30/07/2025 voltairenet.org  4min #285722

 Thaïlande contre Cambodge : Guerre par procuration ou lutte de pouvoir interne ?

Plainte de la Thaïlande contre le Cambodge

par Cherdchai Chaivaivid

Je souhaite appeler de toute urgence votre attention, ainsi que celle des membres du Conseil de sécurité, sur la grave situation qui porte atteinte à la souveraineté et à l'intégrité territoriale de la Thaïlande en raison de l'agression militaire du Cambodge, comme suit :

Les 16 et 23 juillet 2025, des membres de l'armée thaïlandaise ont marché sur des mines terrestres de type PMN-2 alors qu'ils effectuaient une patrouille de routine le long d'un itinéraire établi sur le territoire thaïlandais. En conséquence, deux soldats ont subi de graves blessures entraînant une invalidité permanente, tandis que les autres ont été grièvement blessés. Toutes les mines terrestres de type PMN-2 qui ont été trouvées étaient neuves et accompagnées de marquables clairement visibles. Des éléments de preuve laissent penser que ces mines terrestres ont été posées récemment. En tant qu'État Partie à la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel, la Thaïlande soumet dûment ses rapports annuels de transparence sur la mise en œuvre des obligations découlant de la Convention, en application de l'article 7. Il est noté dans ces rapports que la Thaïlande a achevé la destruction de tous ses stocks de mines antipersonnel en 2003 et qu'elle a détruit toutes les mines conservées à des fins de formation et de recherche en 2019. À l'inverse, il est indiqué dans le dernier rapport du Cambodge qu'au 31 décembre 2024, le pays conservait toujours des mines terrestres de type PMN-2.

Le 24 juillet 2025, à 8 h 20, des soldats cambodgiens ont ouvert le feu sur une base militaire thaïlandaise à Ta Muen Thom, dans la province thaïlandaise de Surin, blessant directement deux soldats thaïlandais.

Peu après, les troupes cambodgiennes ont lancé des attaques aveugles dans quatre provinces du territoire thaïlandais : Buriram, Surin, Si Sa Ket et Ubon Ratchathani. Ces actes d'agression perpétrés aveuglément et en toute illégalité contre des civils thaïlandais ont causé de graves dommages et entraîné la perte tragique de vies civiles innocentes, notamment de femmes et d'enfants. Des infrastructures civiles, dont un hôpital et une école, ont également subi des dommages importants. Le 24 juillet 2025, à 14 heures, les attaques avaient fait 11 morts et 24 blessés, dont 8 sont dans un état critique. Plus de 102 000 habitants ont été évacués de leur domicile.

Cette série d'attaques armées non provoquées lancées par les forces armées cambodgiennes constitue une violation manifeste du paragraphe 4 de l'Article 2 de la Charte des Nations Unies et des principes de bon voisinage et de coexistence pacifique entre les États. La Thaïlande, qui a fait preuve de la plus grande retenue face aux attaques armées préméditées du Cambodge, se voit contrainte d'exercer son droit naturel de légitime défense conformément à l'Article 51 de la Charte des Nations Unies. Les mesures de légitime défense prises par la Thaïlande ont une portée strictement limitée, sont proportionnées aux menaces et visent uniquement à neutraliser le danger imminent posé par les forces armées cambodgiennes.

La Thaïlande condamne en outre fermement les attaques aveugles perpétrées par le Cambodge contre des civils, des biens civils et des installations publiques, en particulier des hôpitaux, attaques qui constituent une violation flagrante des Conventions de Genève de 1949, en particulier de l'article 18 de la première Convention de Genève (concernant les blessés et les malades ainsi que la protection des hôpitaux) et de l'article 19 de la quatrième Convention de Genève (concernant la protection des formations et établissements sanitaires). Ces actes inhumains ont causé des souffrances à des civils innocents et les ont plongés dans la détresse.

La Thaïlande reste fermement attachée au règlement pacifique des différends et rejette catégoriquement l'emploi de la force comme moyen de régler les différends internationaux. Nous demandons à la communauté internationale d'exhorter le Cambodge à cesser immédiatement ses hostilités et à reprendre le dialogue de bonne foi. La Thaïlande réaffirme également qu'elle est prête à dialoguer dans le cadre des mécanismes bilatéraux établis, notamment la Commission frontalière mixte, qui devrait se réunir au début du mois de septembre 2025, afin de régler les différends en suspens.

Compte tenu de la gravité de la situation et de l'acte d'agression flagrant commis par le Cambodge, qui constitue une violation grave du droit international, de la Charte des Nations Unies et du droit international humanitaire, je souhaite appeler votre attention sur cet acte et vous serais reconnaissant de bien vouloir faire distribuer le texte de la présente lettre aux membres du Conseil de sécurité pour qu'ils l'examinent d'urgence comme document du Conseil.

 Cherdchai Chaivaivid

Source : ONU S/2025/486

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