Source: AFP
L'ambassadeur palestinien auprès des Nations unies, Riyad Mansour, au siège de l'ONU à New York, le 10 mai 2024 (photo d'illustration).
143 voix pour, 9 contre et 25 abstentions : tel est le résultat du vote qui s'est tenu ce 10 mai à New York, lors d'une séance plénière de l'Assemblée générale de l'ONU. Le texte, une résolution présentée par les Émirats arabes unis, «constate que l'État de Palestine remplit les conditions requises pour devenir membre» des Nations unies et stipule qu'il «devrait donc être admis» au sein de l'Organisation.
«Je me suis tenu des centaines de fois à cette tribune, souvent dans des circonstances tragiques, mais aucune comparable à ce que mon peuple vit aujourd'hui», a déclaré l'ambassadeur palestinien à l'ONU Riyad Mansour. «Je me suis tenu des centaines de fois à cette tribune, mais jamais pour un vote plus important qu'aujourd'hui, historique», a-t-il ajouté, la voix serrée par l'émotion.
Si ce vote demeure non contraignant, il renvoie toutefois le dossier d'une adhésion de la Palestine au Conseil de sécurité des Nations unies. Le 18 avril, en raison du veto des États-Unis, il avait rejeté une demande portée par l'Algérie de reconnaître la Palestine comme membre plein et entier de l'ONU.
«Vous réduisez la Charte en lambeaux, honte à vous !», fulmine l'ambassadeur israélien
Pour autant, cette résolution octroie aux Palestiniens «à titre exceptionnel et sans que cela constitue un précédent» une série de «droits et privilèges supplémentaires» à compter de la 79e session de l'Assemblée qui aura lieu en septembre. Si les Palestiniens ne pourront pas voter ni être membre du Conseil de sécurité, la résolution adoptée ce 10 mai leur permettra notamment de soumettre directement des propositions et des amendements, sans passer par un pays tiers, ou encore de siéger parmi les États membres par ordre alphabétique.
Ce vote, quasi-unanime, a provoqué l'ire d'Israël. «Cela me rend malade», a fustigé à la tribune l'ambassadeur israélien Gilad Erdan, accusant ses pairs de «donner les droits d'un État à une entité déjà partiellement contrôlée par des terroristes». «Avec ce nouveau précédent, nous pourrions voir ici des représentants de Daech ou Boko Haram siéger parmi nous», a-t-il poursuivi. «Vous réduisez la Charte en lambeaux, honte à vous !», a-t-il encore lancé, en passant dans une déchiqueteuse le texte de la charte de l'ONU.
Les États-Unis annoncent qu'ils s'opposeront de nouveau à l'adhésion de la Palestine
Premier soutien d'Israël, en guerre contre le Hamas suite à la sanglante attaque du groupe palestinien contre le sud de l'État hébreu le 7 octobre dernier, Washington a fait savoir qu'il s'opposerait à nouveau à l'adhésion de la Palestine à l'ONU. «Les efforts visant à faire avancer cette résolution ne changent rien au fait que l'Autorité palestinienne ne répond pas actuellement aux critères d'adhésion à l'ONU en vertu de la Charte des Nations unies», a déclaré dans un communiqué porte-parole de la mission américaine, Nate Evans.
Parallèlement à cette activité onusienne, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a déclaré ce 10 mai sur la radio publique espagnole que l'Espagne, l'Irlande et la Slovénie prévoyaient de reconnaître l'État palestinien le 21 mai, de façon simultanée. «Il y aura donc trois pays» européens à franchir ce pas «et probablement d'autres ensuite», a poursuivi cet ancien ministre espagnol des Affaires étrangères, en rappelant que la Belgique avait également annoncé sa volonté de reconnaître l'État palestinien.