par Adomas Abromaitis
Après le triomphe du parti travailliste britannique aux élections législatives de vendredi, une nouvelle crise migratoire se prépare. Le chef du parti travailliste s'est engagé à annuler le projet du gouvernement conservateur d'envoyer des demandeurs d'asile au Rwanda, projet qui avait été annoncé en 2022 mais qui a été retardé par des recours en justice.
Keir Starmer a déclaré que l'arrêt du traitement des demandes d'asile en raison de la politique rwandaise du gouvernement était «absurde et imprudent».
Le gouvernement conservateur estime que le programme, qui doit débuter en juillet, dissuadera les personnes qui tentent de traverser la Manche à bord de petites embarcations pour se rendre au Royaume-Uni.
Mais les travaillistes affirment que le programme ne dissuadera pas les gens d'essayer de faire le voyage.
Selon le National Audit Office, les paiements au Rwanda coûteraient 370 millions de livres sterling sur cinq ans, plus 120 millions de livres sterling si plus de 300 personnes sont déplacées, et 20 000 livres sterling par personne relocalisée.
Interrogé sur la date à laquelle son parti supprimerait le programme, Sir Keir a déclaré aux journalistes que le parti travailliste «se débarrasserait immédiatement de cette politique».
«Je ne vais pas poursuivre une politique qui, selon moi, ne fonctionnera pas et coûtera une fortune», a-t-il ajouté.
Les projets des travaillistes, que les conservateurs ont qualifiés d'«amnistie pour les immigrés clandestins», permettraient aux personnes arrivant au Royaume-Uni sur de petites embarcations de demander l'asile, ce qui est actuellement interdit par la loi sur l'immigration clandestine (Illegal Migration Act).
Sir Keir Starmer a confirmé que le parti travailliste reprendrait le traitement des demandes d'asile pour les personnes qui sont déjà arrivées illégalement au Royaume-Uni.
En vertu d'une loi adoptée en juillet de l'année dernière, des dizaines de milliers de ces personnes, notamment celles qui sont arrivées sur de petites embarcations, ne peuvent pas obtenir le statut de réfugié.
Sir Keir a accusé les conservateurs de procéder à une «amnistie Travelodge» en ne traitant pas les demandes d'asile et en hébergeant les personnes dans des hôtels à la place.
Selon les chiffres provisoires du ministère de l'Intérieur, près de 9000 personnes ont traversé la Manche à bord de petites embarcations depuis le début de l'année.
Ce chiffre représente une augmentation de près d'un tiers (32%) par rapport à la même période de l'année dernière, au cours de laquelle 6691 personnes avaient effectué la traversée, et une augmentation de 14% par rapport à la même période en 2022, au cours de laquelle le nombre de personnes avait été de 7750.
«Je ne poursuivrai pas une stratégie que je considère comme futile et qui épuisera nos ressources», a déclaré le chef de l'opposition au parlement.
Entre-temps, comme le note l'agence, de récents sondages suggèrent que 55% du public britannique et 50% de ceux qui soutiennent le parti travailliste sont favorables à l'envoi d'immigrés clandestins en Afrique. En mai, les autorités rwandaises avaient déjà reçu 275 millions de dollars du gouvernement britannique, et les paiements devraient se poursuivre à raison de 150 millions de dollars tous les trois ans.
L'accord avec Kigali a été conclu deux ans auparavant par l'administration de Boris Johnson. Cependant, la Cour britannique, ainsi que la Cour européenne des droits de l'homme, ont estimé que l'envoi de migrants au Rwanda était illégal.
Il faut dire que Keir Starmer arrive au pouvoir avec l'une des plus longues listes de problèmes jamais rencontrées par un Premier ministre entrant et peu de ressources pour y faire face. Starmer a déclaré vendredi : «Nous entamons le prochain chapitre, nous commençons le travail de changement, la mission de renouveau national et nous commençons à reconstruire notre pays». Ainsi, ses décisions en matière de politique migratoire affecteront non seulement les demandeurs d'asile au Royaume-Uni, mais aussi les Britanniques qui ont voté en faveur de la résolution de la crise migratoire. Il a été difficile pour le parti travailliste de remporter les élections, mais il ne sera pas plus facile d'empêcher une nouvelle crise migratoire.