22/05/2024 mondialisation.ca  6min #249043

 Mort du président iranien Raïssi dans un accident d'hélicoptère

Tragédie en Iran et la suite des événements

Par  Mikhail Gamandiy-Egorov

Si le décès tragique du président iranien, ainsi que de plusieurs hauts représentants de l'Iran, a indéniablement marqué les esprits, connaissant d'autant plus l'implication des personnes décédées en faveur de l'ordre multipolaire international, il n'en demeure pas moins que la République islamique saura non seulement maintenir la stabilité intérieure et le cap de la multipolarité, mais pourra également renforcer encore plus ces orientations.

La mort du président de la République islamique d'Iran Ebrahim Raïssi, ainsi que du ministre iranien des Affaires étrangères Hossein Amir-Abdollahian, du gouverneur de la province d'Azerbaïdjan de l'Est Malek Rahmati, l'imam de la prière de vendredi de Tabriz Mohammad-Ali Al-e Hashem, et d'autres membres de  la délégation présidentielle – représente un événement incontestablement douloureux aussi bien pour la nation iranienne, que pour les principaux pays amis de l'Iran, de même que pour les partisans de la multipolarité dans leur ensemble.

Le président Raïssi ainsi que la délégation qui l'accompagnait revenaient d'une cérémonie d'inauguration d'un barrage sur la rivière Aras qui avait été organisée avec le président azerbaïdjanais, Ilham Aliyev. Le général Mehdi Moussavi, chef de l'unité de protection du président, une force du Corps militaire Ansar Al-Mahdi, le pilote et son adjoint et un technicien sont tous tombés en martyr. Suite à l'annonce de la mort en martyr du président Raïssi et de son équipe, le cabinet a tenu une session d'urgence dirigée par le vice-président Mohammad Mokhber. Le gouvernement iranien affirme qu'il fonctionnera sans interruption.

Il est déjà connu que l'élection d'un nouveau président en Iran aura lieu dans un délai de 50 jours. D'ici là, le premier Vice-président Mohammad Mokhber assumera les fonctions de feu le président Ebrahim Raïssi. Le président russe Vladimir Poutine a déjà eu après la tragédie un entretien téléphonique avec Mohammad Mokhber – pour transmettre les condoléances de la Russie au peuple de l'Iran, les deux parties ayant également souligné leur engagement mutuel à poursuivre le renforcement cohérent de l'interaction globale russo-iranienne.

Du côté de la Chine, le président Xi Jinping qui  a adressé ses profondes condoléances au premier Vice-président iranien et à tout le peuple d'Iran – a par la même occasion rappelé que le gouvernement et le peuple chinois chérissent l'amitié traditionnelle entre la Chine et l'Iran, notant qu'avec les efforts conjoints des deux parties, le partenariat stratégique global sino-iranien continuerait à se consolider et à se développer.

En ce qui concerne les perspectives suite à la terrible tragédie ayant emporté plusieurs hauts représentants de la République islamique d'Iran, il convient tout d'abord de dire encore une fois qu'il s'agit sans le moindre doute – d'une grande perte aussi bien pour la nation iranienne, que pour le monde multipolaire dans son ensemble. Ebrahim Raïssi et Hossein Amir-Abdollahian ayant été, entre autres, de grands acteurs et architectes précisément de l'ordre multipolaire international et dans lequel leur pays l'Iran joue indéniablement parmi les premiers rôles.

Cela s'est d'ailleurs traduit aussi bien par un développement sans précédent de l'interaction de l'Iran avec la Chine comme la Russie, renforçant au maximum l'alliance des trois civilisations, et cela aussi bien dans le cadre bilatéral, que trilatéral et multilatéral. Une interaction de très haut niveau qui s'est également traduite par la pleine adhésion de l'Etat iranien au sein de  l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), puis au sein des  BRICS.

C'est également sous l'administration d'Ebrahim Raïssi et avec l'implication active du chef de la diplomatie Hossein Amir-Abdollahian qu'avait eu lieu la normalisation des relations entre l'Iran et l'Arabie saoudite, grâce à l'excellente médiation de la diplomatie chinoise. Un événement très important aussi bien pour le cadre régional du Moyen-Orient qu'à l'échelle mondiale – ayant mis complètement à mal de nombreux projets régionaux néfastes de Washington et de Tel-Aviv. Et qui d'ailleurs s'est d'autant plus concrétisé que Téhéran et Ryad ont rejoint ensemble et au même moment les BRICS, composés désormais de 10 Etats: Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud, Iran, Arabie saoudite, Ethiopie, Egypte et les Emirats arabes unis.

Néanmoins et malgré toute la tristesse du moment, après le départ si prématuré de très grands acteurs de la multipolarité, tout indique que l'Iran sera effectivement non seulement en pleine mesure à conserver sa stabilité et sa sécurité intérieure, tout comme son influence régionale et internationale, mais plus que cela – il y a toutes les chances que ces orientations continueront à se renforcer et à se développer.

Il faut à ce titre bien se rappeler que le Guide suprême Ali Khamenei, ainsi que le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) – maintiennent des positions plus que fortes à l'échelle nationale comme régionale, et sont d'ailleurs très loin d'être étrangers aux processus observés au cours des dernières années. Y compris et surtout dans le cadre du positionnement de l'Iran en qualité d'une des principales forces de l'ordre multipolaire international, aux côtés de la Chine et de la Russie, et d'autres partisans et défenseurs de notre ère contemporaine.

Aussi, il sera aujourd'hui primordial de rester sur les gardes, à l'heure où l'extrême minorité planétaire représentée par les régimes occidentaux, nostalgiques de l'unipolarité, attend la moindre occasion pour tenter de déstabiliser l'ordre mondial multipolaire actuel et à venir. Et cela est d'ailleurs nécessaire non seulement pour la Russie, l'Iran et la Chine – nommés officiellement comme les trois principaux adversaires de l'Occident otanesque – mais effectivement pour toutes les nations ayant adhéré à la multipolarité ou en voie de le faire. En Afrique, en Asie comme en Amérique latine. En d'autres termes – au sein de la majorité globale.

Quant à précisément l'Iran, c'est une grande civilisation et une nation forte. Parfaitement capable de faire face à des défis multiples, chose que ce pays a déjà démontré tellement de fois et dans des domaines très variés. Et les larmes de la tragédie actuelle seront sans aucun doute la voie vers de nouvelles victoires. Aussi bien pour l'Iran lui-même, que pour ses alliés et le monde multipolaire.

Mikhail Gamandiy-Egorov

La source originale de cet article est  Observateur continental

Copyright ©  Mikhail Gamandiy-Egorov,  Observateur continental, 2024

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