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Pierre Malinowski pose devant le sabre d'apparat de Napoléon Bonaparte au musée de la Guerre patriotique de 1812 de Moscou le 26 mars 2021.
«Le projet de Borodino, c'est mon rêve», a confié à RT en français Pierre Malinowski. Le président de la Fondation pour le développement des initiatives historiques franco-russes a évoqué cette nouvelle entreprise qu'il voudrait même voir devenir, «plus tard», le «projet de réconciliation» entre Paris et Moscou.
Le 1er décembre, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov qualifiait en conférence de presse ce nouveau projet d'«extraordinaire». «Tout est prêt», nous a dit Malinowski, rapportant n'attendre que le feu vert de la Russie.
Ce français de 36 ans, à la tête d'une Fondation russe, s'est notamment fait connaître pour avoir retrouvé la dépouille du général français Charles Etienne Gudin de la Sablonnière, mort en 1812, lors de la campagne russe de Napoléon, et pour l'avoir rapatriée en juillet 2021 dans l'Hexagone.
Désormais, Malinowski s'intéresse au grand choc de Borodino, qui vit le 7 septembre 1812, s'affronter, à une centaine de kilomètres de la capitale russe, la Grande armée napoléonienne et l'armée tsariste. 30 000 hommes perdirent la vie côté français, et 45 000 côté russe. Chaque camp revendiqua la victoire.
Borodino, de la guerre au symbole de paix
«On a trouvé des fosses communes avec des soldats de toutes nationalités, car toute l'Europe a attaqué la Russie; dans l'armée de Napoléon il y avait toutes les nationalités : des Suisses, des Polonais, des Français... », rapporte Malinowski, estimant que «c'est un rappel historique rès important : pour ceux qui tenteraient d'envahir la Russie, on voit comment ça se termine.»
Néanmoins, pense-t-il, «Borodino peut devenir un symbole de paix, car il rappelle que tous ces jeunes gens sont morts et que maintenant il faut les inhumer.»
Il a expliqué que toutes les fouilles seraient réalisées par l'Académie des sciences de Russie. Il ambitionne par ailleurs de réunir les descendants des généraux français et russes : les familles russes du Prince Koutouzov et du général Raïevski, celle du Prince Murat.... «Le but est d'avoir toutes les familles des grands généraux qui se retrouvent pour réaliser des fouilles et vivre ensemble», explique-t-il.
Malinowski veut aujourd'hui rappeler la mémoire militaire commune entre la France et la Russie : «Il y a deux symboles très forts, c'est le Normandie Niémen et le corps expéditionnaire, quand la Russie a envoyé 20 000 hommes en France pour nous sauver pendant la Première guerre mondiale», a souligné Malinowski, précisant que 6 000 d'entre eux perdirent la vie. «En échange, on a envoyé des pilotes au Normandie-Niemen pendant la Seconde Guerre mondiale».
Le Kremlin salue les hommages rendus par la France
Le 27 octobre dernier, la France a procédé à une cérémonie officielle d'inhumation des dépouilles de trois soldats russes du corps expéditionnaire de 1915. Celles-ci avaient été découvertes au cours d'une opération de fouilles dans la Marne.
«Il faut ici reconnaître le mérite de la partie française», a salué le 1er décembre le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov, lors de sa conférence de presse. «Malgré sa folie. Le gouvernement français a rendu hommage aux dépouilles des soldats russes», a-t-il ajouté. «Cela nous permet à tous de conserver notre humanité», a retenu Dmitri Peskov.
Pierre Malinowski a confirmé cette «reconnaissance» de la France «pour les soldats morts pour elle», mentionnant l'invitation et la prise en charge des frais par Paris de deux membres de la famille de chaque soldat inhumé.
Seule ombre au tableau, évoquée par l'ambassade de Russie en France dans un communiqué : l'absence d'invitation de représentants officiels russes à la cérémonie. La diplomatie russe a regretté «la politique russophobe des autorités françaises qui affecte aussi le domaine de la mémoire». Des progrès restent donc à faire.
«Je ferai tout pour que les deux pays soient ensemble»
Interrogé sur l'avenir des relations franco-russes, Malinowski, qui raconte aimer son pays la France et être profondément reconnaissant envers la Russie pour lui avoir confié 12 projets, affirme vouloir tout faire «pour que les deux pays soient ensemble».
«Je cherche des projets positifs. Il fallait que je trouve un point d'accroche pour rapprocher la France et la Russie», ajoute-t-il. Selon lui, «il y a la mémoire historique et le sacrifice des soldats, la mémoire est inattaquable». Insistant sur l'importance de distinguer «la politique et l'amitié des peuples», il se dit plein d'espoir en raison du grand intérêt suscité par le projet de fouilles de Borodino en France comme en Russie. Et formule le vœu qu'il «serve à réveiller les consciences des deux pays».