France-Soir
Bombardements à Gaza
AFP
Quelques semaines après la mort de plus de 100 personnes dans une distribution d'aide, un bombardement israélien a ciblé mardi des comités populaires supervisant la distribution de l'aide, faisant au moins 23 morts et plusieurs blessés. L'armée israélienne a annoncé jeudi 21 mars 2024 avoir éliminé plus de 140 personnes présumées être membres du Hamas, qui a dévoilé un bilan jamais enregistré auparavant de plus de 31 980 morts. Les négociations entre le mouvement palestinien et Tel Aviv pour une trêve à Gaza, suspendues pendant plusieurs jours, ont repris la semaine passée au Qatar, au moment où l'ONU et ses agences alertent sur une famine imminente. Les États-Unis ont annoncé avoir présenté un projet de résolution devant le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies (ONU) appelant à un "cessez-le-feu", auquel appellent, pour la première fois, les États européens.
Mardi, l'agence de presse officielle palestinienne, Wafa, a fait état de 23 décès et de plusieurs blessés dans le bombardement, par l'aviation israélienne, contre un rassemblement de citoyens dans l'enclave palestinienne. Ce raid intervenait pendant qu'une opération, lancée lundi, était menée par les soldats de Tsahal à l'hôpital Al-Chifa. Ce jeudi, Tel Aviv a affirmé avoir tué "plus de 140 personnes", présumées être membre du mouvement palestinien, le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007.
Un bilan sans précédent à Gaza
L'armée israélienne précise que plus de 50 de ces combattants ont été éliminés lors de la dernière journée de l'opération. Parmi les membres du Hamas éliminés jusque-là figure le numéro trois du mouvement, Marwan Issa, qui a été "tué lors d'une opération israélienne la semaine dernière", annonçait la Maison-Blanche le 18 mars dernier.
Le Hamas accuse l'armée israélienne d'avoir tué lors de son opération à l'hôpital Al-Chifa "des dizaines de personnes déplacées, de patients et du personnel médical". Jeudi, le nouveau bilan porte le nombre de morts depuis le 07 octobre à 31 988 personnes, en majorité des femmes et des enfants. 68 morts ont été enregistrés entre mercredi et jeudi tandis que le nombre de blessés dépasse les 74 180. Un bilan sans précédent, jamais enregistré lors des précédentes guerres entre Israël et le Hamas, ni même pendant les campagnes aériennes menées par les Occidentaux au Moyen-Orient.
Les combats au sol et les raids aériens se poursuivent tandis que les agences onusiennes alertent contre une "situation alimentaire catastrophique". La famine pourrait sévir d'ici le mois de mai en l'absence de mesures "urgentes", avertit l'OMS. "L'annonce du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire montre à quel point la situation est désastreuse pour la population de Gaza", a déclaré le Directeur général de l'OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus. "Si l'on n'autorise pas l'entrée d'un volume de nourriture bien plus important à Gaza, ce sont plus d'un million de personnes qui risquent de souffrir d'une famine catastrophique", affirme-t-il.
Chiffres à l'appui, il affirme que le taux d'enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition aiguë est passé de 0.8% avant la guerre à 16,5% en février dernier. La situation alimentaire et humanitaire était ces deux dernières semaines au cœur de la mobilisation logistique et diplomatique de la communauté internationale, qui plaidait pour l'assouplissement de l'acheminement des aides.
Reprise des pourparlers, une résolution de Washington appelle à un cessez-le-feu
L'Arabie saoudite a annoncé un don de 40 millions de dollars à l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), pour soutenir ses "efforts d'aide humanitaire dans la bande de Gaza". Ce montant est accompagné par un gain de nourriture pour plus de 250 000 personnes et de tentes destinées à 20 000 familles".
La situation à Gaza est d'autant plus inquiétante que le Premier ministre Benjamin Netanyahou persiste encore cette semaine à vouloir lancer une opération terrestre à Rafah, où se réfugient plus d'un million de Palestiniens. Pour Joe Biden, une telle offensive serait "une erreur".
Habitué jusque-là à brandir son véto contre toute résolution appelant à un cessez-le-feu, Washington a présenté un projet de résolution devant le Conseil de sécurité de l'ONU pour appeler à une trêve. L'annonce a été faite par le secrétaire d'État, Antony Blinken, sans qu'aucune date de vote n'ait été dévoilée.
Le chef de la diplomatie américaine, en tournée une nouvelle fois au Moyen-Orient, précise que cette résolution appelle également à la libération des otages, espérant "vivement" que les pays la soutiendront.
Le texte insiste sur la "nécessité d'un cessez-le-feu immédiat et durable pour protéger les civils de tous côtés, permettre la fourniture de l'aide humanitaire essentielle" et "soutient sans équivoque les efforts diplomatiques internationaux pour parvenir à un tel cessez-le-feu en lien avec la libération des otages encore détenus". Des États européens pourraient à leur tour appeler à un cessez-le-feu "durable". Le Conseil européen s'est réuni jeudi et les 27 chefs d'État et de gouvernement ont unanimement appelé à "une pause humanitaire immédiate conduisant à un cessez-le-feu durable" à Gaza. Une première en cinq mois de guerre.
Les négociations, en stand-by un laps de temps, ont repris au Qatar. Le chef du Mossad est attendu vendredi à Doha. Mardi dernier, le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, accusait Israël de "saboter" ces négociations en menant son opération contre l'hôpital al-Chifa.