasciste qu'il doit s'en aller

La nécessité d'une stratégie de destitution rapide a été magistralement illustrée par la vaste mobilisation et la marche organisées hier à Washington DC par Refuse Fascism (RF). Les militants de RF resteront dans la capitale nationale tout le mois, voire plus, déterminés à mobiliser des millions de personnes, ici et dans tout le pays, pour mettre fin à la présidence de Trump avant l'irréparable, et qu'il ne soit trop tard pour le déloger du pouvoir.

Les Servantes écarlates se sont jointes hier à Refuse Fascism à Washington

Nul besoin de souscrire à la thèse de RF selon laquelle le régime Trump serait fasciste pour adhérer à la revendication fondamentale et simple : "Il est temps que Trump s'en aille". Tous ceux qui souhaitent la destitution de la clique dérangée du MAGA doivent adhérer à cet appel. Il suffit de prendre conscience de l'autoritarisme, du racisme, des dérives militaristes, de l'écocide, de catastrophes sanitaires, de la corruption et des agissements nuisibles du régime MAGA pour adhérer à cette revendication et agir en conséquence.

Traduit par  Spirit of Free Speech

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